Il est des matins où l’être humain s’arrête, non parce que le monde ralentit, mais parce que le cœur veut écouter. Le matin de mes soixante-dix ans fut de ceux-là, un matin où la lumière humaine fut presque aussi grande que la lumière de la pièce elle-même, et où une profonde gratitude s’est tissée en moi: personnelle, familiale et spirituelle devant une salle plus que comble, devant plus de 300 personnes des 9.30 du matin
Ce matin-là, un homme se tenait en coulisses, soutenant, dirigeant, ajustant et construisant, Gideon Mor. Gideon, je ne sais s’il existe des mots assez précis pour dire ta dévotion. Tu as pris en main toute l’organisation de l’événement avec fermeté et délicatesse à la fois; une main qui dirige et une main qui écoute. Tu fus l’esprit bienveillant qui veilla à ce que tout s’enchaîne, que les bonnes personnes apparaissent au bon moment, que le silence et la justesse cousent chaque instant en une seule mélodie. Tu étais plus qu’un organisateur: tu fus un ami, un compagnon de route, un homme capable de voir l’âme derrière les mots. Je ne peux qu’exprimer ma gratitude profonde.
Et à toi, mon épouse bien-aimée, toi dont le silence, la profondeur et la douceur de présence me permettent d’écrire, de rêver, d’enseigner et de construire. Dans ton silence sage et aimant, tu m’offres l’espace où ma respiration trouve sa voix. Tu es le fondement sur lequel repose ma maison, une maison de pensée, de sensibilité et de persévérance lumineuse. Merci pour la vie que nous avons partagée, pour la grâce de ton quotidien, et pour la conviction qu’il est toujours possible de grandir, même à soixante-dix ans.
Et à vous, mes chers enfants, ainsi qu’à vous, mes belles-filles et mes gendres, ma famille élargie et bien-aimée. Chacun et chacune d’entre vous est un monde entier, un chapitre supplémentaire ajouté à ma vie. Vous êtes le pont entre mon passé et mon avenir, et vous m’enseignez qu’un père, et aussi un beau-père, demeure toujours l’élève de ses enfants et de ceux qui viennent s’ajouter à la famille. Merci pour votre amour, votre patience, et pour la manière dont vous accueillez ma curiosité, ma rébellion et mon écriture toujours en mouvement.
Et à vous, mes petits-enfants, vous êtes l’étincelle qui me rappelle pourquoi tout cela compte. Vos regards vastes, vos rires, vos petits pas courant vers moi, tout cela m’apprend à m’émerveiller du monde, comme si je le découvrais à nouveau chaque matin. Chacun de vos sourires est une promesse.
Et enfin, au public nombreux de l’Université Populaire Gratuite de Jérusalem. Vous n’êtes pas seulement un “public”. Vous êtes une communauté; vous êtes le cœur battant de l’entreprise spirituelle que nous construisons ensemble depuis des années.
Chaque lundi, lorsque vous venez avec vos questions, vos débats, votre curiosité et votre désir d’apprendre et de vous élever, vous prouvez que la sagesse n’est pas une tour d’ivoire, mais une table partagée. Votre présence si nombreuse et si chaleureuse ce matin-là fut le plus beau cadeau qu’on pouvait me faire.
Je souhaite également exprimer une gratitude particulière envers le cœur artistique de cette matinée:
à Réout, la chanteuse d’opéra, dont la voix claire et émouvante a rempli l’espace d’une beauté inoubliable ;
à Mattityahou et Shmoulik, notre ensemble musical, qui ont offert à notre rencontre un souffle profond, harmonieux et unificateur ;
et à M. David Sherman, réalisateur du film consacré à ma vie et à mon travail, pour une œuvre sensible, soignée et réfléchie. David, tu as su saisir non seulement l’histoire, mais l’âme derrière les mots, et tu l’as portée à l’écran avec délicatesse et grand talent. Ton film fut un véritable cadeau, une fenêtre de lumière ouverte devant tous.
Ma gratitude va aussi à Me Nissim Oujar, conseiller juridique du projet, pour les bénédictions prononcées au nom de l’ensemble du public. Nissim, tes paroles furent l’expression d’un partenariat profond et d’une confiance sincère dans le chemin que nous traçons ensemble. Tu as touché mon cœur, et celui de tous les présents.
À soixante-dix ans, j’ai réappris combien l’homme peut peu lorsqu’il est seul, et combien loin il peut aller lorsqu’il marche aux côtés de ceux qui croient en lui.
Ce matin-là n’était pas seulement le mien, il fut le nôtre: celui des mains qui ont aidé, des cœurs qui se sont ouverts, et de l’esprit que chacun de vous a apporté avec lui.
Merci à vous, pour l’amour, pour la confiance, pour le chemin.
Merci de m’avoir rappelé une fois encore que la vie ne se mesure pas en années, mais en présence de ceux qui nous accompagnent.
