Aux lecteurs qui ont réagi avec passion mais sans discernement, je souhaite apporter une précision. Beaucoup de commentaires reçus témoignent moins d’une lecture attentive que d’un réflexe défensif. On a lu à travers un prisme émotionnel, on a caricaturé l’intention, on a déformé les arguments. La raison, je le savais, ne pouvait être au rendez-vous là où les certitudes dogmatiques tiennent lieu de pensée.
Il ne s’agissait pas de nier l’importance de la tradition ni de mépriser la mémoire des maîtres. Il s’agissait de rappeler que la fidélité ne se confond pas avec la soumission, et que l’honneur n’est pas la prosternation. Ceux qui se sont indignés ont cru que l’on touchait à leur identité en critiquant le culte idolâtre de figures rabbiniques. Mais ce culte est précisément une trahison de l’esprit juif, qui n’a jamais cessé de distinguer Dieu des hommes, la Parole éternelle des interprétations humaines.
Ceux qui ont réagi par l’émotion n’ont pas voulu affronter le cœur du propos : l’histoire démontre que le discernement rabbinique n’a pas toujours été guidé par la raison, et qu’en des heures tragiques, comme durant la Shoah, trop de maîtres ont préféré maintenir leurs fidèles dans la passivité plutôt que de les alerter du danger. Ce constat est insupportable pour certains, mais il est nécessaire. Car taire cette responsabilité, c’est préparer les mêmes erreurs demain.
Je comprends que ce rappel blesse. Mais ce n’est pas moi qui ai blessé, c’est l’histoire qui accuse. Le rôle d’un manifeste n’est pas de caresser dans le sens du poil, mais d’éveiller les consciences, même au prix du scandale. On ne bâtit pas une pensée libre sur l’émotion, mais sur la vérité.
À ceux qui préfèrent se réfugier dans l’indignation, je dis : vous avez lu avec vos nerfs, pas avec votre intelligence. Vous avez réagi en défenseurs d’un système, pas en chercheurs de vérité. Mais à ceux qui acceptent de lire vraiment, je tends la main : discutons, questionnons, reprenons ensemble la voie de la raison. Car la Torah elle-même nous enseigne que la vérité n’a pas peur des questions, et que la foi authentique n’a rien à craindre du débat.
Cet addendum n’est pas une concession. Il est une clarification. Je ne retire rien de ce qui a été écrit, car l’urgence de lutter contre le religiosisme idolâtre demeure entière. Mais je veux rappeler à chacun que l’émotion n’est pas une pensée, et que la fidélité au judaïsme ne consiste pas à défendre des idoles, fussent-elles vêtues de talith ou auréolées de sainteté posthume. La fidélité au judaïsme, c’est le courage de la lucidité.