Le Tanakh (Bible hébraïque) consiste en une compilation d’écrits datant approximativement du 13e au 3e siècle avant notre ère. Ces livres ont été inclus dans le canon juif par les Sages de Yavneh vers la fin du premier siècle de notre ère, après la destruction du Second Temple.
Cependant, il existe de nombreux autres écrits juifs, de la période du Second Temple qui ont été exclus du Tanakh, connus comme les Apocryphes et les Pseudépigraphes. Les Apocryphes (en grec: «livres cachés») sont des ouvrages juifs, de cette période, non intégrés au Tanakh, mais inclus dans l’Ancien Testament latin (Vulgate) et grec (Septante).
Les apocryphes sont toujours considérés comme faisant partie du canon des églises catholiques romaines et orthodoxes et, à ce titre, leur nombre est fixe.
Le terme Pseudépigraphes (en grec: «faussement attribué») était donné aux livres bibliques de la même période, attribués à des auteurs qui ne les écrivaient pas réellement, portant de faux titres, de faux noms.
Cela était assez répandu dans l’Antiquité gréco-romaine – dans les cercles juifs, chrétiens et païens. Des livres ont été attribués à des auteurs païens et des noms tirés du répertoire de personnalités bibliques, telles qu’Adam, Noé, Enoch, Abraham, Moïse, Elie, Ezéchiel, Baruch et Jérémie. Les Pseudépigraphes ressemblent aux Apocryphes dans leur caractère général, mais n’ont pas été inclus dans la Bible, les Apocryphes ou la littérature rabbinique.
Tous les Apocryphes et la plupart des Pseudépigraphes sont des ouvrages juifs (certains contiennent des ajouts christianisants). Ils fournissent des preuves essentielles de la littérature et de la pensée juives datant de la période entre la fin de l’écriture biblique (vers – 400) et d’une importante littérature rabbinique à venir qui commencera au tout début du 2eme siècle de notre ère. Ils ont suscité beaucoup d’intérêt scientifique, car ils fournissent des informations sur le Judaïsme au tournant de l’époque entre la Bible et la Mishna (loi biblique et loi orale), et aident à expliquer comment le Judaïsme rabbinique et le christianisme ont vu le jour.
Le Livre d’Enoch est l’ouvrage juif le plus ancien connu et non inclus dans la Bible. Il s’agit d’une œuvre complexe, écrite à la fin du IVe siècle avant notre ère, après le retour de l’exil babylonien et l’établissement du deuxième Temple juif (- 600 ou – 500 ans). Elle précède la révolte des Maccabim en -167. Les plus anciennes copies du Livre d’Enoch ont été découvertes parmi les manuscrits de la Mer Morte. Les derniers des Apocryphes et des Pseudépigraphes sont les Apocalypses d’Ezra et de Baruch’, écrites dans les décennies qui ont suivi la destruction romaine du Second Temple en 70.
Contemporaines de celles de la première école rabbinique de Yavneh, ces œuvres reflètent les luttes et les dilemmes, théologiques et éthiques, suscités par la conquête romaine de la Judée et la destruction du Temple. La plupart de ces ouvrages ont été écrits en Terre d’Israël, en Araméen ou en Hébreu. Cependant, certains d’entre eux, comme « La Sagesse de Salomon », le furent en grec. Ces manuscrits juifs furent produits dans la vaste diaspora juive de l’époque, principalement en Égypte (Alexandrie) et en Afrique du Nord.
Bien que la plupart des textes hébreux et araméens aient été perdus au cours des siècles, beaucoup d’entre eux, traduits en grec ou en langues chrétiennes orientales (telles que l’éthiopien, le syriaque ou l’arménien) ont été retrouvés. Le christianisme primitif a montré un grand intérêt pour les traditions juives, les histoires sur les personnages et événements bibliques, par conséquent, les chercheurs ont maintenant accès à une importante bibliothèque d’écrits juifs, créée au cours d’une période cruciale de l’Histoire juive, mais conservée uniquement dans la tradition chrétienne.
