Au cours de ses précédents mandats de Premier Ministre, Benjamin Netanyahu a pris en charge l’évolution des relations israélo-chinoises, contribuant à faire de Pékin l’un des plus grands partenaires économiques d’Israël et sa deuxième source d’importations
Cependant, au cours des années Trump, au milieu des avertissements américains concernant les menaces à la sécurité posées par les investissements chinois et les grands projets d’infrastructure, les choses se sont ralenties.
Aujourd’hui, B. Netanyahu est de retour aux affaires, va-t-il -il adhérer aux nouvelles normes avérées par ses prédécesseurs, Naftali Benett et Yaïr Lapid, et accepter les protestations américaines quant au devoir de se tenir à distance des ambitions chinoises ?
Au cours des précédents mandats de Netanyahu, les responsables américains pensaient que les limites qu’il avait imposées pour faire des affaires avec la Chine étaient insuffisantes.
En particulier, les projets d’infrastructure soutenus par Pékin, le nouveau terminal portuaire, à proximité d’une base navale israélienne dans la baie de Haïfa, géré par le Shanghai International Port Group. Ils avaient déclenché de rares tensions entre les administrations israéliennes et américaines, sous la présidence de Donald Trump, ces derniers soulevaient alors nombre d’inquiétudes concernant la sécurité nationale.
En 2020, le secrétaire d’État à l’époque, Mike Pompéo, avait prévenu Israël de cesser tout investissement chinois qui pourrait renforcer le Parti communiste.
En 2021, l’humeur des États-Unis à l’égard de la Chine n’a fait que se durcir depuis l’entrée du président Joe Biden à la Maison Blanche. Son administration a réitéré ses appréhensions en matière de sécurité concernant les fameux grands projets d’infrastructure en Israël, remportés par la Chine, en 2022, une entreprise chinoise était sur le projet du métro léger d’Israël, son offre a été bloquée.
En octobre 2020, le gouvernement israélien a renforcé son mécanisme de conseil en investissement étranger créé à l’origine sous Netanyahu en 2019
De nouveaux dialogues stratégiques sur les technologies de pointe avec les Américains signifient également qu’Israël doit prendre plus au sérieux les préoccupations de sécurité des États-Unis, disent les experts. Les investissements chinois en Israël ont considérablement diminué depuis 2018. Ils ont culminé cette année-là à 72 transactions, tombant à moins de la moitié en 2021.
Cela était probablement dû à la fermeture de la Chine pendant la pandémie de coronavirus, au resserrement de la réglementation chinoise sur les investissements à l’étranger, aux tensions accrues avec les États-Unis.
Les exportations israéliennes vers la Chine ont plafonné en 2018 à 4,8 milliards de dollars, pour tomber à 4,3 milliards de dollars en 2021. Dans le même temps, les exportations chinoises vers Israël ont continué de croître : de 6,8 milliards de dollars en 2018 à 10,7 milliards de dollars en 2021
Toutefois, le premier ministre Netanyahu continue de voir les avantages certains d’une relation commerciale croissante avec la Chine. Les négociations pour un accord de libre-échange historique entre les deux pays, en cours depuis 2016, pourraient reprendre et ainsi alléger les tarifs de taxation entre les deux nations.
À ce jour, la Corée du Sud est le seul pays asiatique avec lequel Israël a un accord similaire (bien qu’il reste en négociation avec l’Inde, le Japon et le Vietnam).
L’Accord de Libre Echange potentiel entre Israël et la Chine est un point de discorde avec les États-Unis, ceux-ci ont également un contrat commercial avec Israël. Ils vont donc faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il ne signe pas ou qu’il réduise la variété des éléments figurant dans ces accords marchands. Jusqu’à présent, Mr Netanyahu a peu parlé de la manière dont il abordera les relations avec la Chine. Mais les déclarations qu’il a faites sur le sujet indiquent une voie conforme aux intérêts américains, reconnaissant les préoccupations de sécurité nationale au lieu de se concentrer uniquement sur les avantages économiques qui peuvent être tirés des relations israélo-chinoises comme il l’a fait par le passé.
Il y a quelques temps, il avait déclaré, avec enthousiasme, avoir promu Israël et ses entreprises économiques au commerce avec la Chine. Il supposait vouloir poursuivre dans cette voie, mais les questions de sécurité nationale restaient également au premier plan de ses préoccupations comme elles le sont, par ailleurs, pour tout autre. Il continuera à travailler avec la Chine, mais protégera également les intérêts nationaux.
Dans ses mémoires publiés en octobre 2022 « Bibi : mon histoire », Mr Netanyahu se souvient avoir marché sur des œufs avec la Chine.
D’une part, il voulait ouvrir l’énorme marché avec Israël et ainsi attirer les investissements chinois, en particulier dans les infrastructures technologiques, écrit-il.
D’un autre côté, il fut totalement franc sur la définition de limites explicites quant aux types de technologies que nous partagerions avec Pekin, beaucoup de retenue lorsqu’il s’agissait de domaines militaires et de renseignement.
