Pour le peuple juif, l’exil n’est pas vivre, ce n’est que survivre.
La condition d’exil implique de tenir bon en continuant de subsister en vue du retour et ce grâce aux dernières traces de notre vitalité nationale, souvenir de notre passé glorieux.
L’exil est un cimetière, et lorsqu’Ezéchiel prophétise la résurrection des morts, il fait allusion à la renaissance du peuple juif sur sa terre. Selon nos Sages, les ossements desséchés ne sont qu’une métaphore représentant les restes inanimés de la nation juive.
Rabbi Yéhouda Halévy exposa au roi des Khazars la situation du peuple juif en exil, dépourvu de son royaume, de sa terre et de son Temple, son interlocuteur s’étonna: « S’il en est ainsi, vous êtes comme un corps sans tête et sans cœur » Le Sage lui répondit alors : « Nous n’avons même pas de corps.
Nous sommes des ossements desséchés et éparpillés, ceux-là mêmes qui apparurent en songe à Ezéchiel. C’est à la suite de cette vision que le prophète nous a transmis ces paroles encourageantes : Ces ossements étaient jadis dans un corps vivant, qui portait une tête et un cœur, un esprit et une âme, et il en est resté quand-même une certaine quintessence…(kouzari 29,30)
Le Gaon de Vilna, qui vécut il y a plus de deux cents ans, nous décrit l’exil sans tenter de l’embellir, il affirme explicitement que l’exil est un tombeau et que depuis la destruction du Temple nous sommes un corps sans âme, entouré et dévoré par une vermine que nous ne pouvons vaincre.
Nous sommes en effet entourés par les peuples qui nous décomposent.
Au début de l’exil, nous étions au moins rassemblés en un seul endroit, autour des grandes yéshivot de Babylonie, tel un cadavre avant sa décomposition.
Mais par la suite, passé le stade de putréfaction, nos ossements ont été desséchés et dispersés dans tous les confins de la terre.
Ces os ont cependant subsisté à travers les grands Sages, les piliers de la nation, jusqu’à ce qu’ils se soient eux aussi désagrégés petit à petit.
Tout ce qui reste de notre peuple est juste un peu de poussière, qui attend la résurrection promise pour renaître à la vie (Commentaire sur le Sifra Ditseni’outa).
Comprenons bien que Rabbi Eliahou de Vilna mentionne cette putréfaction et cette décomposition non pas à l’échelle individuelle mais bien à l’échelle collective, du peuple juif en tant que nation.
Cette résurrection se déroulera par étapes : d’abord apparaitront des nerfs, puis de la chair, de la peau, et enfin un esprit. Le peuple dispersé dans tous les confins de la terre se réunira et retournera à sa terre qui se mettra à refleurir, d’individus isolés, nous redevenions collectivité, « Klal Israël ».
Toutes ces prophéties s’accomplissent concrètement aujourd’hui, nous les vivons au jour le jour, convaincus que l’esprit insufflé continuera de se répandre parmi nous, poursuivant ainsi le chemin inéluctable vers la plénitude la plus parfaite.
Le prophète a dit vrai, et cette vérité continuera à se révéler et à s’affirmer de façon éclatante, n’en déplaise à nos si nombreux détracteurs.
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