Les mêmes tronches, les mêmes baratins, le même foutoir, comme s’ils n’avaient toujours pas pigé qu’on ne gobe plus leurs salades. Mes amis, Israël, n’est pas une donnée statistique, mais une vocation méta-historique!
L’histoire d’Israël n’a jamais été celle des grands nombres ni des foules triomphantes. Elle est celle d’une minorité fidèle, d’une poignée d’âmes obstinées refusant la servitude de l’oubli. Vingt pour cent seulement des Hébreux, dit la tradition, quittèrent l’Égypte. Quatre-vingt pour cent restèrent, esclaves de leurs habitudes. Des siècles plus tard, après le décret de Cyrus, quarante-deux mille seulement revinrent de Babylone pour reconstruire Jérusalem. Et pourtant, c’est de ces rares, de ces minorités courageuses, que tout recommença. Avant la Shoah, combien d’âmes lucides sentirent la tempête venir ? Combien eurent la force de monter à Sion avant qu’il ne soit trop tard ? Et après, combien restèrent debout, refusant que la tragédie fût la fin de l’histoire ? Toujours une minorité. Toujours la même fidélité obstinée à la vocation d’Israël. Ben Gourion avait raison de dire : « L’éternité d’Israël n’est pas un fait biologique mais une force spirituelle. » Israël ne vit pas de statistiques, mais de sens. Ce n’est pas le nombre des vivants qui garantit la vie d’un peuple, mais la qualité de sa conscience et de sa mémoire. Les nations se mesurent en quantité ; Israël se mesure en intensité. Là où d’autres comptent, il se souvient. Là où d’autres pèsent leur puissance, il pèse sa fidélité.
Cessez donc de vous gaver, de vous repaître de statistiques, de sondages et de chiffres creux! Israël n’entre pas dans ces catégories, et ne s’y est jamais laissé enfermer. Comme l’avait compris Giambattista Vico, l’histoire humaine n’obéit pas aux lois mécaniques du calcul : elle procède du sens que les peuples donnent à leur propre destin. Or, Israël incarne précisément cette dimension métahistorique : un peuple qui vit dans l’histoire tout en lui résistant, qui s’y expose sans jamais s’y dissoudre. À chaque époque, des voix ont murmuré : « C’en est fini d’Israël. » On l’a dit à Babylone, à Rome, à Tolède, à Varsovie — et on le répète encore aujourd’hui. Mais Israël s’est toujours relevé, non par miracle, mais par fidélité à l’Alliance, à cet appel ancien qui transcende les siècles et les empires. La terre retrouvée, la langue ressuscitée, la souveraineté restaurée ne sont pas des accidents : elles sont les signes visibles d’une continuité que ni l’exil ni la haine n’ont su briser. Israël ne survit pas malgré l’histoire : il la transforme, il lui donne forme et sens. Les civilisations meurent de lassitude, d’oubli, de doute. Elles s’excusent d’exister, demandent pardon d’être.
Israël, lui, avance, blessé mais fidèle, conscient que son existence n’est pas un privilège, mais une mission. Son éternité n’est pas une grâce, mais une responsabilité : celle de porter la mémoire du monde sans s’y perdre, celle d’affirmer la transcendance dans un univers saturé d’immanence.
Alors, messieurs les déclinistes, prophètes de malheur et comptables du désespoir, rangez vos bilans! Vos chiffres n’expliquent rien, vos calculs n’annoncent rien. Le devenir d’Israël échappe à vos modèles, à vos courbes et à vos algorithmes. Il se déploie ailleurs, dans la foi, la persévérance et la lucidité de ceux qui refusent de renoncer. Quant à ceux qui quittent le train de l’histoire, qu’ils sachent que l’oubli les attend. Mais pour ceux qui persistent, pour ceux qui refusent de baisser les yeux, pour ceux qui portent encore la mémoire vivante, eux sont les artisans de l’avenir. Car Israël n’est pas seulement un peuple : il est un témoin. Et tant qu’un seul témoin subsistera, tant qu’une seule conscience refusera la nuit, le feu ne s’éteindra pas.
Et si mes paroles dérangent, tant mieux. Désolé de remettre les idées en place, désolé de vous pousser à mieux réfléchir, désolé de rappeler que penser, c’est déjà résister. Car Israël n’a pas besoin de consolation: il a besoin de conscience.
Et celui qui dérange pour réveiller, mes amis, ne divise pas, il rend à la parole sa dignité.