Certaines des œuvres apocryphes étaient connues dans la tradition juive tout au long du Moyen Âge, pas nécessairement dans leur texte intégral, mais dans des versions abrégées et redites, ou dans des traductions en Hébreu ou en Araméen à partir de langues chrétiennes. Ainsi, les formes des «Livres de Yudith, des Maccabim et de Ben Sira», ainsi que des parties de «la Sagesse de Salomon» étaient familières aux érudits juifs. Mais ces œuvres n’ont jamais été largement acceptées dans le Judaïsme et sont restées, dans une plus ou moins grande mesure, des curiosités.
En Europe, au cours de la Renaissance et des siècles suivants, un intérêt pour diverses langues orientales s’est développé dans les milieux chrétiens. D’abord l’Hébreu, puis l’arabe, l’Araméen, l’éthiopien, le syriaque et bien d’autres ont pris place aux côtés du grec et du latin dans le domaine scientifique. Parallèlement, les érudits chrétiens commencent à s’intéresser aux sources rabbiniques (conservées en Hébreu) et à l’exégèse biblique juive. Cet intérêt combiné pour la langue et les auteurs rabbiniques était une composante importante du développement complexe qui, à la fin du 18e siècle, fournira la base de l’érudition biblique critique « moderne ».
D’autres développements ont contribué et sont issus de ce processus: les débuts de l’archéologie, le déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens et du cunéiforme babylonien, et l’étude des antiquités et sagesse en Terre Sainte. Dans ce contexte, il y eut un regain d’intérêt pour les documents juifs pouvant aider à éclairer le Nouveau Testament.
De nombreuses œuvres, appelées les Pseudépigraphes, ont été découvertes, publiées, traduites et étudiées.
Au début du XXe siècle, une adaptation anglaise d’œuvres connues a été préparée sous la direction du célèbre érudit anglais Robert Henry Charles (théologien anglican irlandais, bibliste, professeur et traducteur. Il est particulièrement réputé pour ses traductions en anglais de nombreux écrits apocryphes et pseudépigraphiques en Hébreu ancien.) et intitulée The Apocrypha and Pseudépigrapha of the Old Testament, publiée en 1913.
Pour les savants juifs modernes, ces œuvres sont connues sous le nom de « Sefarim H’itsonim » (« Livres externes »). Deux traductions annotées majeures en Hébreu moderne ont été publiées, l’une éditée par Abraham Kahana (la dernière rééditée en 1959) et l’autre par Eliyahu Shemuel Hartom (1969).
L’intérêt des chercheurs a été attisé après la découverte des manuscrits de la mer Morte en 1947.
Dans les onze grottes près de Qumran au nord-ouest de la mer Morte, des parties de plus de 900 anciens manuscrits juifs ont été découvertes.
Ceux-ci avaient été écrits à la même période que les Apocryphes et les Pseudépigraphes, principalement en Hébreu, un nombre moindre en Araméen et encore moins en grec.
Les manuscrits de la mer Morte, tels que nous les connaissons un peu mieux aujourd’hui, sont supposés avoir été la bibliothèque d’une communauté sectaire à Qumran. Les rouleaux ont survécu au ravage romain de la Judée dans les années 68-70, car ils étaient cachés dans des jarres au fond de grottes. Ils sont un centre d’intérêt scientifique et général majeur depuis les années 50 du siècle dernier, mais surtout après la guerre des six jours, car cette région devient israélienne, sous l’Etat juif souverain.
Parmi les manuscrits de la mer Morte figuraient un certain nombre des apocryphes et des pseudépigraphes, dont dix recueils du livre d’Enoch dans l’original araméen (jusque-là, des copies existaient dans une traduction éthiopienne d’une traduction grecque d’un original sémitique), essentiels pour répondre à de nombreuses questions sur ses origines. La datation des manuscrits par leur écriture montre que certaines parties d’Enoch datent au moins de l’an -300. Des fragments de « Ben Sira » en Hébreu, de « Touvia » en Araméen, de « l’épître de Jérémie » en grec et d’autres ont également été trouvés à Qumran. En plus de ces découvertes, les rouleaux comprenaient d’autres écrits similaires auparavant inconnus… A suivre