Le 5 Y’aar 5708 (14 mai 1948), nous assistons à un bouleversement fondamental de l’Histoire humaine. Des Juifs refondent un Etat Hébreu pour tout Israël !
Ce bouleversement doit être compris selon trois différents paliers, à savoir :
La Nation d’Israël, la Terre d’Israël et l’Eternité d’Israël.
En préambule, il faut le dire et n’avoir de cesse de le répéter, pour la première fois depuis deux mille ans les Juifs retrouvent leur Terre ancestrale pour y établir, de nouveau, un Etat Hébreu souverain et indépendant. La renaissance du peuple d’Israël permet à ce dernier de reconquérir sa place dans le concert des nations.
A la veille de ce 74eme anniversaire de sa re-création, le plus grand pari de l’Histoire juive est d’ores et déjà gagné : le gouvernement Israélien dirige dorénavant le destin d’un peu plus de la moitié des Juifs du monde.
C’est un pas gigantesque vers la Rédemption !
Que des « Youpins » redeviennent Juifs et, grâce à Israël, puissent rêver de l’être Hébreu, m’émeut au plus haut point.
Pouvoir me défendre et en découdre avec mes haïsseurs de toujours !
Pouvoir mourir au cours d’une guerre les armes à la main, soldat de l’armée d’Israël !
Ne plus jamais être à la merci de voyous et de criminels antisémites, une réalité qui mérite d’être reconnue et louée, preuve ineffable de notre ascension au statut de Nation souveraine à part entière sur terre.
À un autre niveau, la terre d’Israël est, en partie maintenant, entre les mains d’Israël. Nous n’avons pas accepté le statut d’État en Ouganda ou ailleurs, mais uniquement au lieu-dit de notre ancien Temple, de nos tribunaux, de notre assemblée nationale et du déroulement de l’Histoire biblique.
Tout au long des siècles, cette terre resta gravée dans la mémoire collective juive comme au sein des cœurs fidèles à Tsion, non des moindres, elle devint, au long cours de l’exil, un lieu de refuge, de pèlerinage et souvent de sépulture. L’aspiration et l’attente de tant de Juifs à travers le monde se voient enfin récompensées, par ceux-là mêmes qui savent apprécier le sens et la valeur de l’indépendance d’Israël dans le nouvel État Hébreu.
Nous ne sommes plus les objets des Turcs ou des Britanniques qui contrôlaient ‘Eretz Israël’ !
Nous voici devenus, grâce à Dieu, les sujets de nos verbes déclamés à tous les temps !
Enfin, il faut se rendre à l’évidence du sort réservé aux Juifs durant l’Histoire humaine, nombreux furent-ils à souhaiter et prévoir la fin du problème juif, ce qui jamais n’arriva ni ne se produit. La Shoah aurait du être le point d’orgue de cette cabale éternelle mais contrairement à toute attente, non seulement ils ne moururent point mais ils eurent, qui plus est, le culot de renaitre.
Seulement trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, entendez bien sourdingues! Trois ans seulement. Et les Juifs déclarèrent avec fierté et ‘effronterie’ la renaissance de l’Etat d’Israël, au vu et au su de toute la pourriture humaine exterminatrice.
Les Juifs redeviennent des Hommes après avoir traversé le monde animal anthropophage, ils sont tout à fait semblables à leurs ancêtres qui, en quittant l’Egypte, connurent les premiers pas de la rédemption, de la liberté.
Il est important de se rappeler que ce Jour de l’Indépendance d’Israël a lieu entre les fêtes de Pessa’h (sortie d’Egypte) et Shavouot (don de la Torah). Le processus engagé ici consacre le projet rédempteur et donc nous conduit, inexorablement, vers une nouvelle Déclaration de Foi, c’est à dire de fidélité, de confiance et de vérité, en la Loi d’Israël.
Toutefois, le fait d’une délivrance inachevée devrait nous motiver à poursuivre ce mouvement, plutôt que de l’entraver par la seule reconnaissance des miracles passés sans projet de lendemain.
