Refus de l’excellence par l’élite : Ce que l’histoire de David Zini nous apprend sur notre système éducatif! Par Rony Akrich

by Rony Akrich
Refus de l’excellence par l’élite : Ce que l’histoire de David Zini nous apprend sur notre système éducatif! Par Rony Akrich

Rav Yossef Zini (Ashdod) écrit à propos de l’élection future de son fils à la tête du Shin Bet : « Notre fils David, diplômé d’une école agréée de Talmud Torah à Jérusalem, n’a pas réussi à être admis à la « yeshiva le tseirim », à « Or Etzion », à « Nahalim » malgré les recommandations du Rav Hillel Plesser, zts »l, et des autres rabbins du Talmud Torah,… Mais, après de gros efforts, il a finalement pu intégrer la classe “laborieuse” (élèves qui ont des difficultés à lire les lettres de Rachi) à la yeshiva du lycée Chispin. » Chers parents, ne désespérez pas si le programme choisi par votre fils ne l’a pas accepté. L’institution qui refuse est celle qui a perdu, et de manière importante. » 

Au mois de mai 2025, le général David Zini, étudiant brillant et un militaire éminent et glorieux, se voit offrir la direction du Shin Bet, le service secret israélien prestigieux. Cette nomination suscite des réactions dans les milieux politiques et de la sécurité, mais elle met surtout en évidence notre système éducatif. Pourquoi? Parce que, malgré des recommandations chaleureuses de ses enseignants, on a refusé l’enfance de David Zini dans toutes les yéchivot « d’élite » du courant national-religieux. Et pourtant, c’est cet enfant-là, que l’on n’a pas voulu, que l’on a relégué, qui se retrouve maintenant proposé à l’un des postes les plus exigeants, sensibles et stratégiques de l’État d’Israël.

Ce n’est pas une jolie histoire. C’est une gifle !

Cela constitue une gifle pour le système éducatif élitiste, qui prétend former des leaders, inculquer des valeurs et viser l’excellence. Dans les faits, il favorise implicitement certains élèves en fonction de leur aisance académique précoce, de leur conformité aux codes dominants et de leur appartenance sociale. Dans cet univers, la majorité des postes de direction et d’enseignement sont occupés par des personnes ayant le même profil : dominantes, ashkénazes, urbaines, issues d’un cheminement scolaire linéaire et prévisible. La diversité (accent, origine, parcours) n’est pas considérée comme une richesse, mais plutôt comme un obstacle. Le parcours de cet élève illustre bien cette situation. Refusé par plusieurs institutions réputées, il a dû redoubler d’efforts pour qu’elles acceptent de le prendre, mais seulement dans une classe « laborieuse » : une catégorie à part, qui semble dire qu’il ne cadre pas vraiment avec les autres. Cette façon de faire montre un manque d’ouverture et de discernement. Au lieu d’encourager la détermination, le désir d’apprendre et le potentiel humain, ces institutions dressent des cloisons inflexibles basées sur des stéréotypes culturels limités. Leur prétendue sélectivité n’est plus synonyme d’excellence, mais plutôt d’un moyen de rejeter ceux qui ne correspondent pas à leur image.

Ce n’est pas une exception ; c’est même un révélateur !

David Zini, fils du rabbin Yossef Zini, issu d’une famille religieuse, sioniste et séfarade, a échoué non pas par manque d’intelligence, mais par manque de conformité. Combien d’enfants vivent la même chose dans les quartiers périphériques et dans les classes dites « faibles » aujourd’hui ? Combien de destins sont brisés en raison de leur « inadéquation » ? Le message est clair : l’école ne reconnaît pas toujours le potentiel des élèves. Pire, elle les écarte quand il est trop dérangeant. Ce n’est pas David Zini qui n’était pas prêt ; c’est l’école qui n’a pas su le voir. Pour éviter d’écarter les Zini de demain, nous devons : 

Réviser en profondeur des critères de sélection des écoles confessionnelles prestigieuses. 

Former les enseignants à détecter la puissance derrière la diversité.

Arrêter de considérer l’école comme une institution élitiste plutôt que comme un lieu de développement.

Ce n’est pas une victoire de Zini sur le système, c’est une défaite du système face à ses responsabilités. Si cette nomination ne sert qu’à une chose, qu’elle serve à cela : nous obliger à regarder en face les personnes que nous rejetons et à leur accorder enfin le respect qu’elles méritent. 

La nomination de David Zini pourrait indiquer un changement majeur : un ancien élève rejeté par le système éducatif prend la tête d’une institution clé dans le pays. Cependant, il est crucial de se demander si ce changement est réel, profond et durable. S’agit-il d’une anomalie qui confirme les tendances existantes, ou d’un véritable tournant ? Nous devons impérativement comprendre les mécanismes d’exclusion en place, qui n’ont pas disparu simplement parce qu’on a mis en évidence un exemple contradictoire. Tant que nous n’aurons pas appris à valoriser la diversité des profils scolaires, des origines culturelles et des compétences inhabituelles dans nos écoles, nous continuerons d’exclure des élèves comme David. Il nous incombe de convertir cette histoire en une mise en garde au lieu de l’étiqueter comme unique. Car oui, les choses ont changé progressivement depuis… Mais est-ce vraiment le cas ?

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