Israel 1917-2025: de l’effacement cartographique à la dépossession politique! Par Rony Akrich

by Rony Akrich
Israel 1917-2025: de l’effacement cartographique à la dépossession politique! Par Rony Akrich

L’histoire du Proche-Orient moderne est l’histoire d’un mensonge cartographique soigneusement entretenu. La création de la Jordanie figure parmi les plus grandes falsifications politiques du XXe siècle. Les Britanniques ont inventé cet État sur les ruines de l’Empire ottoman, amputant de fait près de 78 % du territoire originellement destiné au foyer national juif. Ce territoire, connu sous le nom de Palestine mandataire, incluait aussi bien la Judée, la Samarie, Jérusalem que l’actuelle Jordanie. La Déclaration Balfour de 1917 promettait un foyer national juif en Palestine, et cette promesse fut intégrée au mandat britannique approuvé par la Société des Nations en 1922. Mais dès 1921, sans consulter ni informer le mouvement sioniste, les autorités britanniques décidèrent unilatéralement d’exclure toute la Transjordanie de l’application de cette promesse, interdisant toute implantation juive à l’est du Jourdain. Cette trahison fut maquillée sous forme d’un article additionnel — l’article 25 du mandat — qui permettait au Royaume-Uni de se délier de ses engagements à l’est du fleuve.

Pourquoi une telle mutilation ? Pour honorer un jeu d’alliances impériales. La famille hachémite, chassée du Hedjaz et de Damas par les Saoudiens et les Français, se vit offrir une compensation territoriale. Faysal reçut l’Irak, Abdallah hérita de la Transjordanie. Ce dernier, arrivé à Amman presque par accident, se vit confier un territoire sans légitimité nationale, sans identité politique propre, peuplé alors de tribus bédouines, de villageois arabes et de quelques communautés chrétiennes. La monarchie hachémite ne naquit donc pas d’un enracinement local, mais d’un décret colonial. Ce royaume improvisé devint indépendant en 1946, reconnu comme tel par la communauté internationale, alors même que ses fondements étaient artificiels et instables.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Dès 1948, avec l’afflux de centaines de milliers de réfugiés palestiniens chassés ou partis de ce qui allait devenir Israël, la Jordanie absorba une population arabo-palestinienne bien plus nombreuse que sa population d’origine. Puis en 1950, elle annexa la Judée-Samarie et Jérusalem-Est, intégrant à son royaume des centaines de milliers de Palestiniens supplémentaires. Aujourd’hui encore, on estime que plus de 60 % de la population jordanienne est d’origine palestinienne. Et pourtant, la monarchie demeure hachémite. L’armée reste entre les mains d’une élite transjordanienne minoritaire. Les postes stratégiques sont fermés aux Palestiniens, et la vie politique fonctionne selon une logique de surveillance et de méfiance constante envers cette majorité silencieuse.

La question devient alors inévitable. Si la majorité de la Palestine mandataire a été retranchée du projet sioniste pour former un État arabe, ne devrait-elle pas, au minimum, servir de cadre à l’établissement de l’État palestinien tant revendiqué ? Pourquoi revendiquer encore une souveraineté sur les 25 % restants du territoire, précisément là où s’enracinent les sources les plus profondes de l’identité hébraïque : Hébron, Shilo, Béthel, Jérusalem ? Ce n’est plus ici de conflit frontalier, mais de négation ontologique. Car vouloir retirer aux Juifs la Judée et Jérusalem, ce n’est pas corriger une injustice territoriale, c’est effacer leur mémoire. Ce n’est pas fonder un État palestinien, c’est anéantir symboliquement l’État d’Israël. La Judée n’est pas une colonie. Jérusalem n’est pas un avant-poste. Ce sont les lieux où naquit le nom même d’Israël. Là où Abraham marcha, là où Jacob rêva, là où David régna, là où on construisit le Temple. Ce n’est pas un excédent historique, mais le noyau dur de l’identité hébraïque. Les appeler « territoires occupés » est un contresens. Les réclamer pour y implanter un État qui nie toute racine juive est une déclaration de guerre culturelle, spirituelle et existentielle.

