Ils craignent de souffrir de la violence, ils sont trop insouciants ou trop cupides pour prendre les armes et se battre ces “colombes” qui prônent le “pacifisme”. Concentrons-nous sur la motivation et la psychologie des pacifistes accusés de vice de lâcheté.
En outre, une telle objection peut faire, aussi, valoir que les pacifistes sont des égoïstes….trop égoïstes pour générer une nécessaire liberté, servir la justice, protéger les innocents et défendre la nation!
Ils jouissent, entre autres, de biens sociaux produits par la puissance industrio – militaire, sans participer en rien à la production de ces biens !
Le pacifisme est injuste car nombreux sont ceux qui partagent les profits sociaux, sans en assumer les charges et les obligations inhérentes à ces gains.
À cela s’ajoute l’accusation selon laquelle le pacifisme serait antipatriotique, voire félon !
Le problème qui se pose est le suivant : si “nos colombes” entachées ne sont pas disposées à se battre pour défendre la nation, alors elles trahissent la nation et collaborent avec l’ennemi !
Les non-violents ont « trop d’amis » car ils ne sont pas disposés à prendre les armes contre leurs ennemis. Un argument “ad hominem”, plus puissant contre le pacifisme peut être trouvé dans l’idée que le pacifisme est la pathologie des privilégiés. Cette riposte soutient qu’il est facile pour ceux qui ne sont pas opprimés de prôner la non-violence et les puissants peuvent utiliser l’idéologie du pacifisme comme un outil pour opprimer davantage ceux qui refusent de prendre les armes pour défendre les droits de l’homme. Cette idée remonte aux idées trouvées chez Herbert Marcuse, il soutenait que les parties les plus faibles dans un conflit social sont forcées par la partie la plus forte à recourir à la non-violence et donc le recours à la non-violence est inefficace et constitue un aveu de faiblesse, à la fois.
Les pacifistes sont tellement résolus à garder leurs “mains propres” qu’ils n’arrivent pas à réagir face aux autres sommations de l’existence. La réfutation de ce concept soutient dur comme fer qu’ils sont en dissociation du monde et de la tangible réalité humaine. Ceci est lié à une riposte théologique selon laquelle le pacifisme croit, à tort, qu’il peut surmonter les limites de la nature humaine. Souvent conduit contre le pacifisme chrétien, une version de ce désaveu soutient que la guerre restera indispensable en raison de la nature dépérit et coupable des êtres humains. Cette objection leur rappelle également qu’il existe un plaidoyer explicite en faveur de la guerre dans l’Ancien Testament, le texte Biblique permet au souverain d’utiliser l’épée pour exécuter la colère de Dieu.
Ainsi, puisque nous ne sommes point si éminents, nous devons employer les moyens obscurs de la guerre et de la violence si nous voulons faire aboutir nos objectifs moraux.
De ce point de vue, les partisans de l’idée d’une guerre juste approuvent que l’amour souverain du peuple et de l’état, comme l’aspiration à un ordre social fondé sur la justice et le droit, exigeront parfois des guerres justes.
Le pacifisme s’achève par une objection performative car, un pacifiste absolu, ne voulant guère se défendre, finit tout simplement par mourir.
Une interprétation plus éthérée de cet argument soutient que le concept implique une contradiction interne liée à l’idée d’équité et d’intégrité morale de l’homme. Nos “colombes” ne sont pas prêtes à utiliser la violence pour se défendre contre toute violence parce qu’ils respectent la vie ou les personnes ! Une antinomie apparaît : ces “saintes personnes” prétendent que la vie est un bien absolu, mais ne sont pas prêtes à prendre les mesures nécessaires pour défendre les vies menacées par la violence.
Je partage, quelque chose, avec les défenseurs de l’idée de guerre juste qui s’inspirent de l’idéal augustinien. Cela consiste à utiliser la guerre pour défendre un ordre sociétal juste et droit au nom de son identité première et nationale.
Il est immoral d’éviter la guerre, si celle-ci peut être utilisée pour secourir des innocents, défendre la souveraineté et préserver un ordre international juste !
Notre propos peut s’appliquer aux guerres protectrices, où l’État a le devoir d’assurer la sécurité physique et morale de ses propres citoyens, comme aux guerres d’ingérence altruiste, où l’armada militaire est mise en branle pour asseoir les droits de l’homme et pour ériger la sérénité intérieure, l’ordre sociétal et instaurer la paix des peuples.
À cela s’ajoute l’assertion selon laquelle les moyens non violents de forger un changement social sont inopérants. Les critiques certifieront, par exemple, même s’il semble y avoir des conjonctures d’opérations non-violentes réussies, en Inde ou dans les associations américaines pour les droits civiques, ces mouvements sont parvenus à leurs fins en raison d’un ensemble exceptionnel de contingences historiques.
Affirmons, sans ambages, que le succès de Mahatma Gandhi fut rendu possible, aussi, par l’épuisement des Britanniques et des deux guerres mondiales.
Ajoutons, tout de même, que le succès de Martin L. King fût menacé de violences émanant de groupes radicaux tels que les “Black Panthers”.
Certains oseront surenchérir, sans honte, que Gandhi et King ont gagné parce que leurs adversaires devinrent, pour la plupart, favorables à leur cause très rapidement. Mais disons-le, haut et fort, cette non-violence ne fonctionnera, tout simplement, pas contre les forces du mal quelque elles soient, toute affirmation contraire se trompe dangereusement !
Lors de son allocution au prix Nobel de la paix (2009), l’ex-président, Barack Obama avait énoncé ce type de réfutation au pacifisme. Après avoir exprimé sa reconnaissance pour des pacifistes tels que Gandhi et King:
« Il n’y a rien de faible, rien de passif, rien de naïf dans le credo et la vie de Gandhi et de King. »
Mais il ajouta qu’un chef d’État ne peut pas être guidé par le pacifisme, et de conclure :
« Un mouvement non violent n’aurait pas pu arrêter les armées hitlériennes. Les négociations ne peuvent pas convaincre les dirigeants d’Al-Qaïda de déposer les armes. »
Une thèse analogue, quant à l’efficacité de la violence, fut préconisée par ses défenseurs insurrectionnels tels que Herbert Marcuse, Franz Fanon et J.P Sartre. En relations internationales comme en politique, où le pacifisme n’est pas considéré comme très sérieux, ni comme engagement politique possible, ce type d’appréhension est intimement lié au postulat implicite de ce quelque chose que l’on nomme « real politic », une vision de l’histoire et de la politique centrée sur la guerre et la violence.
L’hypothèse ici est la suivante : les États, et l’art de gouverner, sont fondamentalement orientés vers la force militaire et la guerre, dans leur vocation à préserver l’ordre grâce au « monopole de la violence légitime (Max Weber) ».
Ma complainte à l’encontre du pacifisme est qu’il est utopique, et dans un sens, voire nuisible et funeste.
Les pacifistes sont souvent appréhendés comme de grands rêveurs, impulsifs et irréfléchis face aux dures réalités d’un monde maléfique et brutal.
Pire encore, je les accuse d’avoir un raisonnement éthique confus et d’être coupables d’affirmations contradictoires qui s’effondrent rapidement, une fois soumises à un examen approfondi.
Si je théorise la guerre juste, entre autres, j’accuse nos “colombes” maculées de vénérer des absolus de non-violence, à la fois, chimériques et antinomiques aux principes de protection des droits des citoyens.
Adhérer à la non-violence peut à première vue sembler une position vertueuse, mais, peut nous importe la raison, un renoncement à la guerre est, en fin de compte, irresponsable et criminel.
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