Responsabilités collectives

by Rony Blog

 

Le récit biblique est tout du long parcouru par nombre de crimes et châtiments. Ces derniers, souvent collectifs, paraissent disproportionnés avec la faute. L’interrogation coule de source : pourquoi les responsables ne paient-ils pas seuls le prix de leurs erreurs ?
L’homme ne faute jamais par lui-même ; par essence, sa nature est bonne. Toute sa pensée, son dire et son faire sont la conséquence de l’environnement social dans lequel il évolue.
 Si le milieu ambiant influence l’être, celui-ci n’en reste pas moins capable d’agir et d’engager de nouvelles règles pour son plus grand bénéfice.
 La dynamique de groupe nous apprend que rien n’est vraiment statique, les hommes sont tout autant les sujets agissants que les objets qui subissent.
Prenons pour exemple ce passage du livre de Josué où l’ivresse de la prise de Jéricho est gâchée par la désobéissance d’Akhan à l’interdit divin de prélever un butin.
 Si l’ensemble du peuple avait considéré l’ordonnance divine comme essentielle à son devenir, il aurait été assurément ébranlé par l’idée même de passer outre.
 Les hommes sont naturellement terrifiés à la pensée de mettre en danger leurs proches, en conséquence de quoi chaque être normalement constitué réfléchira à deux fois avant de s’engager dans tel ou tel projet.
 Akhan est d’abord le fruit d’un état d’esprit général où, dans l’exaltation de leur première victoire en terre promise, les Hébreux ont tendance à croire que le miracle leur devient un dû et l’aide divine un dévoilement permanent.
 Ils auraient dû sentir et éprouver en leur âme et conscience la gravité d’une telle transgression, afin de créer un cadre social plus moral, où les Akhan de l’histoire réfléchiraient avant d’agir impulsivement et de provoquer nombre de drames et de  tragédies.
 Nul besoin de déclarations tonitruantes ni d’explications alambiquées pour ramener tout un chacun à la prise en compte d’une des normes sociales les plus impératives : la responsabilité collective.
 La guerre doit rester, comme disait André Néher, une conquête religieuse avec tout ce que cela comporte d’intervention divine, mais aussi d’obéissance humaine.
 Les miracles ne sont accomplis qu’en récompense d’une certaine conduite, ils font écho a une prise de conscience de la part des hommes, celle d’être les bénéficiaires privilégiés d’une intervention surnaturelle.
Lorsque la société des Hébreux est pleinement consciente de sa différence, elle transmet  par son être même les valeurs intrinsèques à sa nature, créée et voulue par l’Eternel.
 Les qualités particulières liées à l’âme de l’assemblée d’Israël rejaillissent inévitablement sur l’individu et limitent sa marginalisation.
 La faute est toujours collective, car elle est toujours la conséquence d’un état d’esprit permissif, complaisant, et c’est précisément dans ce cadre que la faute se cherche une justification.
 Au sortir de l’exil, nous  espérons et aspirons pour chacun de nous à un rehaussement de notre esprit à un degré plus élevé, dépouillé de nos automatismes de pensée diasporiques et individualistes.
 Nous restons les obligés de notre vocation, celle qui doit nous mener vers le retour, vers la rénovation de notre identité individuelle, en la faisant coïncider avec l’esprit de notre nation.

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