Dès que l’on parle de nation on est obligé d’envisager un territoire concret pour celle ci. La notion d’État suppose antérieurement celui de possession de la terre, propriété justement qu’il s’agit de protéger au nom du droit, droit qui est consacré par l’ÉtatEn effet, un individu est parfaitement capable de vivre sans territoire: il peut être déraciné, désincarner en permanence, tout en continuant de vivre et de se développer. Mais il n’en n’est pas de même pour une nation: une collectivité humaine déracinée cesse quasi automatiquement d’exister. Un État suppose une population, le peuple qui le forme est d’ailleurs l’origine même de sa souveraineté. Le peuple est la nation considérée comme une entité juridique et politique à part entière.
Pour qu’une nation puisse mener une vie normale et naturelle, trois conditions doivent être réunies: qu’elle réside sur sa terre, qu’elle ait obtenu son indépendance et qu’elle soit réunifiée. Pendant deux mille ans d’exil, nous avons donc été une nation malade et anormale. Certains iront même jusqu’à affirmer que nous étions, de façon de plus en plus évidente durant l’exil, une nation morte.
Il est bien plus facile de reporter sur l’autre la responsabilité d’assujettissement pour s’en disculper. D’une certaine manière, le pouvoir est le miroir de la nation. Il reflète la conscience de la nation et cela non seulement en droit, ce qui est l’essence même de sa légitimité, mais aussi en fait. C’est difficile à dire, mais on a aussi le gouvernement que l’on mérite ! Si la conscience du peuple était suffisamment cohérente, éduquée et mûre, si la responsabilité politique n’était pas prise pour un vain mot, nous n’aurions pas d’autoritarisme. Il faut donc apprendre à se libérer de la subordination, apprendre à assumer la liberté sans plus jamais y renoncer dans la soumission à une forme quelconque d’absolutisme.
L’État n’existe qu’à travers les individus vivants. Par rapport à l’individu vivant, l’État n’est jamais qu’une abstraction. Si une structure matérielle périclite, c’est parce qu’elle suit la loi d’entropie qui règne dans la Nature. Le socle de charrue abandonné dans le champ se dégrade, les outils délaissés dans l’usine désaffectée rouillent, faute d’une intervention vivante, celle de l’homme. De même, la structure matérielle de l’État est soumise à la loi de l’inertie. Ce qui l’anime, c’est seulement la conscience des individus qui le composent, de sorte que ce que vaut un État, c’est ce que valent les individualités qu’il réunit, ce que valent leur énergie, leur engagement, leur enthousiasme.
C’est dans l’État seulement que la liberté devient concrète, au sens où chaque individu reçoit le plein déploiement et la reconnaissance de ses droits, tout en étant assimilé à un ensemble qui est l’affirmation de la primauté de l’universel. C’est d’une liberté engagée et responsable dont nous avons besoin et pas seulement des élans romantiques généreux d’une belle âme, qui s’enflammerait dans la révolte contre les formes de l’oppression.
Pour découvrir l’énergie et l’intelligence constructrice nécessaire pour répondre aux défis d’une époque aussi emmêlée que la nôtre, il faut une appréciation nouvelle. Une nouvelle acuité pour un nouveau Terroir. Mais pour cela, il faudrait d’abord un éclair pour que naisse une vraie Passion à la hauteur du sérieux des enjeux. Et c’est bien ce qui manque à une époque qui encourage le plus souvent la tiédeur, la légèreté frivole, l’évasion ludique et la dérision. Nous sommes tellement superficiels et insignifiants. Nous manquons de clairvoyance et de sérieux, alors même que s’il y a bien une urgence, c’est d’ouvrir les yeux et de remettre les pieds sur Terre, sur notre terre.
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