Ces trois aspects de la délivrance actuelle indiquent tous un message clair de Dieu à Sa nation: «Pour la première fois en deux mille ans, Je vous offre la possibilité de gérer votre devenir, décision d’une importance nationale pour l’ensemble de l’Humanité ».
Notre tradition est très peu encline au festif car il y aurait là un lâcher-prise aux tendances hédonistes. Or ‘Yom ha-Hatzmaout’ est, à mon humble avis, loin d’être vide de sens. Malheureusement, beaucoup de personnes, de part et d’autre du spectre religieux, ne sont pas conscientes des valeurs profondes et des raisons essentielles de cette journée.
Certains l’ont transformée en une célébration, seulement festive, sans signification religieuse. Certes, il n’y ait rien de mal à faire de la randonnée et autres formes de loisirs, mais cela montre tout de même un manque d’entendement de la profondeur et de l’étendue de ces célébrations.
À l’autre extrême, nous avons une orthodoxie ‘vintage’ qui se refuse à reconnaître la réalité de l’État prospère d’Israël. A leurs yeux, Yom ha-Hatzmaout est tout au mieux une journée d’étude supplémentaire, et une occasion de verser des larmes sur les conséquences dramatiques du sionisme.
La population sioniste religieuse, quant à elle, considère avec le plus grand respect la valeur de cette journée, d’un point de vue religieux. L’idée d’une célébration spontanée et évidente de l’État est certainement plus aisée pour ceux qui immigrèrent en Israël, ou ceux qui vécurent les horreurs de l’exil. Cependant, ceux qui naissent aujourd’hui, dans un monde où l’État Hébreu est devenu une réalité, doivent, également, être en mesure de comprendre sa signification et l’importance de se féliciter de son existence.
Une frange de la société religieuse, véritable mosaïque aux multiples facettes, se fourvoie depuis lors dans une vision du monde unidimensionnelle de « Halakha (Loi) seulement ». On se refuse à évaluer et comprendre les différents phénomènes existants dans le monde environnemental, on cherche plutôt à déterminer comment ces derniers pourraient rejoindre le cadre du système halakhique. Bien que ce bouleversement de l’Histoire ait permis une éclosion et une poursuite de l’enseignement juif malgré la fracture qui suivit la Shoah, cette orthodoxie persiste à limiter sa compréhension plus holistique du Judaïsme. On continue d’examiner les questions liées à ce nouveau quotidien, uniquement dans une perspective halakhique, oubliant ou ignorant en grande partie l’étendue des réalités sociétales.
L’attitude à l’égard de Yom ha-Hatzmaout est un excellent exemple de ce phénomène. Ces mêmes Juifs orthodoxes se demandent s’il est approprié de lire le Hallel (prière de remerciements et de louanges) plutôt que de se demander: «Quelle est la signification religieuse et sociale, à long terme, du retour du peuple juif dans sa matrie? » Ce ne sont pas des controverses discutées dans le ‘Shulchan Arukh’ (livre des commandements pratiques) et d’autres livres de la Loi juive, mais elles doivent être statuées par les Hébreux d’aujourd’hui. Il n’est guère facile d’adapter et d’adopter un précepte du Judaïsme qui associe, à la fois, la Loi juive et la Pensée juive relatives à notre indépendance nationale au sein de notre matrie. Cela sollicite une authentique évolution du paradigme après deux mille ans d’exil, au cours desquels beaucoup de ces questions furent à la fois douloureuses et totalement hors sujet.
Cependant, nous devons compter sur notre intuitivité réfléchie face à ce tremblement de terre, s’il faut dorénavant danser comme il semble manifeste et juste de le faire, et bien dansons, chantons et remercions l’Eternel Dieu d’Israël de nous avoir accordé Son pardon et Sa grâce.
Souvenons-nous de la prophétie de Yechezkel: « Car Je vous prendrai d’entre les nations, Je vous rassemblerai de tous les pays, Je vous ramènerai dans votre pays, et vous demeurerez dans le pays que J’ai donné à vos pères; et vous serez Mon peuple, et Je serai votre Dieu. » (Yechezkel 36:24, 28)
Rony Akrich