La puissance et l’envergure d’une révolution exclut que nous la traitions comme un simple changement de surface, il faut plutôt parler d’une lame de fond qui soulève de manière brutale et souvent sanglante, l’ordre imposé pour instaurer de manière irréversible un ordre nouveau. N’est-ce pas la puissance des aspirations humaines qui portent les peuples vers un changement radical ?
Ce sont les souffrances accumulées de conditions de vie impossibles et les idéaux qui provoquent les bouleversements de l’histoire. Les enfants d’Israël, des leur enfance, apprirent à supporter le joug égyptien et grandirent avec cette marque d’infériorité. Il devenait tout à fait impossible d’évacuer ces traumas en un seul jour, ou même en une semaine! Malgré leur nombre et leur ampleur, même les plus grands prodiges de l’Eternel n’avaient pas pu faire complètement disparaître cette relation de « maître à esclave » entretenue par les tyrans égyptiens pendant plusieurs siècles. Le problème n’était donc pas technique, stratégique ou militaire: c’était un problème d’ordre psychologique.
Ceux qui se sont habitués à supporter si longtemps le joug de l’oppresseur, ceux qui ont vu leur honneur personnel et national bafoué, ceux dont la bravoure a été brisée systématiquement, sont incapables de se relever comme un seul homme et de combattre avec un sang neuf !
Quand se produit un déclic dans la conscience d’un peuple, un éveil, il sort brusquement de l’hypnose de la peur pour revendiquer sa liberté et c’est ce qui génère une énorme vague qui d’un soulèvement populaire fait une révolution. Il faut mettre en place le rapport de force entre un peuple opprimé et ce qu’il faut appeler un tyran. Ce qui fait la différence entre l’insurrection et la révolution, c’est un art d’organiser son mouvement afin de le mener jusqu’à son terme, à savoir le renversement du despote.
Il n’existait qu’un seul homme vraiment courageux dans le peuple d’Israël : c’était Moïse, lequel n’avait pas peur de se présenter devant Pharaon et d’exiger sans crainte le renvoi du peuple hors d’Egypte. Il avait la stature, le charisme, le courage d’un authentique leader qui acceptait d’accomplir sa mission de libérateur. Il n’était pas connu comme un « grand » au sein du peuple, et n’était guère célèbre pour sa piété; bien plus tard le peuple reconnaîtra que son chef était aussi pourvu des plus hautes qualités morales et spirituelles. Il ne jouera jamais à l’insurrection, bien décidé à mener jusqu’au bout le projet divin, prêt à affronter toutes les conséquences.
La révolution doit être pleinement assumée en tant que telle, elle ne tolère aucun dilettantisme et elle doit être un élan qui va jusqu’à son terme, à savoir le renversement de l’oppresseur-exterminateur. Elle implique une attitude activiste qui ne doit pas être relâchée tant que son but n’est pas atteint. Il s’agit de passer d’une situation aliénée à une situation dans laquelle se réalise l’élan vivant de la liberté.
Maintenir, envers et contre tout, l’ascendant moral et spirituel restera l’ingrédient le plus fondamental. Tant qu’un peuple a foi dans son destin-vocation et qu’il se sait en marche, rien ne peut lui résister. Quand une servitude tombe quelque part, c’est l’humanité tout entière qui se réjouit.
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