TARTUFFES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI

by Rony Blog

TARTUFFE

Le prophète Malachie s’épanche avec amertume sur la situation abominable du sacerdoce à l’époque du Second Temple: les prêtres, maitres spirituels, se sont transformés en robots-sacrificateurs de très mauvaise qualité.
Agacé par l’attitude des ministres de D.ieu, il proteste: « Ainsi parle le Seigneur des Armées, à vous, ô pontifes, qui avilissez Son nom et qui dites: ‘En quoi avons-nous avili Ton nom’ ? ‘Vous apportez sur Mon autel un aliment souillé et vous dites: ‘En quoi t’avons-nous souillé’. » (Malachie! 1, 6-7).
Le prophète affirme ici que la Torah divine est devenue la religion du culte, elle ne reflète en rien le Projet initial, à savoir un amour du Divin au travers Son dessein pour la Création. Elle s’est transformée en une profession de foi, une façon d’agir voisine de l’impiété, un occultisme  consacré à l’obtention des grâces sidérales.
Les dévots, ou plus précisément les dévots infidèles, sont vilainement décrits dans les textes prophétiques et leur duplicité dévoilée avec félicité au travers une verve acide et probe. Ces très pieux et très rigoristes vont, par leur savoir-faire, bluffer les bigots, asservir les cœurs en y inscrivant le label de la religion.
Nous entendons ici une appréciation erronée de la religion et des prêtres qui nous renvoie  à la déchéance de leur ferveur originelle, leur démission face au crédo authentique des actes sacrés pour un héritage sans fortune et sans importance.
Certainement qu’il y a ici une absence d’honnêteté pour ceux qui enseignent la justice en Israël.
Voilà donc des prêtres coupables d’accorder parfois  des privilèges et, en conséquence de quoi, prendre nombre de décisions arbitraires.
On ne peut qu’être totalement déconcerté par cette altération.
Tout le zèle revendiqué par l’homme pieux, tout le processus de contrôle de soi est, malheureusement, trop souvent astreint à ces contraintes.
Nous faisons le procès de la grossièreté, nous témoignons que l’on ne peut simplement « hériter » d’un passé, l’ouvrage doit être revivifié à jamais. Et « le juste vivra par sa foi » (Habacuc 4:4). Les manigances religieuses se poursuivent, elles salissent voire ruinent le devenir de la foi,  ces comportements malsains évoluent depuis l’essoufflement, la négligence jusqu’au dédain et même au désaveu.
Les prêtres ne sont pas honnêtes, ils ne reconnaissent guère les conséquences de leur comportement et de leur parole pleins de faux-semblant,  ils aggravent leur trahison: « Par votre langage, la table du Seigneur devient un objet de mépris ». Vous souillez le nom de D.ieu et vous convertissez la Torah en un commerce véreux.
Ne manquons pas de rappeler que le prêtre, qu’il soit Cohen ou Lévite, est tout d’abord  un enseignant.
Avant sa mort, Moshé établit des règles inviolables quant à la vocation de la tribu de Lévi: ‘’Ils enseignent tes lois à Ya’acov et ta doctrine à Israël » (Dévarim 33, 10).
Ils  prodiguent bien sûr leur doctrine dans le Temple, mais aussi dans tout le pays. Les fonctions qu’ils occupent au Temple ne les absorbent que quelques semaines par an. Pendant l’année, ils vont de ville en ville pour instruire, pour cultiver, pour construire, pour associer le monde du travail à D.ieu et ainsi éviter qu’il se perde dans l’ordinaire platitude de l’existence quotidienne et qu’il néglige le Génie de la connaissance.
Le prêtre, et en conséquence, aujourd’hui le Rav, ont le devoir de représenter dans leur sphère intime les concepts éminents  qu’ils sont supposés inculquer: la confiance mutuelle, la protection d’autrui, l’amour sans raison, l’humilité etc…  La cérémonie effectuée au sanctuaire n’existe pas uniquement au travers du seul culte pratique, elle renferme une âme, elle s’édifie sur une connaissance intime: l’effacement de la personnalité au-devant du Créateur, l’assimilation de l’être avec  la Gloire divine.« Une doctrine de vérité se trouvait dans sa bouche, aucune iniquité ne se trouvait sur ses lèvres. « .
L’autorité s’accorde avec la Torah dans toute sa légitimité.
Sa raison et son cœur vivent pleinement la Torah, sa personne et sa pensée vibrent à l’unisson du Verbe divin. Jamais aucun phrasé  inconvenant ne filtrera  les frontières de sa gorge, sa conduite demeurera irréprochable, ses rapports sociaux éthérés : « il a cheminé devant Moi en paix et en droiture ».
Le dévouement à D.ieu ne s’exprime pas exclusivement dans les milieux réputés du dignitaire, il est nécessaire qu’il se manifeste aussi dans les relations humaines. Lorsque le public aperçoit un tel personnage, il lui est impossible de ne pas être séduit et captivé.
Avant de vénérer le prêtre ou le Rav pour ses paroles prometteuses et sa dévotion, il faut estimer son comportement envers autrui et voir si cela se traduit  par une démarche de paix, d’amour et d’abnégation absolue.
C’est alors et seulement alors que l’on appréciera le Royaume divin non pas exclusivement dans les firmaments, mais tout autant sur Terre.
Le prêtre est un érudit réfléchi, mais surtout c’est « un ange sur Terre »! Cette expression de nos maitres dit tout ! Aussi décrétèrent-ils unanimement l’interdiction d’apprendre la Torah d’un rabbin qui ne serait pas irréprochable dans ses faits et gestes.
Pour entraîner l’individu vers l’identité morale de la manière d’être Homme, le berger devra être lui-même un exemple d’intégrité. 

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