C’était son engagement solennel envers son grand allié, les États-Unis, avec qui Israël avait partagé une grande partie de cette technologie et des valeurs chères en tant que sociétés libres et démocratiques.
Le secteur technologique israélien était une priorité chinoise majeure lorsque les relations israélo-chinoises se sont développées dans les années 2000. Mais les investissements chinois ont considérablement diminué ces dernières années, dans ce domaine, pour une myriade de raisons, et Israël devient un centre moins important de ses ambitions au Moyen-Orient.
Stratégiquement parlant, les Chinois sont aujourd’hui davantage tournés vers les pays du Golfe. Ils espèrent toujours développer, ou faire avancer, leurs relations sur ces sujets, mais ils constatent aussi que rien ne se fait avec précipitation. Peu importe ce qui se passe sur le front bilatéral avec la pression américaine, Israël et la Chine se rencontreront de plus en plus dans le Golfe, notamment sur les savoirs faire.
A certains égards, les deux pays travaillent sur les mêmes problèmes : Israël apporte sa technologie et la Chine apporte son infrastructure.
Le nouveau gouvernement israélien, très à droite et religieux, a également le potentiel de déclencher des tensions avec le gouvernement chinois – mais probablement uniquement aux yeux du public. La Chine plaide depuis longtemps pour la libération palestinienne et l’avancement d’une solution à deux États, et condamne régulièrement les actions d’Israël à Gaza et en Judée Samarie. Pékin a voté en faveur de la récente résolution de l’ONU visant à déterminer les conséquences juridiques de l’occupation par Israël du territoire palestinien. Ces derniers mois, elle s’est jointe aux Émirats arabes unis pour appeler à un débat du Conseil de sécurité, débat provoqué par la visite controversée de l’homme politique israélien, Itamar Ben-Gvir, sur le mont du Temple, quelques jours après être devenu Ministre de la Sécurité nationale.
Lors d’une visite au Caire, le Ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang a déclaré que son pays était « profondément préoccupé » par les récentes tensions entre Israël et les Palestiniens, appelant Israël à maintenir le statu quo sur le mont du Temple et mettre la question palestinienne, en priorité, sur l’agenda mondial.
J’y vois, personnellement, un ‘appel du pied’, certes insidieux, mais non moins explicite, pour la direction politique israélienne.
Ces actions sont largement considérées comme un effort pour maintenir l’image de la Chine envers ses ‘alliés’ au Moyen-Orient, comme un pays qui soutient les mouvements de libération mondiaux, et bien qu’il soit peu probable d’aller au-delà de déclarations publiques.
La Chine devient plus influente au Moyen-Orient, il est plus probable qu’elle utilise des questions telles que le conflit israélo-palestinien comme moyen pour critiquer les États-Unis et contrebalancer les critiques américaines à l’égard du Xinjiang, région où la Chine a été accusée d’avoir commis des crimes contre l’humanité et même un génocide contre la population ouïghoure locale.
Mélodie en sous-sol malgré tout, car la Chine a bénéficié des avantages de ses relations économiques croissantes avec Israël. Son académie de police a même étudié la politique antiterroriste d’Israël lors de la formation de la sienne en réponse à une série d’attentats terroristes perpétrés par des membres de la communauté ouïghoure entre 2009 et 2014.
Pour l’instant, du moins, la Chine est publiquement optimiste dans ses déclarations concernant les relations israélo-chinoises.
Après la création du gouvernement de Netanyahu fin 2022, le journal « Israël Hayom » a publié un éditorial de Cai Run, ambassadeur de Chine en Israël, pour marquer 30 ans de relations diplomatiques entre les deux pays. Il n’a pas mentionné le nom de Netanyahu ni commenté sa nouvelle coalition.
Cai a écrit que ces 30 dernières années de coopération entre Israël et la Chine ont apporté :
« Une confiance mutuelle politique et toujours croissante ».
Il a fait référence à la fois au sage chinois Confucius et au « Talmud juif », concluant
« en saisissant de nouvelles opportunités, la relation sino-israélienne s’appuiera sur les réalisations de 30 ans et ouvrira un nouveau chapitre d’une plus grande splendeur. »
Beaucoup pensent que la période de lune de miel entre la Chine et Israël devrait se poursuivre si ce n’est, s’amplifier.
La voie à suivre, pour le mieux et le meilleur de l’Etat d’Israël, serait plutôt de se rapprocher des « BRICS: Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, et du nouvel ordre multipolaire. Il faudrait réduire l’activisme pro américain, briser notre vassalité et refuser tout allégeance à un conflit étranger, et ses dangers inhérents. La géopolitique hégémoniste des Etats-Unis est plus que défavorable à cet occident, déjà déclinant, phagocyté par des idéaux progressistes, si ce n’est par une pure perte de ses valeurs et de ses vertus ancestrales.