Et c’est ainsi qu’on en vient à ce mot mensonger, paresseux, lourd d’ignorance diplomatique : « Cisjordanie ». Une rature bureaucratique, un aérosol d’amnésie projeté sur la carte pour effacer deux noms tranchants : Judée et Samarie. Les fonctionnaires signent, les journalistes ânonnent, le public avale, et voilà ! le mensonge devient une “vérité internationale”. Mais on n’a besoin que d’ouvrir une Bible, de toucher une pierre à Hébron, d’entendre un psaume à Shilo, pour sentir le cœur hébreu battre encore. Pas comme un slogan, ni comme un droit politique tardif, mais comme la colonne vertébrale vivante d’un peuple. Oui, c’est ici qu’Abraham a marché, ici que Jacob a rêvé, ici qu’a reposé l’Arche d’alliance, ici que David a régné, avant même Jérusalem. Des milliers d’occurrences, des milliers de larmes, des milliers de serments, et aujourd’hui, on parle de « territoire occupé » ?

Qui dispute quoi ? Des journalistes paresseux, des chancelleries oublieuses, et des professeurs qui confondent neutralité et néant. Regardez le retournement : on qualifie de « colon » celui qui est revenu à Béthel, tandis que celui qui est apparu hier avec une épée, un décret impérial ou une conquête se voit couronné « autochtone ». Qui est l’usurpateur quand le propriétaire précède l’Histoire ? La réponse : l’ignorance grimée en humanisme. Ils crient « justice », « droits des peuples », « deux États », mais dès qu’on aborde l’hebraité de la terre, ils murmurent : « C’est complexe ». La complexité est devenue une barricade, un brouillard, une serrure. Alors clarifions : la Judée et la Samarie appartiennent au peuple d’Israël parce qu’il y est né, parce qu’il ne les a jamais reniées, et parce qu’il y est revenu non par conquête, mais par fidélité.

Vous voulez du droit ? Lisez : le Mandat britannique (1922), l’article 80 de la Charte des Nations Unies, la résolution 242. Aucun d’eux n’utilise le terme « Cisjordanie ». C’est une invention jordanienne, autorité occupante entre 1948 et 1967, adoptée par des diplomates à la cartographie approximative. Vous demandiez des preuves, les voilà, vous avez choisi de les ignorer, alors ne parlez plus de justice. Dans les universités, les programmes d’étude se mettent à jour : Hébron disparaît, Jérusalem se dissout au nom du « pluralisme ». Les étudiants boivent le nouveau cocktail et se sentent éclairés malgré une tumeur maligne de la raison, tout en cultivant à grande vitesse une ignorance bien-pensante.

Réveillez-vous, ouvrez un vieil atlas, lisez Josué, Samuel, les Chroniques. La lumière brûle les yeux des endormis, mais elle demeure vérité. Au Conseil des droits de l’homme, les résolutions s’empilent comme les mensonges : plus elles sont nombreuses, moins elles sont solides. À Genève, des ONG financées présentent des photos retouchées, des larmes sur commande, comptent les oliviers, mais jamais les versets, jamais les pogroms, jamais le massacre de Hébron. Votre humanisme sent le moisi.

Et nous ? Nous n’avons pas ressuscité une langue pour dialoguer avec le vide moral. Nous ne sommes pas sortis des cendres pour nous excuser d’être revenus. Nous n’allons pas chercher l’absolution auprès des eunuques de la mémoire. Nous ne sommes pas des invités, nous sommes les fils qui rentrent chez eux. Que tout le monde le sache : aucun décret n’abolira la grotte de Makhpéla. Aucune conférence n’arrachera Shilo. Aucune pétition ne pourra effacer l’âme de Jérusalem portée dans la prière depuis deux mille ans. Excessif ? Seulement pour ceux dont les paupières sont soudées à la tiédeur. Quand la lumière n’éclaire plus, la vérité doit brûler.

Socrate choisit la ciguë plutôt que le mensonge. Confucius exigeait de rendre aux choses leur juste nom. Zhuangzi avertissait : “Celui qui oublie sa source se perd.” Nietzsche attaquait la moraline, cette morale molle qui castre la vie. Et nous, héritiers vivants, disons : notre fidélité précède vos discours. Notre droit ne vous appartient pas et notre terre ne sera pas sacrifiée pour soulager votre malaise. Le peuple juif n’a pas besoin d’être aimé. Il a besoin d’être libre. Et cette liberté naît dans la poussière de Judée-Samarie, s’inscrit dans la pierre d’Hébron, s’envole dans le vent de Shilo, et continue de se dire à Jérusalem, même quand le mensonge hurle autour. Certaines vérités qu’aucune époque ne peut effacer. Et lorsque la lumière s’éteint, la vérité doit incendier l’oubli.

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