Depuis son avènement dans l’histoire, Jérusalem reste le berceau des civilisations monothéistes, une cité toujours vivante et non le vestige d’un temps révolu. Hier, Jérusalem incarnait la patrie de la Prophétie, la capitale du roi David, le siège du Sanhédrin, la Haute Cour de justice du Royaume des Hébreux, et bien sûr le plus fascinant des écrins pour la plus merveilleuse des parures: le Temple de l’Eternel. «Si je t’oublie Jérusalem …». C’est précisément aujourd’hui le moment de se souvenir de cette invincible déclaration. Comment ne pas être bouleversé et notre cœur écorché lorsque nos dirigeants politiques mystifiés par une béatitude erronée seraient disposés à soustraire de notre propriété, de notre être profond, une partie de nous même, Jérusalem?
La paix et la sécurité seraient elles possibles si jamais elles s’édifiaient sur une infidélité au serment bimillénaire? Tout au long de nos 2000 ans d’exil, la ville fut présente de génération en génération, réelle dans nos cœurs et significative dans nos esprits.
Chaque année lors de la soirée de Pessah et dans nos prières journalières, nous réaffirmons sans aucune équivoque notre attachement le plus sincère, notre espoir indélébile au retour vers Jérusalem et vers Sion. Répandus aux quatre coins du globe comme nous le fûmes, nos regards et nos prières ne cessèrent de se fixer vers Jérusalem pour solliciter l’Eternel D.ieu d’Israël.
En définitif nos prières ont été écoutées et notre rêve s’accomplit: notre génération a eu l’infini pouvoir de participer à la délivrance et la réunification de la cité de David.
Voici que l’éclat, du «Mur ouest» retrouvé, bouleverse totalement l’identité du Juif moderne, non pas en cachant ses différentes propriétés, non pas en la nettoyant des pressions qu’elle renferme, mais à l’inverse en en légitimant les argumentations intérieures, mais sous un jour inédit et fertile.
Parmi les centaines de milliers de Juifs réunis, chaque année, devant le «Kotel Maaravi», les plus touchants et les plus remarquables, ne sont pas les «Hassidim» en redingote, ni les Juifs de Diaspora, ce ne sont pas non plus les pionniers Israéliens de la génération précédente qui avaient vécu le Mur à l’époque du Mandat britannique ou de la Seconde Alyah.
Tous se tiennent naturellement à leur place respective, et leurs larmes sont tout aussi spontanées.
Par contre, nos jeunes soldats et soldates de moins de vingt ans, qui n’ont guère connu ni l’utopie, de Herzl, ni la bravoure de l’esprit pionnier, ni les batailles de l’Indépendance, cette génération du media et de l’internet nous surprend par sa présence, son trouble et ses larmes.
Depuis ce jour de 1967, voir ces générations se lier dans un élan naturel et affranchi aux Hassidim, aux Juifs de la Gola, aux vétérans du Sionisme de Papa est très significatif. C’est alors que s’est élaboré le sens nouveau de ce terme: «Juif moderne». Auprès des assises de ce «Kotel Maaravi», les soldats de Tsahal, l’armée la plus moderne du monde, d’une armée ultra moderne, se reconnaissaient dans une histoire ultra vieille.
Les passerelles brisées entre hier et aujourd’hui, entre le spirituel et le séculier, entre le particulier et l’universel, entre la Diaspora et l’Etat se sont alors brusquement rétablis.
En libérant Jérusalem, les combattants de Tsahal ont restitué au cœur sacré et vertueux de la nation, la vie.
Une nation a certainement besoin d’un drapeau, d’une armée et d’une économie saine pour exister, mais plus que tout, un cœur lui est nécessaire et le cœur de la nation d’Israël, c’est Jérusalem, ce coin préféré de D.ieu pour devenir le centre spirituel du peuple Hébreu.
L’arrivée des parachutistes israéliens devant le Mur occidental de la Vieille Ville fut l’un de ces moments dont l’Histoire nous gratifie, qui fit et vit battre un cœur en toute harmonie au sein de tout un peuple …
Aujourd’hui aussi, lorsqu’un Juif, qu’il demeure en Israël ou en Diaspora, s’avance vers le Kotel, son cœur et son âme se raniment, il ressent inévitablement l’émotion qui l’entreprend en son être tout entier.
Pourtant il n’y a rien de plus archaïque, de plus spirituel, de plus particulier, de plus diasporique que le Kotel, voila un fétiche juif, vieux de trois mille ans, sur lequel se sont lamentés les Juifs de l’exil durant deux mille ans.
D’un autre côté, aujourd’hui, un état apparemment laïc ressemblant de prés ou de loin aux autres états modernes. En clair ce n’est pas encore, la charrue, mais le glaive, le tank et l’avion dont toutes les nations, sans exception, réalisent ou établissent comme signe tangible de leur identité et de leur puissance.
Tsahal, l’armée de défense d’Israël, parait totalement opposée au symbole du Mur Occidental, toutefois ces deux là se sont retrouvés face à face. Nous sommes bien conscients et ce, depuis toujours, que l’on n’acquiert pas un Etat sur un plateau d’argent, nous savions que la renaissance du Peuple juif était comparée à l’aurore, lorsque le jour et la nuit se résistent dans un effrayant bouleversement.
Nos maitres nous avaient enseigné qu’un jour l’amour de la Terre d’Israël et de Jérusalem sera mis à l’épreuve. La réunification de Jérusalem n’est pas un épisode aux mesures de l’humain, ce n’est pas non plus un épisode aux dimensions nationales, aussi imposantes soient elles. Cet événement révèle l’Originalité, jamais rationnelle, d’Israël et de Jérusalem, de leur charge unitaire dans l’Univers. L’authentique rencontre entre l’élément intime juif, le «cœur d’Israël», et cet autre élément intime juif, le «cœur de Jérusalem», s’est enfin réconcilié. Israël, se retrouvant dans ce qu’il a de vrai en lui, a rallié sa Jérusalem dans ce qu’elle est, dans son principe, dans ce qu’elle sollicite de lui, par son essence.
