LA CONTRITION DES POUVOIRS DISSOLUS

by Rony Blog

La lutte contre la corruption à tous les niveaux de la société n’est pas spécialement conçue pour les seuls efforts et les seules actions qui tentent la prévention mais certainement et aussi contre toute débauche dès que celle-ci refait surface. La Bible nous délivre deux messages contraires et contradictoires à l’égard de ceux qui s’égarent.

D’une part, il n’y a guère de pardon pour des faits d’inconduite où le malfaisant refuserait d’endosser la responsabilité pleine et entière, et dénierait toute culpabilité, rejetant le blâme et l’accusation sur autrui. Deux précédents notoires: celui du premier homme, Adam, imputant la faute à Eve, sa femme, en conséquence de quoi il ne sera jamais pardonné. Puis celui du roi Shaül qui n’avoue pas son erreur et tente de nier l’échec du conflit avec Amalek, préférant accuser le peuple, selon lui, seul responsable.

D’autre part le texte biblique dit qu’il est possible de se repentir et de se racheter. L’idée fondamentale du « repentir » ne se limitant pas aux relations humaines et à D.ieu seulement, pénètre et agite également le mouvement offert à la manœuvre du monde. Deux figures essentielles animent ce principe: Yehuda fils de Yaakov et David, le célèbre roi d’Israël. La responsabilité de Yehuda, concernant la vente de son frère Yossef, fut corrigée plus tard lorsqu’il se porta volontaire comme esclave en lieu et place de son jeune frère, Binyamin. David, roi d’Israël, ne s’était pas refugié derrière sa fonction pour absoudre sa faute avec Batsheva, il accepta et fit acte de contrition quand Nathan, le prophète, l’accusa et le réprimanda. Ce n’est qu’après avoir purger sa peine qu’il redevint le roi David.

Une société humaine sans possibilité de repentir et de rachat est condamnable car elle entraîne l’injustice et s’endommage elle-même sur deux paliers: tout d’abord pour l’individu amené à fauter et vis-à-vis duquel on ne consent aucune excuse. L’erreur est humaine et si nous ne l’acceptons pas, nous ne ferons qu’entériner l’échec.

Il y a de grandes exigences pour l’homme qui échoue et aspire à reconquérir ses splendeurs d’antan, mais le choix existe. 

Le second niveau, plus important, est à l’échelon national. Une société qui récuserait le droit rédempteur des délits et des écarts deviendrait rapidement une société condamnée à l’épuisement. Nul être raisonnable et compétent n’accepterait de la conduire selon ces codes. Le célèbre proverbe: « seuls ceux qui ne font rien ne se trompent jamais » reste tout aussi vrai dans son contraire; « Ne pouvoir se tromper puis réparer empêche tout engagement ». 

Le prophète Isaïe décrit la tentative de trouver un chef de file qui, en période de crise, sera capable de diriger sous le feu des critiques. « … l’un usera de sévices contre l’autre, chacun contre chacun; le jouvenceau sera arrogant envers le vieillard, l’homme de rien envers le plus respectable. Que si quelqu’un exerce une pression sur un parent dans la maison paternelle en disant: « Tu possèdes un manteau, consens donc à être notre chef, à soutenir de ta main cet édifice chancelant; » (Isaïe3, 5-6).

Il est clair qu’il refusera: « Non, je ne puis être votre sauveur, alors que, dans ma maison, il n’y a ni pain ni vêtement; ne m’érigez pas en chef de ce peuple » (ibid 7)

Autre déduction intéressante confirmant l’existence d’une option de rachat est soumise par nos Sages: « … on ne doit pas nommer une personne à la tête de la communauté s’il ne traine pas à sa suite un panier de serpents, afin qu’on puisse lui dire, au cas où il se conduirait avec trop de morgue: « Regarde derrière toi » (Yoma 22A).

Les échoués d’hier sont privilégiés lorsqu’ils se sont réellement corrigés, eux seuls pourraient introduire une profonde humilité dans la direction des affaires. A chaque tentative de déviationnisme il se trouvera toujours quelqu’un pour leur rappeler un passé dissolu.

Un certain nombre de règles, non négociables, seront donc nécessaires pour tous ceux qui voudraient « reprendre du galon »:

-Reconnaitre franchement et publiquement leurs fautes. (Le roi David)

-Ne chercher nulle autre responsabilité que la leur. (Adam et Shaul)

-Vouloir payer le prix de leur aveuglement et accepter de perdre leur fauteuil. (Elie le Juge)

-Etre déterminé à rembourser leurs dettes sans compromis. (Yehuda)

-Éviter l’orgueil et la vanité car conscient du boulet qu’ils trainent.

-Reconnaitre enfin que ce possible retour n’est pas un privilège personnel mais uniquement le crédit offert à celui qui sait se repentir et ne plus se jouer de son peuple. (Yehuda et David)

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