Une seule personne osera se dresser courageusement contre la tendance défaitiste qui s’est emparée des Hébreux: Myriam, la propre fille d’Amram! Agée de six ans à peine, elle refuse de voir ses parents se soumettre au terrible décret de Pharaon. Malgré son jeune âge, elle savait parfaitement ce qu’elle faisait: elle œuvrait afin d’éveiller les femmes juives à la révolte contre Pharaon.
Amram se laissera convaincre par les arguments de sa fille, et fera revenir sa femme sous le dais nuptial pour un remariage dans lequel la fille et le garçon d’honneur n’étaient autres que Myriam et son jeune frère Aaron. La décision fera alors boule de neige, et tous les Hébreux décideront de suivre son exemple. Myriam ne doutera jamais, elle était confiante dans la réussite de son projet.
Et de fait, l’Histoire lui donnera raison. Moise naitra, Bitya la propre fille de Pharaon, attendrie par ce bébé, décidera de l’adopter et ce en violation flagrante du décret de son père. Considéré comme le petit-fils adoptif de Pharaon, ce nouveau-né grandira comme un prince et sera appelé ensuite à délivrer le peuple hébreu du joug de l’esclavage.
Encouragée par ce premier succès, Myriam mettra en place un grand projet: persuader une à une les femmes juives de ne pas céder aux dictats de Pharaon. Très vite, elle s’imposera comme l’un des leaders de cette génération, au même titre que Moïse et Aaron, Elle convaincra les femmes de continuer à enfanter dans les vergers hors de leurs maisons, et de faire grandir les enfants dans des lieux cachés. Sous l’influence de Myriam, les épouses ne se contenteront pas de tenir bon elles-mêmes, mais insuffleront courage et détermination à leurs maris déjà accablés par le dur labeur imposé par les Égyptiens.
Il nous faudra aussi surmonter une marée de préjugés pour rendre justice à l’action d’une femme. Il faut dire que l’opinion est souvent ignorante et qu’elle peut être facilement retournée. Il y a des grandeurs que l’on ne reconnaît que 20 ans plus tard, quand celui qui en a été l’ouvrier ardent est dans la tombe et que seule une poignée de ses contemporains l’ont reconnu à sa juste valeur. Nous avons besoin de pouvoir nous identifier à celui qui agit. Il est essentiel que nous puissions adhérer à une valeur pour souligner le courage d’une femme qui a voulu se rebeller face à l’adversité. S’il n’y a pas de valeur, il n’y a pas de courage, mais une témérité fanatique et imbécile. Celle, ici, qui dénonce la résignation, le défaitisme et qui a la foi et le courage de mener à terme ce qu’elle considère comme un devoir, mérite notre reconnaissance.
D’autres à sa place auraient certainement jeté l’éponge et renoncé. Notre mauvaise conscience est aussi là pour nous dire qu’en tout temps nous avons lâchement choisi la facilité, l’inconscience et l’irresponsabilité. Encore heureux qu’il y ait des êtres qui sauvent l’honneur d’une humanité assoupie, bêlante et conformiste ! Au moins, on peut ne pas désespérer de l’homme.
Nous pouvons admirer ceux qui, comme Myriam, ont tenté de faire descendre sur Terre l’Amour et la Paix, ceux qui ont œuvré pour offrir aux Hébreux une Liberté inconditionnelle et le choix responsable de leur destin, ceux qui n’ont eu de cesse de contribuer à la délivrance, à la naissance du peuple choisi par D’…, au printemps des libertés de l’humanité.
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