La présence de Mordéchai sur la scène de l’histoire moyen-orientale reste des plus prodigieuses.
Voici un homme, citoyen fidèle et modèle d’un empire, qui accédera aux plus hautes fonctions de l’état sans jamais révéler sa véritable nature identitaire.
Le livre d’Esther nous dévoile les dessous du personnage, sa réelle personnalité, celle de défenseur invétéré de son peuple meurtri.
Voila donc la raison pour laquelle il s’engage au service d’un pouvoir dictatorial et hégémonique : aider et soutenir ses frères dans la misère de l’exil.
Il n’est, ni ne sera un perse de confession israélite, mais un « homme juif » banni de Jérusalem, tout comme les juifs de France sont des juifs exilés en Gaule et nés là-bas par un accident de l’histoire.
Rabbi Moïse de Coucy, auteur d’une grande œuvre littéraire, était appelé « le Sire de Coucy » mais il signait « Moshé l’exilé de Jérusalem qui se trouve en France ».
Sa patrie, ou plutôt sa « matrie », comme celle de Mordéchai était et restait Eretz Israël.
En 3327, lors de l’exil en Babylonie de Yoach’in, roi du royaume de Judée, Mordéchai décida de se joindre à lui avec une partie de la noblesse et ce onze ans avant l’anéantissement du Temple.
52 ans après la destruction du Temple, Cyrus, roi de Perse, transfère sa capitale de Babylone à Suze, emmenant avec lui Mordéchai, déjà haut fonctionnaire du royaume et préparant sa stratégie de sauvetage du peuple juif.
Lorsque cette même année Cyrus publie sa célèbre déclaration autorisant les juifs à rentrer au pays et a y reconstruire la maison de D’…, Mordéchai obtient gain de cause et rentre en Eretz Israël.
Il lui fallut rester 63 ans en exil pour obtenir de Cyrus une telle déclaration.
Une troublante analogie historique nous montre le Rav Kook – invité à un congrès de l’Agoudat Israël en Allemagne – se trouvant bloqué en Europe lorsque la première guerre mondiale éclata.
En tant que ressortissant russe, il était considéré par les turcs, alors maîtres d’Eretz Israël, comme un ennemi.
Il se rendit alors en Angleterre où les juifs assimilés et également des juifs orthodoxes s’opposaient au sionisme.
Son autorité pesa de manière décisive et définitive dans l’obtention de la célèbre « déclaration Balfour » en 1917.
Le retour au pays ne s’effectua pas sans difficulté, à l’époque de Mordéchai déjà, des populations s’étaient installées en Eretz Israël et prétendaient exclure les juifs qui y revenaient.
Les « bons » samaritains, puisqu’il s’agit d’eux, comprenant que ni les menaces, ni le terrorisme ne s’avéraient efficaces, utilisèrent la voie diplomatique.
Ils voulaient obtenir de Cyrus l’arrêt des constructions à Jérusalem et en Judée, sans oublier de bloquer l’immigration.
Les juifs envoyèrent une délégation avec a leur tète Mordéchai, contraint ainsi, de redescendre en exil.
Haman, représentant du pouvoir, eut gain de cause et ne se contenta guère de bloquer l’émigration seulement, il s’efforça de préparer la solution finale du problème juif.
C’est quelques années plus tard que nos deux protagonistes, Esther et Mordéchai vont, par une action concertée, réussirent à renverser la situation et à faire exécuter Haman et sa famille.
En 3406, Darius, fils d’Assuérus et d’Esther, autorisera les juifs à retourner sur la terre ancestrale et à reconstruire le Temple de Jérusalem.