Hévron est incontestablement la cité destinée aux Patriarches. Avraham, y résidera durant vingt-cinq ans et y reviendra plus tard pour ces vieux jours. Elle est considérée comme la capitale ancestrale, c’est dans une vallée toute proche des portes de la ville qu’il s’établit, dans la vallée de Mamré.
C’est d’ailleurs tout prés de là que se trouvent leurs tombes, le caveau construit sur un champ qu’Avraham, en transgressant les us et coutumes nomades, aspire à acquérir et à posséder: « le champ de mach’pela » qu’ils se lègueront fidèlement de père en fils.
Avraham est à Hévron une personnalité remarquable et remarquée, il joue un rôle important dans l’histoire politique et sociale de Canaan. La situation géopolitique de la ville le prédestine à devenir un interlocuteur de choix pour la région. Il l’est d’abord et surtout pour ce D’ieu qui l’invective à se rendre sur cette Terre et à s’y établir.
Leur entrevue à Elone Mamré décidera définitivement du rôle d’Avraham, il devra se vouer corps et âme à une œuvre commune, lui être consacrer. Il est vrai qu’ils n’ont rien en commun et pourtant ils seront désormais associés à la marche d’une Histoire où l’un et l’autre participeront.
Bien sûr il est essentiel de se souvenir qu’il y a toujours une immixtion possible de D.ieu, tout n’est pas sans cesse déterminé par le Maître d’œuvre ou par un D.ieu indifférent aux clameurs terriennes et mis au secret dans un monde transcendant. Nos chroniques s’écrivent, la création ne stagne point, elle évolue et devient exactement ce que D.ieu et l’homme, dans leurs agissements mutuels, décideront d’en faire.
L’Alliance octroie à la « constitution » biblique une empreinte particulière, dès le début ce ne sont pas les rituels cultuels qui reflètent le sentiment spirituel. Les Patriarches élèvent des autels, érigent des stèles et offrent des sacrifices, mais le sens de ces démarches solennelles ne se réduisent pas aux rites eux-mêmes. Il ne s’agit là que d’un moyen d’expression pour quelques grandes idées, quelques émotions intimes, ils entendent instruire les populations cananéennes d’abord et avant tout d’une pensée, celle du monothéisme.
D.ieu réitère à Avraham le serment et le projet d’une postérité ainsi que la propriété de la Terre promise. Notre Patriarche exprime une certaine défiance, au vu des années qui passent et qui réduisent ses espoirs d’être père. Soudain D.ieu le sollicite et lui demande d’offrir un sacrifice, aussitôt la nuit tombe et le patriarche s’endort. Il se voit au milieu d’espaces obscurs et s’inquiète de ne pas comprendre, c’est alors qu’il saisit le verbe divin et perçoit un feu pénétrer les morceaux du sacrifice.
L’élément nouveau dans ce rituel d’Alliance, c’est cette annonce importante et nouvelle faite à Eloné Mamré: la postérité d’Avraham ne s’établira pas en Canaan sans conflits, 210 années d’un esclavage difficile en exil attendront ses enfants.
La réalisation de la Parole divine entendue par notre Patriarche dès son départ de H’aran ne se produira donc pas de son vivant, elle réclame une confiance totale que l’Hébreu est assurément disposé à endurer. Oui, ils rentreront au pays et le conquerrons, devenant ainsi les dignes légataires du serment Divin.
La mission aménagée par l’Eternel pour Avraham l’Hébreu, selon les termes de l’Alliance, supporte désormais un contenu prophétique qui sollicite plus encore; ici c’est tout l’avenir d’Avraham et de ses descendants, au service des mystérieux desseins de D.ieu, à qui l’on demande de s’engager corps et âme et ce jusqu’au sacrifice suprême.
Prévenus de l’exigence de périodes de souffrances conséquentes à leur inconséquence, les Hébreux reçoivent l’assurance pourtant d’être un jour, sauvés et témoins de la rédemption de l’Humanité. Ceci n’est ni plus ni moins que le modèle messianique dans ses contours les plus éthérées. L’aventure patriarcale est totalement plongée dorénavant dans un environnement où l’espérance se tourmente et s’emporte.
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