Un film, un livre, un spectacle, une musique, un travail, cela se consomme rapidement car c’est soit flippant, enivrant, soit répandu au milieu de ce qui est assommant et sans valeur. Aujourd’hui nous favorisons les verdicts expéditifs et sans appel, sceau d’une prompte jouissance, relevant d’une réaction, plus que d’une attention. Observez votre entourage, en tout lieu vous apercevrez ce penchant à sustenter un plaisir inapaisable grâce aux substances de consommation instantanée, vouloir encore et toujours du dérivatif. Le dressage des masses par « l’avoir » commence dès leur plus jeune âge et les transforme en consommateurs obéissants, devenus influençables, commodes à convaincre pour tout ce qui relève de la félicité des plaisirs. La famille humaine contemporaine n’a guère la capacité de prendre ses distances face à ces perversions, tant s’en faut, elle préfère s’y noyer.
Notre ordinaire affectionne les semblants et les artifices qu’on lui suggère, il n’entend rien à la profondeur et au Sacré, il s’abandonne au culte de l’image, il vénère le fantastique et le maintenant. Il aime aller se faire-voir, se faire-valoir, vivre dans la chimère, le plagiat et l’esthétique. En résumé, nul tourment quant à son devenir bien pâle.
On ne dialogue plus, on ne communique plus.
Par contre nous suivons la même émission ou la même leçon des savants-amuseurs publics !
On savoure en famille ou entre amis un enthousiasme soporifique identique et il nous semble pourtant bien partager quelque chose. Ensuite nous adopterons les balivernes et les radotages avec contentement, puisque avec la stupidité et la fadaise, on reste dans le «commun», on «communique», on est avec les autres.
Dans le vide émotionnel de nos rapports, la non-communication, il est toujours possible de faire un repli sur soi pour symboliser la carence d’un réel contact par une image virtuelle. « Tchatter » sans fin avec des anonymes et prétendre converser pour suppléer au manque de dialogue.
On est bien malhabile pour engager une discussion avec la jeune fille du palier, saisir le rire d’un gamin ou s’étonner devant l’envol d’un oiseau, néanmoins on préfère être « branché » à l’ensemble des réseaux et éviter tout contact avec la réalité.
Cet archétype de société imposé à la planète Terre est rudimentaire, il n’est pas du tout l’écho de la société rêvée.
Il traduit une compréhension primitive de la Vie. Les valeurs de l’existence ne sont nullement proportionnelles aux volumes de nos avoirs.
Limiter notre vie au consumérisme ce serait vouloir l’abîmer en vain. Lorsque l’existence percevra l’apanage de son intégrité, elle s’animera à la vie pour concevoir et se régénérer dans un univers à son image.
La situation n’est pas mirobolante, l’image est consternante, les terriens parviendrons-t-il à s’extirper de cette Egypte dans laquelle ils se sont fourvoyés.
Certes ils se sont dotés des savoir-faire les plus révolutionnaires mais leur conduite ne témoigne pas d’une très grande maturité d’être, ni même d’une mansuétude pour autrui.
Ils taisent l’aparté de leur corps et préfèrent ingurgiter journellement une somme effarante d’arsenics.
Leurs loisirs se prélassent et se trainent dans les déjections médiatiques, ils ne reconnaissent pas le nécessaire utile et se plaisent à amasser l’inutile. Ils luttent et se débattent sans cesse pour atteindre un soi-disant sommet d’où il serait possible de dominer leurs alter egos.
Nulle notion d’harmonie ni même de la déraison des scissions ne les traversent foncièrement. Ils n’octroient qu’un intérêt relatif à l’éducation de leurs enfants car concourir aux diplômes reste préférable du seul fait de l’avoir quantitatif.
On reste sidéré mais guère étonné par tant de bestialité et tant de brutalité qui domine aujourd’hui nos sociétés.
Malgré une telle ambiance, ils souhaiteraient se réjouir et festoyer à la pérennité de la suprématie du spécimen, louer et encenser la société de consommation!
Ils voudraient diviniser ce qu’ils nomment la nouvelle « liberté », bien que cette dernière se passe aisément de sa propre responsabilité.
Si ma vie est réfléchie, j’en suis le garant, c’est uniquement moi qui possède les brides de mon destin. Perfidie que de penser se dédouaner au dépend d’autrui.
Nul autre que moi ne décide, n’aime, ne s’engage et ne s’investit dans quoi que ce soit, sans revendiquer que la responsabilité demeure sous ma propre autorité.
J’ai la volonté de soutenir ma vie.
Je suis l’obligé de mes actes, je ne détiens pas simplement la détermination de mes résolutions, mais plus que cela, j’en assume les effets inhérents.
La vie est un don fabuleux qui nous offre l’opportunité de découvrir notre être sensible et notre responsabilité vis à vis d’un monde qui est nôtre. Nous sommes redevables à la vie qui guette notre implication, car elle, nous donne un présent magnifiant nos existences, nous octroyant sa lumière intérieure, sa plénitude et son sens.
L’être humain accompli, l’être humain parvenu à son plein épanouissement appréciera cette responsabilité du devenir Humain.
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