Tant que les Juifs chercheront à être applaudis pour avoir trahi leur propre peuple, ils seront méprisés. Tant qu’Israël cherchera à justifier sa souveraineté au regard du monde, il restera enchaîné au regard des autres. Mais dès l’instant où il redeviendra hébreu — enraciné, prophétique, responsable — alors il deviendra à nouveau lumière, non pas pour plaire, mais pour éclairer. Et c’est là, peut-être, le défi le plus urgent de notre temps: Non pas défendre Israël auprès du monde, Mais défendre l’Hébreu au cœur d’Israël.
Depuis sa jeunesse, Rony Akrich s’est impliqué dans le militantisme, rejoignant l’Union Nationale des Comités d’Action lycéens (UNCAL) au cœur des années 70, animé par l’esprit de mai 68. Tout d’abord attiré par les idéaux du Parti communiste français, il s’est ensuite tourné vers l’extrême gauche trotskiste à la recherche d’une révolution profonde, globale et émancipatrice. À cette époque, la gauche était composée de militants anticolonialistes qui s’opposaient à l’impérialisme, se considéraient comme humanistes, matérialistes et croyaient fermement que les peuples avaient la capacité de reprendre leur destin en main grâce à une action consciente. Mais la gauche, qu’il a tant aimée, s’est égarée en chemin. Elle a abandonné l’universalité pour se conformer aux humeurs des identités fragmentées. Elle a échangé la lutte des classes contre la victimisation, le matérialisme critique contre l’idéologie émotionnelle, et la pensée dialectique contre le moralisme creux des nouvelles formes de censure. Elle qui portait jadis une exigence de justice s’est muée en porte-parole d’un progressisme conformiste, souvent aveugle à ses propres contradictions. Elle continue de se présenter comme une championne des causes opprimées, mais trahit souvent les peuples qu’elle prétend défendre. Elle minimise les menaces posées par l’islamisme, nie l’existence même du terrorisme, contribue à la diabolisation d’Israël dans les médias et attaque un anticolonialisme perverti. Rony Akrich a tiré des enseignements de son passé à gauche, sans pour autant le renier. Il ne renie pas la gauche qu’il fut, il la pleure. En effet, cette gauche-là, la sienne, était exigeante, cultivée, universaliste, et non pas soumise aux modes. Ayant quitté l’Algérie enfant, puis ayant immigré seul vers Paris avec sa grand-mère, avant de subir un grave accident qui lui a laissé un handicap, il personnifie la détermination face à l’abandon et la loyauté envers une voix intérieure. Aujourd’hui installé en Israël, il poursuit le combat sur de nouvelles lignes de front : contre la décadence des connaissances, contre l’hypocrisie des élites et contre la perte de sens. Il a fondé l’Université Populaire gratuite à Jérusalem et Ashdod, offrant un espace de transmission et de débat où la pensée hébraïque, la philosophie politique et les enjeux majeurs de notre époque se rencontrent. Il y enseigne la philosophie biblique, l’histoire critique des idées et l’éthique de la responsabilité.