Israël, tout Israël, l’a rejointe car pour que Jérusalem soit reconquise dans son totalité, il fallait que tout Israël le veuille.
Mais cette identité, à quoi est-elle due?
Quel est donc cette vitalité secrète qui, à Jérusalem, a fait éclater, aux yeux du monde entier et à nos propres yeux, l’inévitable différence de propriétés de la notion de Juif moderne, l’indéniable substance juive de cette figure moderne que l’Histoire juive a saisi dans l’Etat d’Israël?
Or, cette cité vieille de trois mille ans, où l’herbe grandissait sur les pierres tombales, nous l’avons retrouvée non pas comme d’autres hommes retrouvent les Pyramides ou les Cathédrales, en outils de révélation, voire même de frénésie, mais en objets tout de même, extérieurs et étrangers à notre Moi.
Cette ville, cette vieille ville, cet héritage, l’un des plus vieux de notre tradition, une ruine que le peuple juif a retrouvé dans les détonations des journées d’un printemps. Aux grandes heures juvéniles de l’amour, c’est comme un fiancé que l’Eternel est venu vers nous dans cette antique cité où l’attrait mystique devient beauté, charme et nostalgie. C’est comme si sous ces cieux un dais nuptial se dressait pour nous unir à Lui dans un enchantement qui faisait battre à nos cœurs la chamade
Aucun Juif ne peut rester imperturbable à cet amour, au contraire, le plus moderne, le plus jeune, le plus protégé contre le romantisme du passé, c’est dans sa rencontre avec ce Patrimoine du passé qu’il a découvert la preuve profonde de son Etre juif.
Nos Sages nous enseignent que Jérusalem n’a pas été répartie par D.ieu entre les tribus, mais qu’elle appartient à l’ensemble du peuple juif.
Même si certains d’entre nous n’ont pas d’approche spirituelle particulière, ils participent aussi à cette communauté nationale, parfois sans le savoir.
Au-delà des attaches extérieures, il existe des liens profonds qui nous réunissent tous autour de ce prodigieux héritage spirituel qu’est Jérusalem.
L’antique cité de David éclabousse, du plus fort de nous mêmes, l’élément spirituel qui est l’essence du peuple d’Israël. Seule la mission sacrée de Jérusalem peut nous associer les uns aux autres et sublimer les divergences de vues politiques et idéologiques qui nous divisent la plupart du temps. C’est le vestige le plus vieux de la tradition juive qui s’est révélé être l’élément le plus dynamique, le plus actif, le plus vivifiant et le plus rajeunissant de l’existence juive, aujourd’hui.
Quel est donc ce secret qui, à Jérusalem, a fait reluire la fatale polarité de la notion de Juif moderne?
Actuellement il est possible de répliquer que cette secrète énergie relève de la vitalité profonde de la tradition juive, son potentiel de jeunesse, son enthousiasme, son suivi permanent de l’actualité, l’ensemble des valeurs religieuses et culturelles, des rites et des symboles, des observances et des prières, qui continueront à vous être totalement étrangers si vous les approchez comme s’il s’agissait d’un simple héritage.
Mais si, comme pour Jérusalem, vous l’abordez comme une fiancée, ils vous diront soudain pourquoi et en vue de quoi vous êtes un Juif capable de retrouver l’Hébreu qui est en en vous; ils vous prouveront et soutiendront votre identité Israël. L’unité d’Israël a déjà été la condition première de la construction du Premier Temple; elle sera la condition du rétablissement du Troisième Temple, ultime et éternel.
Et cette unité, faible encore il n’y a que peu de temps, s’affirme avec une force impressionnante de jour en jour. Elle est principalement Jérusalem lorsqu’Israël, dont elle façonne la conscience, redevient méritoire d’elle par son unité intérieure; c’est alors que la Jérusalem unie en elle-même intimement, redevient bonne pour Israël par son unité visible.
Les deux ensembles, Israël Un et Jérusalem Une, se redécouvrent ainsi l’un l’autre dans ce qu’ils ont de réel, d’éternel, c’est-à-dire qu’ils se redécouvrent en Lui, l’Éternel, le Dieu Vrai, le Dieu d’Israël, le Roi de Sion, en sa Torah de Sion, en sa parole de Jérusalem.
Israël et Yerouchalayim se gagnent ainsi mutuellement; ils se séduisent ainsi réciproquement, par une attirance plus qu’émotionnelle.
Ils ont besoin l’un de l’autre en vue de l’accomplissement de leur vocation commune.
Cette invite est une exhortation à l’approfondissement de l’être Hébreu, et de ce fait même une vocation de portée universelle, voire cosmique.
Nous te renouvelons notre serment, Jérusalem, nous nous souviendrons de toi pour l’éternité, rien n’a changé, rien ne saurait changer. C’est devenu plus difficile, rien de plus.
Nous avons toujours su gérer les situations difficiles, et nous en sommes même sortis plus grands et plus forts. Lorsque les guerres, le terrorisme et autres douleurs nous ont frappés, les pessimistes prévoyaient la mort lente de l’implantation juive et c’est exactement le contraire qui s’est passé.
Maintenant lorsque l’ombre cruelle de l’abandon de la Judée-Samarie et de Jérusalem, étend son obscure vilenie, nous sommes consignés aux premiers postes d’une lutte qui avec l’aide de D.ieu permettra à Jérusalem de rayonner pour un monde que nous voulons et que nous ferons meilleur.