Le Judaïsme Orthodoxe : Trahison de l’Hébraïsme Vivant par Rony Akrich

by Rony Akrich
Le Judaïsme Orthodoxe : Trahison de l’Hébraïsme Vivant par Rony Akrich

Au début de mes propos, il est important de préciser que je ne vise pas ici les rares individus, au sein du monde orthodoxe, qui ont su assumer une responsabilité nationale et hébraïque. Mes paroles ne s’adressent pas à l’homme en tant que personne, mais à l’idéologie dans son ensemble, à ce système de pensée dirigé par des rabbins, des politiciens religieux et des structures communautaires, qui ont fait du refus, de l’isolement et du repli un idéal collectif. Ce n’est pas de personnes qu’il s’agit, mais d’un modèle idéologique, d’un idéal rabbinique devenu pouvoir.

Manifester dans les rues de Jérusalem et de Bnei Brak, mobiliser la communauté orthodoxe contre les devoirs fondamentaux de tout citoyen envers l’État d’Israël renaissant, c’est une trahison sans nom. Le judaïsme orthodoxe, tel qu’il se présente aujourd’hui dans les rues de Jérusalem et de Bnei Brak, est la honte de l’hébraïsme, la honte du peuple vivant d’Israël. Ce n’est plus la fidélité au Tanakh, mais sa trahison. Ce n’est plus le feu de la foi, mais la fumée étouffante de la peur et de la stagnation. Ils n’ont pas conservé la foi : ils l’ont remplacée. Ils n’ont pas gardé le Tanakh : ils l’ont trahi. Ils ont invent, une nouvelle religion – une religion d’exil, de soumission et de peur. Cette religion s’appelle “judaïsme”, mais elle n’a presque plus rien d’hébraïque. Elle est née dans l’exil pour survivre, mais elle a oublié de vivre à l’ère de notre retour en tant que peuple sur notre terre. Au lieu de prophètes, des rabbins ; au lieu de responsabilité, des lois et des décrets ; au lieu de liberté, l’obéissance ; au lieu d’un peuple vivant, une communauté fermée et apeurée. Ils ont transformé la Parole divine en code sec, l’homme en exécutant sans colonne vertébrale, et le Tanakh en marionnette docile d’un appareil religieux. Leur religion n’est pas la continuation du Tanakh – elle s’en est rebellée. Le Tanakh n’est pas un livre de prières mais un livre de lutte, de justice et de vie. Et eux, au nom de ce “nouveau judaïsme”, ont transformé la Parole de Dieu en un ensemble de règlements et l’Alliance en un mécanisme de peur et de contrôle.

Les manifestations dans les rues de Jérusalem et de Bnei Brak, où la communauté orthodoxe se mobilise contre les devoirs civiques élémentaires envers l’État d’Israël renaissant, sont une trahison sans nom. Lorsqu’une communauté prétend représenter le peuple tout en refusant de porter son fardeau, de payer ses impôts, de servir dans son armée, de défendre la sécurité d’autrui, elle trahit l’idée même de parole publique. Et l’on sait qu’ils justifient sans cesse leur conduite par leurs “bonnes œuvres”, leurs associations de charité, leurs réseaux d’entraide communautaire. Mais rien de tout cela ne remplace les fondements d’une véritable citoyenneté, fondée sur les droits et les devoirs primordiaux de tout membre d’un peuple. Ils substituent à la responsabilité civique une morale de la charité, à la conscience nationale une bienfaisance sélective. Celui qui vit dans un pays sans participer à son effort collectif de défense et de construction n’est pas un citoyen – il est un hôte anonyme dans une patrie qui n’est pas sienne.

