Jean Bodin était un philosophe, juriste et politologue français (1530-1596) il fut professeur de droit à Toulouse et devint célèbre, principalement grâce à son ouvrage « Six livres sur la République » mais aussi pour son innovation quant au concept de souveraineté.
La souveraineté interne implique un principe de hiérarchie. L’État n’est soumis à aucun autre organisme et n’est soumis qu’à sa propre volonté. Il exerce son autorité suprême sur ses citoyens et sur un territoire donné. La souveraineté signifie donc l’indépendance, la capacité de ne pas être asservi à la volonté d’autrui, le refus de toute ingérence et la liberté d’organisation intérieure (l’Etat). Mais en fait, l’avancée du droit humanitaire ou des concepts comme la « responsabilité d’assistance » font de la souveraineté non seulement un droit mais aussi un devoir de protéger chaque individu. C’est le pouvoir absolu et perpétuel de la République.
En fait, alors que beaucoup d’entre nous ont pu remarquer la perte lente mais progressive de notre souveraineté nationale, peu d’hommes politiques nous donnent des signes tangibles de cette probante aspiration à redorer le blason d’Israël et lui redonner ses lettres de noblesse civile. Il me semble que peu de gens comprennent vraiment ce que signifiera cette situation à moyen et long terme.
Commençons par ce paradigme commun qui, à mon humble avis, concerne de nombreux Israéliens, et peu importe leur attache politique, de gauche comme de droite. Il ne sert à rien de vouloir discuter d’un gouvernement et d’une constitution possibles, si le peuple installé à Sion ne s’efforce pas, en toute sincérité, d’être et de devenir un État-nation souverain face aux défis incessants de sa société civile, ce fait est plus qu’essentiel. Cela place d’emblée la question de la souveraineté au centre du débat public.
Le véritable problème est de savoir comment cette souveraineté nationale pourrait-elle s’impliquer objectivement dans la construction et l’élaboration d’une société mosaïque judéo-israélienne ? Il faut cependant noter que nous ne pouvons défendre le projet de société pluraliste, certes amendé et d’ailleurs différente des autres pays, sans que notre collectivité puisse asseoir ses fondamentaux sur une constitution pour l’État juif et démocratique. Si tel est le cas, nous ne pourrons prétendre et exiger, de bonne foi, assumer pleinement son sens après la mise en œuvre de la souveraineté nationale. Entre l’ivresse malsaine émanant des partisans fédéralistes et la tâche difficile d’amener le peuple à une réappropriation de sa souveraineté, la voie du compromis doit être recherchée. Cette tentative désespérée de concilier l’incompatible a déjà conduit plus d’un à une mauvaise lecture et donc à une traduction erronée, ainsi ceux qui s’y sont essayés en ont, malheureusement, fait les frais.
Le peuple a voté pour élire, participer aux décisions, en pratique les résultats sont censés être pris en compte, mais nous savons pertinemment que les choses ne se passent guère ainsi dans ce monde dissolu. Le bulletin leur est confisqué, de toute les façons et de toute les manières, la souveraineté populaire leur est déniée grâce aux entourloupes et autres ruses, les partis au pouvoir partageant les dividendes, bien mérités, de l’énorme gâteau à la crème, entre tous les intéressés.
Cet abandon de souveraineté ira progressivement de pair avec l’abandon des objectifs principaux de l’État et du parlement. Nous l’avons, très clairement, compris en ce qui concerne le budget de l’État, gelé pendant plus de deux ans sous le régime précédent. Cette démission de la gouvernance intérieure, durant ces vingt dernières années, aura pour effet de provoqué une lente mais certaine dissolution des pouvoirs étatiques. Nous sommes devenus, bien malgré nous, aujourd’hui, les victimes innocentes et les otages de ce manque impardonnable, qui jamais ne fut aussi sérieux.
Pensez au far West du nord, chez les Arabes israéliens, au même far west du sud chez les bédouins, dans ces villes mixtes où la violence, l’hostilité des arabes israéliens entraina des événements sanglants contre des juifs au sein même de leur propre État soi-disant souverain.
Nous devons bien admettre ne pas avoir encore entériné, ‘de jure’, une politique intérieure, nette et claire. En conséquence, n’ayant guère semé la paix civile nous avons récolté la violence destructrice. La souveraineté s’impose avec force et autorité au cœur du tissu social sous toutes ses nuances.
Tout cela ne relève pas d’un pur hasard, la plupart d’entre nous ont ce sentiment désagréable que notre société se désintègre lentement au vu et su d’une perte des valeurs, des vertus, des idéaux, des croyances et des opinions. C’est un fait indéniable de notre mode de vie moderne, tout cela a perdu de son importance et de sa valeur aux yeux de beaucoup. Alors comment faire entendre la voix de la souveraineté ? La réalité sociétale d’aujourd’hui supporte tous les éléments d’une inexorable détérioration vers le versant glissant d’une longue dissolution de l’indépendance politique de la société israélienne face à un ennemi juré, un ennemi idéologique, uni et agressif. Nous ajouterons que la multiplicité des conflits internes ne peut être, en soi, un critère suffisant d’appréciation et d’analyse. Si une collectivité est basée sur la coopération aussi bien que sur les conflits, le point d’ancrage de tout entendement reste l’essence et la causalité de tous les problèmes.
Une guerre civile peut-elle être l’avenir qui se cache dans notre société, la société israélienne ? On peut le craindre en lisant ce qui s’écrit sur les murs de l’histoire de l’État, la métaphore y indique une société abandonnée faute de gouvernance. Sa désagrégation, comme nous l’observons depuis plusieurs années, pose fortement, en titre, la question du « vivre ensemble ». Face à la montée de la question de la gouvernance, nous sommes renvoyés à notre interrogation principale: Quel est le sens du tissu social? D’ailleurs, peut-on, dans un premier temps, répondre par soi-même, sans se demander en parallèle: dans quelle société voudrions-nous vivre et comment construire une telle société?
A notre nouveau gouvernement d’Israël : nous sommes prêt à offrir notre crédit, prêt à accompagner et à soutenir toutes démarches bénéfiques à tout Israël, mais n’abandonnez jamais l’un des projets essentiels de notre retour: restaurez la souveraineté nationale au nom de tous les nôtres!