Nous les avions prévenus, mon Dieu, que la France ce n’est pas Disneyland pour l’éternité, que la République n’est pas un ange-gardien sous Prozac, prêt à dégainer un « plus jamais ça » à la moindre alerte antisémite. On leur avait soufflé: « Réveillez-vous! », mais ils étaient trop occupés à comparer les notes du petit au conservatoire, ou à planifier leur prochain voyage en Toscane. Aveugles! Aveugles par bien-être et biens d’avoir, à tel point qu’ils n’ont même pas vu la meute ressusciter à deux pas de chez eux, déguisée en défenseurs des opprimés, la haine planquée sous des banderoles colorées et des slogans tout neufs. Et maintenant? Les voilà à chouiner: « Mais pourquoi nous? » Eh bien, parce que c’est toujours vous, voyons! Ça marche comme ça depuis deux mille ans, ça ne vous avait pas échappé? Vous pensiez vraiment que cette fois-ci, promis juré, on allait vous laisser tranquilles? Sérieusement? Et ils rêvent d’une cavalerie providentielle? Mais il n’y aura pas d’opération « Tapis Volant » cette fois, désolé ! Vous pensez qu’on va rappliquer avec des avions de l’Agence juive pour vous sauver de vos propres illusions? Non, ça c’était pour papa-maman en 1948. Aujourd’hui? Débrouillez-vous. Il aurait fallu saisir ces mains tendues depuis les années 80, quand on vous disait: réveille-toi, coco, la France change, ça va chauffer. Mais non, vous aviez piscine, conseil syndical, petit chablis bien frais, alors on a remis à demain. Et demain, eh bien c’est aujourd’hui, et ça pique. Alors, Adieu les Juifs de France! Faites vos valises si vous voulez, restez si vous l’osez, mais sachez qu’on ne viendra pas jouer les super-héros. Moi? Vous me demandez de pleurer? Oh non: je m’en fous, mais alors je m’en fous royalement, et avec un sourire en prime.
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