Ce judaïsme a tourné le dos à l’essence même de la communauté nationale : ce n’est plus la voix d’un peuple, mais la démagogie d’un groupe se prétendant spirituel. L’hébraïsme, à l’inverse, unit le ciel et la terre, la pensée et l’action, la foi et la souveraineté. C’est Moïse descendant du Sinaï pour briser le veau d’or, c’est David, poète et guerrier, c’est Isaïe criant la justice au cœur du Temple. Le monde orthodoxe, lui, est un exil au cœur même de la souveraineté, une paralysie au centre de la renaissance. Ils veulent une Terre d’Israël sans hébraïsme, une Jérusalem sans Sion, une prière sans service. Ils vivent aux dépens des autres et méprisent ceux qui les protègent ; ils bénissent les soldats morts sans jamais les rejoindre. Leur refus du service militaire n’est pas seulement une faute civique – c’est une honte morale. L’État d’Israël n’est pas une option : il est l’accomplissement vivant de l’Alliance entre un peuple vivant et un Dieu vivant. Le mépriser, le nier, c’est trahir la promesse elle-même.

Le judaïsme de l’exil s’est habitué à prier pour la pluie sans labourer, à réciter des versets sans agir, à transformer la foi en abri et la peur en idéal. Mais l’hébraïsme exige la vie : construire, labourer, défendre, créer. Voilà le véritable sens du sionisme : non pas une idéologie, mais un retour à la responsabilité. Comme l’a dit le Rav Yehouda Léon Ashkénazi (Manitou) : « L’Hébreu est celui qui traverse l’histoire debout, non celui qui s’y cache. »

Leur piété n’est pas sainte, elle est stérile. La sainteté n’est pas dans la fuite du monde mais dans sa transformation. Vous serez saints – au cœur de la vie, non en dehors d’elle. Les prophètes ne se sont jamais cachés : ils ont affronté le peuple et porté sa douleur. Et aujourd’hui, nous voyons en Israël des hommes qui fuient leur peuple, qui méprisent leur État, qui se haïssent eux-mêmes au nom du Ciel. Ils vivent des deniers publics qu’ils méprisent, et prient pour un pays dont ils nient l’existence. Leur religion n’éclaire plus : elle obscurcit. La vraie foi n’est pas une fuite, mais une prise de responsabilité. Le service militaire, le travail, la création, la culture – tout cela fait partie de l’alliance vivante entre l’homme, Dieu et son peuple. Israël n’a pas été fondé pour être un refuge spirituel, mais un royaume de prêtres agissant. L’Alliance exige des mains et des pieds, non seulement des lèvres. Comme l’a écrit Maïmonide : « L’homme n’atteint la perfection que par la pensée et par l’action ensemble. »

Ce n’est pas un combat contre la foi, mais pour une foi fidèle au Tanakh – une foi de création, de justice et de responsabilité. L’hébraïsme n’a jamais séparé le livre de la vie, Dieu de l’homme, la prophétie de l’action. Nous devons rendre au peuple l’esprit du Tanakh – l’esprit du courage, de l’amour et de l’engagement – et la libérer des bureaucrates du sacré, des rabbins sans souffle et des maîtres sans feu.

Et qu’on en finisse enfin avec ce drapeau brandi du “study de la Torah”, comme si cela avait jamais constitué le fondement de notre existence. C’est une invention de l’exil, sans précédent ni racine dans notre tradition vivante, même pas dans le judaïsme des prophètes et des guerriers. Et combien plus encore dans l’hébraïsme israélien, où le livre et l’épée étaient toujours tenus dans la même main. Il serait absurde de généraliser et de réduire tout le judaïsme de l’exil à ce modèle : les faits historiques parlent d’eux-mêmes. Le judaïsme d’Espagne, l’Âge d’or de la pensée juive, n’a jamais confondu foi et passivité. Il a continué à produire de la littérature, de la poésie, de la philosophie, et une pensée ouverte sur le monde. Ce fut un judaïsme vivant, libre, vaste, qui voyait dans la Torah non pas un enfermement mais une inspiration. Voilà le vrai visage de notre tradition : non l’immobilité, mais la respiration ; non l’enfermement, mais la création. Merci.

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