Grand-mère m’assurait: en vieillissant, on perd très souvent de son innocence et de ses illusions. La laideur de certains, que nous considérons comme des modèles de vertu et d’excellence, se révèle à l’aurore des apartés, puis à l’aube des mises en accusations, comme une tragique comédie d’un remake du ‘Tartuffe’ de Molière.
Le dévoilement de ces différentes « affaires », l’exposition au grand jour d’une réalité humaine abrupte, provoquent en chaque-un de nous ce sentiment d’infidélité. Nous sommes, à contre gré, acculés dos au mur et face à une infamie sans nom, par ceux-là mêmes qui motivaient notre confiance, notre fidélité et notre vérité.
À bien des égards, ces sous-entendus témoignent d’une situation dramatique et préjudiciable, une véritable agression qui se répand au sein d’une communauté religieuse ou non, peu éminente et bien mal instruite.
Nous imaginons, depuis notre plus tendre enfance, nos ‘géants’, de toute obédience, vivre une existence irréprochable et immaculée. Soudain, certaines de nos ‘stars ’ rabbiniques ou autres, victimes de leurs affres pulsionnelles et de leurs cupides facéties, font la une des médias et basculent depuis leur piédestal vers le désert carcéral. Ces crapules en col blanc ou calot de toutes couleurs ont échoué dans ce rôle tant adulé de la responsabilité collective, une agréable déchéance pour toutes leurs victimes innocentes.
L’erreur est fatale, le poids est énorme, des milliers de personnes sont ainsi jetées en pâture d’un engrenage, malin et irréversible. Ces dévoyés, que nous admirions car prometteurs de réponses essentielles, répondeurs de questions cruciales, ces gredins nous ont déçu par leur manque de vertu et l’amour du vice. Heureusement, la grande majorité de nos maitres spirituels demeurent intègres et justes, nos professeurs et nos mentors accomplissent leurs tâches avec probité et engagement.
Cependant, et en aucun cas, nous ne devons faire la bêtise de désavouer l’ensemble du seul fait de la duplicité de quelques vauriens!
Nous les accusons de s’être fourvoyés dans des scandales sexuels, la maltraitance des enfants, l’intrigue politique, la corruption et la fraude et, ainsi, d’entrainer très certainement nombre de personnes à perdre leur foi de « charbonnier ». Ces ‘êtres’ qui auraient pu devenir pour le meilleur d’Israël, ne sont plus, aujourd’hui, que le reflet de la bête immonde. Ils étaient censés transmettre les valeurs de la Torah, comme le Bon, le Bien et le Vrai mais ils ont préféré jouir des ‘avoirs’ de la fonction.
Le nom Divin, sa gloire et sa magnificence sont littéralement souillés, une exacte définition du « H’illoul Ashem »: la perte du sens par amour de ce qui se meurt (nécrophilie)!
Nous discutions avec mes amis, mes élèves, à Kiriat-Arba, à Jérusalem ou à Tel-Aviv et je sentais, chez la plupart d’entre eux un certain cynisme et fatalisme, tout est ‘pourri’, qui croire, personne n’est vraiment sincère. Nous ne sommes que des marionnettes entre les mains des charlatans de tous les pouvoirs confondus, des hommes sans foi ni loi peuvent éventuellement échouer mais ceux qui se prétendent au nom de la Loi et de la Foi, comment est-ce possible? Ils génèrent chez leurs fidèles le marasme et l’aversion pour finalement les voir ériger en idéal le défaitisme et le désespoir puisque l’homme est devenu victime et se refuse à prendre en mains son destin.
Le moment est donc venu de comprendre et d’entendre la véritable sagesse d’Israël à travers une connaissance élaboratrice de toute vie.
Il est absolument inopportun et fallacieux de vouloir condamner la Torah et son monde idéal en la comparant avec les faits et les gestes de certains énergumènes n’ayant de juif que le nom qu’ils abiment.
L’absolu Biblique-Hébraïque transcende de manière évidente toute personne ou toute institution, que ces dernières vivent ou non l’aspiration et la réalisation de ce devenir ‘parfait’, cela n’enlève rien, ne change rien à l’idéal lui-même.
Dieu et l’Humanité attendent avec patience la révélation de l’Homme!
