Après avoir dit à ses frères : « Je ne dominerai point sur vous », pourquoi Gédéon commet-il une faute lourde de conséquences, en ajoutant : « Je vous ferai une demande : Donnez-moi chacun de vous les anneaux de son butin » (v. 24) ? Quelle différence avec l’attitude d’Abraham ! (Gen. 14 : 18-24 ; Job 22 : 24).
Le peuple est tout disposé à répondre à la convoitise de Gédéon. Le poids de tout l’or amassé représente une somme considérable : mille sept cent sicles (environ 24 kg) ! Gédéon, issu de la tribu de Manassé, avait eu des relations difficiles avec cette tribu d’Ephraïm où se trouvait alors le sanctuaire, à Silo. Est-ce une des raisons qui le pousse à placer dans sa ville, à Ophra, un éphod, tissé peut-être avec de l’or ? Est-ce dans sa pensée un vêtement de sacrificateur comme celui que David portait (1 Chr. 15 : 27), ou réellement une statue semblable à celle de Michée ? (Jug. 17 : 5). Voilà qui évoque ce que l’Ecriture appelle « la forme de la piété ». Prenons garde de ne pas introduire à notre tour dans l’assemblée de Dieu ce qui n’a pas la sanction de l’Ecriture, et qui ne serait que le fruit de notre imagination !
A quoi pouvait servir cet éphod, sans un sacrificateur et sans aucune relation avec le sanctuaire où se trouvait l’Arche ? Pourtant « tout Israël se prostitua après cet éphod ; et cela devint un piège pour Gédéon et pour sa maison » (v. 27). C’était devenu une véritable idole, qui « pavait » en quelque sorte le chemin par lequel les fils d’Israël allaient retourner se prostituer après les Baals, dès que Gédéon serait mort (v. 33-35).
Quelle tristesse de voir ce conducteur tomber dans la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie ! Peu après, il sera séduit aussi par un autre « élément du monde », la convoitise de la chair. Gédéon eut beaucoup de femmes et soixante-dix fils (v. 30). Il eut aussi une concubine dont le fils, Abimélec devait, après avoir tué tous les autres, excepté Jotham qui s’était caché, être établi roi sur Israël !