Les limites du pouvoir rationnel découlent de son caractère autocratique: il s’arroge le monopole de l’ordre de la raison contre le désordre des passions. La raison, dans toute décision, est constamment entrelacée de désirs à la signification et à la valeur ambiguës chez les dirigeants, comme, sinon plus que, chez les dirigés.
Les gouvernants, en prétendant diriger au nom de la raison et non pas au nom des dirigés eux-mêmes, d’une part dépossèdent ceux-ci de leur propre faculté de délibération rationnelle. Ils réduisent les individus à n’être que des citoyens passifs, incapables de mettre en œuvre les signes suffisants de la reconnaissance de soi, ce qui rend leur consentement problématique quel que soit la validité objective des décisions prises. D’autre part, ils les rendent incapables de s’améliorer par eux-mêmes en leur refusant de prendre conscience sur la base de l’expérience de la décision et de l’action politique de leurs erreurs et des moyens de les corriger. Ainsi, nos princes peuvent-ils s’octroyer le droit de dénigrer et de contrecarrer le projet divin. (Rony Akrich in « reflexions et pensee d’un hebreu)
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