C’est donc lui qui assure l’aboutissement et le succès de l’Histoire : en d’autres termes, toute tentative de faire résulter le succès, de l’effort humain ne serait qu’une illusion infidèle.
Une telle conception du monde pourrait avoir des effets catastrophiques et tenterait d’encourager l’homme à la passivité et à l’oisiveté: si Dieu est à ce point maitre de tout.
Cette approche rejoindrait en ce sens la philosophie fataliste qui prétend que tout est prédestiné : « A quoi bon faire des efforts puisque, quoi qu’il en soit, tout est décidé d’avance ».
Le courage et l’initiative militaire sont inclus dans le commandement (la mitsva) de la guerre.
A plus d’un titre, le moral des soldats est aussi important que la qualité de leur armement et leur compétence.
Rabbi Nissim de Gérone nous éclaire: pour lui, le problème n’est pas d’avoir trop conscience de sa force, mais d’oublier quelle est l’origine de cette force. Nous devons toujours avoir conscience que c’est Dieu qui nous fournit la force que nous possédons.
L’homme dispose d’un certain nombre de facultés innées ou acquises qui lui permettent effectivement d’acquérir et le texte ne vient pas contredire cette évidence. Il vient, par contre, obliger l’être humain à se rappeler en permanence quelle est la source de cette force.
La Tora nous annonce parfois un évènement sans nous faire savoir par quel mouvement il se produira, si les prophètes nous instruisent que Dieu ramènera le peuple juif en terre d’Israël, cela ne signifie pas forcément que ce sera de manière miraculeuse, mais aussi par le biais d’initiatives purement humaines.
Voilà un peu plus d’un siècle, lorsque le mouvement sioniste a commencé à se développer, avec comme objectif le retour du peuple juif en Israël et la reconstruction d’un Etat hébreu souverain, on a pu assister à des oppositions véhémentes, à son encontre.
Ces courants justifiaient leur attitude en prétextant que la promesse divine du retour du peuple d’Israël vers sa terre, ne se réaliserait que grâce à une intervention divine directe, et non pas au moyen d’une initiative humaine.
Le Rav Kook rejeta cette interprétation et la considéra comme erronée: c’est bien Dieu qui amène la résurrection du peuple juif, mais à travers nos efforts.
Même si nous sommes tous convaincus que chaque promesse divine se concrétisera finalement, il n’en demeure pas moins que l’effort humain peut contribuer à accélérer sa réalisation.
La nécessité de s’investir en faveur du retour du peuple juif en terre d’Israël, ce but n’est-il pas tout ou partie du grand projet divin ? Et ne devons-nous pas concevoir que Dieu a accordé un rôle important à ses serviteurs et ses messagers sur terre.
Devant l’hésitation d’Esther à s’investir, Mordehaï lui répondit que malgré son refus d’assumer sa mission, la délivrance du peuple juif viendrait d’ailleurs, l’éternité d’Israël ne pouvant se démentir!
Pourtant, nous ne devons jamais nous complaire dans cette certitude: il convient en effet de ne pas ménager nos efforts, et même notre vie, pour remplir notre devoir.
C’est effectivement la tâche de l’homme que de se dévouer et d’être le moyen de Dieu pour accomplir Sa volonté.
La Tora nous invite, a priori, à accepter que tout succès ne dépend en fait que de la volonté du Créateur.
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