Depuis que je suis petit, je vais à contre-courant. Je n’ai jamais été du bon côté politique. Jamais je n’ai couru derrière le conformisme, jamais je n’ai avalé la soupe du mainstream. Je me suis toujours tenu loin de la cohorte des bœufs humains et je n’ai jamais bêlé avec les moutons à la pensée atrophiée. Depuis mes quatorze ans, je suis en révolte, et je le reste, contre ces beaufs, ces connards, qui ne surent que jouir de nos combats de rue sans jamais en payer le prix.
Et parmi eux, certains milieux juifs que je vomissais, affairés à préserver ses petits intérêts, trop lâches pour s’exposer, trop prompt à pactiser avec le pouvoir, continuent de me soulever le cœur. Aujourd’hui encore, j’en respire les relents, cette même odeur de renoncement, ce même ricanement satisfait de ceux qui n’ont jamais eu à choisir entre la dignité et la soumission, parce qu’ils ont toujours penché du côté de la servilité.
Vous n’avez jamais été ma tasse de thé, sauf quelques exceptions glorieuses que j’ai croisées en Israël, et nulle part ailleurs. Ces exceptions, je les salue: elles ont su dire non, se dresser, sans calcul, sans peur, prêtes à payer le prix de la liberté. Elles m’ont prouvé que l’esprit de résistance ne meurt pas, qu’il circule comme une étincelle, qu’il se transmet à qui ose le porter. À ces visages, à ces poings levés, je dois un respect inaltérable.
Je n’ai de comptes à rendre à personne, et surtout pas aux pleutres de la pensée critique, ni aux jean-foutre de la contestation. Ces derniers n’osent s’attaquer qu’à la pensée nationale et traditionnelle du petit peuple, la seule véritable masse populaire, source de splendeur et de gloire éternelle, sans jamais affronter la vraie violence ni la vraie servitude.
Les cons, eux, veulent à tout prix me mettre dans une case, dans un tiroir qualificatif ; ils croient se rassurer ainsi, coller une étiquette sur ce qu’ils ne peuvent pas comprendre. Mais ils ignorent tout de moi, et ne me connaissent pas plus que mon origine ou mes motivations.
Alors que j’approche de mes soixante-dix ans et que j’ai lutté contre moi-même pendant cinquante-six ans, pensez-vous que ces « juifs résiduels » pourraient encore ébranler mes idées, mes pensées et mes analyses? Détrompez-vous, infâmes ! Je ne vous appartiens pas, et je ne vous ai jamais appartenu. Je continuerai de me battre à contre-courant, que ce soit à 14 ou à 70 ans, je serai toujours moi-même, incorrigible et impertinent, jusqu’à mon dernier souffle.