La Teshouva purifie les hommes, affine l’esprit et sait extraire le bien des actes humains ! Or cet effort de « retour » vers Dieu contient nécessairement en lui-même une certaine faiblesse à laquelle même l’homme le plus fort ne peut échapper.
Lorsque l’on fait dépendre la force de vivre du seul dégoût intérieur à l’égard du péché, la volonté de retour vers le bien, elle aussi, s’affaiblit… La purification morale est une épreuve qu’il faut donc apprendre à surmonter.
C’est pourquoi, après Kippour, nous redécouvrons les jours remplis de joies saintes en régénérant notre volonté et nos convictions en faveur d’une vie emplie de pureté et de bien-être.
C’est seulement alors que la Teshouva annoncée à Kippour se concrétise pleinement.
A Souccot, nous revenons vers la vie et ce n’est pas par hasard si la valeur numérique du mot loulav (la feuille de palmier) s’élevant à 68, est égale à celle du mot haïm (la vie).
Maïmonide explique les « quatre espèces » que l’on agite à Souccot. Elles renvoient à la gaieté et à la joie éprouvée par les Hébreux lorsqu’ils quittèrent le désert, qui fut pour eux « un lieu impropre aux semences, sans figuiers, sans vigne, ni grenadiers, ni eau à boire » (Nombres XX, 5) – pour arriver enfin dans une région où poussaient des arbres fruitiers et où coulaient des rivières.
Pour en célébrer le souvenir, on prenait le fruit le plus beau et le plus parfumé de ces lieux, l’étrog (cédrat), des feuillages et des branchages parmi les plus belles verdures à savoir les saules des rivières, le myrte et la feuille de palmier.
Ces quatre espèces se distinguaient par trois particularités: elles étaient très répandues en Terre d’Israël, de sorte que chacun pouvait se les procurer ; elles étaient d’un bel aspect et dotées d’une bonne odeur (sauf le saule) ; et elles conservent leur fraîcheur pendant une semaine, qualité que l’on ne retrouve pas pour d’autres espèces (Guide des Egarés, vol. 3, chap. 43).
Ces quatre espèces sont donc les plus belles, les plus agréables et les plus odoriférantes qu’il soit, et elles nous remplissent de joie lorsque nous avons le mérite de résider en Terre d’Israël.
Elles seu1es nous permettent de retrouver les forces de la vie et de ses joies.
L’attachement le plus profond à Dieu n’est nu1lement contradictoire avec les forces de la vie et de la nature : « Et vous qui êtes attachés à Dieu, vous êtes tous vivants aujourd’hui » (Deutéronome, N, 4). Plus on est attaché à Dieu, plus on manifeste de vitalité, et plus on se sent plein d’harmonie avec soi-même et avec la profondeur authentique de son être propre.
L’attachement à Dieu et le respect de la Tora et des commandements ne viennent pas priver les êtres humains de bonheur, en leur imposant artificiellement un mode de vie étranger. IIs n’entendent au contraire que dévoiler à l’homme la profondeur secrète de son être.
Ce n’est pas un hasard si c’est bien à propos de la fête de Souccot et des lois sur le loulav que Maïmonide fait état du fameux principe selon lequel « il faut servir Dieu dans la joie ». TI évoque ainsi en détail les joyeuses festivités qui accompagnaient la « Simhat Beit ha-Shoeva » – la joie du puisage: cette mitsva qui se déroulait dans l’enceinte du Temple atteignait en effet des sommets de réjouissances.
Or ce qui rendait cette joie encore plus unique était le fait qu’à cette occasion, ce n’était pas les ignares, mais les grands sages d’Israël, les chefs du Sanhédrin, les vieillards et les hommes de bien qui dansaient et se réjouissaient à un haut niveau spirituel.
Quant aux hommes et aux femmes du peuple, ils se rendaient au Temple pour regarder et s’émerveiller (Lois sur le loulav, Chap. VIII, alinéa 14).
Après avoir décrit cette joie si propre à Souccot, Maïmonide généralise: selon lui, il ne suffit pas seulement d’accomplir les commandements divins, il convient de le faire avec joie.
Quant au commentateur du Maïmonide, le Maguid Michné, il se demande comment il est possible de se réjouir en observant certains de nos préceptes qui sont particulièrement pénibles.
En fait, il s’agit d’une joie intérieure et beaucoup plus authentique : celle qui illumine la personne humaine lorsqu’elle fait le bien et accomplit la volonté divine.
N’est-ce pas là, en fin de compte, que réside la profonde finalité de la vie humaine?
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