Nous vivons dans un monde imparfait, le saviez-vous? Les êtres humains ne sont pas tous blancs et purs, ils ne sont pas tous noirs et corrompus, la réalité ne peut être manichéenne, elle se situe toujours dans une variété infinie de gris.
Si l’erreur reste probable pour chacun de nous, souvent capables de nous tromper et nous perdre, l’autre face de notre personnalité n’en reste pas moins celle de vouloir le bon, le bien et le beau.
Le seul fait de mal agir, dire ou penser à certains moments de mon existence ne peut soustraire, en aucun cas, tous les bienfaits de ma vie dans la comptabilité de mon temps.
L’ensemble du monde religieux est ici interpellé dans un indispensable face à face avec son identité morale, cette manière d’être l’Homme avant la Loi! Une responsabilité collective au sein d’une société traditionnelle mue et régie selon les lois de la Divine Torah.
Dans les faits, certes, le misérable est coupable mais nous sommes également fautifs car c’est dans nos murs que cela s’est passé. Où étions-nous!?
Il faut répondre aujourd’hui aux nombreuses questions, ne rien éviter, ne rien se cacher et surtout ne pas se mentir ou se raconter d’autres fadaises religieuses et balivernes mystiques. Il y a « mort d’homme », les textes nous préviennent: ‘si un cadavre sans nom se trouve entre deux villages, les anciens, représentants de la cité, et de ce fait responsables de la sécurité des citoyens, sont coupables et condamnables’. (Devarim 21, 1-9 et la Mishna Sota 9,6)
Que l’on soit Rabbin ou non, tout notable doit être, en premier lieu, irréprochable, incorruptible, le digne représentant de la Loi morale et de la Pratique éthique.
L’attitude mesurée et scrupuleuse doit être la norme, une référence pour tous ceux avides d’harmonie sociétale et ainsi permettre de mettre un nom sur toute démesure.
Ces dernières années, nombre d’affaires concernent en particulier le monde rabbinique, des enquêtes, des procès sont engagés autour de malversations financières et de déviationnismes sexuels. Des comportements outranciers en quête de profits matériels et physiques.
Tout commence le plus religieusement possible au cours d’audience privée avec un Rav que l’on considéré comme le représentant de Dieu sur terre.
Elle, très innocente, expose sa douleur, sa souffrance, sa question aussi intime soit elle, elle, attend une réponse, une solution ‘spirituelle’.
Lui, très pervers, conseille, oriente, propose, entre une colonne de feu qui le consume et des nuées qui le troublent.
Ce comportement et lui seul a légitimé le Décret divin d’achever ces gens dont l’habit ne faisait pas le saint. La perception du juste n’est pas séparable de l’appréciation du vocable: bien/mal, donc d’une expression appartenant à la morale. Le concept du devoir-être est conséquent d’une sagesse qui s’ancre dans l’a priori moral, nous déterminons du juste ou de l’injuste essentiellement en établissant par avance un devoir-être et en le reliant au sujet garant de son Histoire.
Si la démarche engagée coïncide avec le devoir-être, nous parlerons de droiture du mouvement,
Si elle souffre d’une omission à l’égard de celui-ci, nous serons obligés de la considérer en termes d’irresponsabilité.
Si elle tend à s’opposer à ce qui est essentiellement moral, nous ne tergiverserons pas pour exprimer la faute.
Le cantique de «Haazinou» parle de l’Eternel: «Lui, Notre rocher, Son œuvre est parfaite, toutes Ses voies sont la justice même; D.ieu de vérité, jamais inique, constamment équitable et droit.» (Deutéronome XXXII, 4). Le Natsiv commente le verset et dit : «D.ieu est l’Idéal de probité, il Lui était tout à fait impossible de protéger une société où des «justes »se conduisaient de manière immorale ».
Ils s’éloignaient autant de la Conscience divine que de Ses vertus et, qui plus est, se réclamaient outrageusement du Dieu d’Israël. Ils simulaient la dévotion, faisaient semblant d’être pieux mais uniquement pour mieux servir leurs intérêts personnels; menteurs, manipulateurs, hypocrites, au nom de soi-disant desseins essentialistes, leur conduite amènera la ruine de la société d’Israël.