Sursaut de solidarité nationale

by Rony Akrich
Sursaut de solidarité nationale
Si La solidarité est une éthique philosophique, mon peuple, tout entier, lui accorde, aujourd’hui, ses lettres de noblesse et redore son blason.

L’organisation calomniée, « frères d’armes », lors de la protestation contre la réforme juridique a établi un centre de commandement civil exemplaire. De là, elle concentre la recherche des personnes disparues, la distribution de matériel logistique, la livraison de nourriture et toute réponse qui peut être apportée en aide aux habitants et aux soldats en première ligne, lors de cette guerre imposée, mais juste.

Cette semaine, ma femme et moi sommes descendus dans les parkings souterrains de l’Expo Tel-Aviv pour constater la grandeur de l’âme humaine dans sa droiture, sa bienveillance et son souci d’autrui et peu importe qui il est ou quelles sont ses opinions.

Nous avons rencontré deux initiatives extraordinaires : « Les Anges d’Eran » et les « Frères d’Armes ».

Ce n’est certes pas trop difficile à trouver pour le moment!

Mais si vous voulez voir ce que ressent notre belle terre d’Israël au vu et su de cela, alors venez visiter le centre de commandement civil ouvert par les « Frères d’armes » à l’espace 1 et les « Anges d’Eran » à l’espace 2 sous le complexe Expo-Tel-Aviv.

Si vous comptez venir et découvrir, rejoignez-les en tant que bénévoles.

Dans les parkings souterrains, des voitures vont et viennent, des cartons, des sacs et de nombreuses personnes présentes avec un objectif clair : tenter de sauver Israël de cette crise colossale ou, à tout le moins, faire ce qui est possible, c’est-à-dire mobiliser les citoyens. Se lever comme un seul homme avec un seul cœur. Il ne fait aucun doute que, dans un pays sous le feu des critiques, la mobilisation civile est nécessaire, mais il semble que nous ayons déjà compris : nous sommes une nation forte, dotée d’une formidable résilience. Nous avons la chance qu’il y ait, dans notre pays, de bonnes personnes qui viennent combler les lacunes à tous égards.

Le réseau de volontaires – ou le centre de commandement civil comme on l’appelle aujourd’hui – est concentré dans les parkings souterrains du centre d’exposition. L’oxygène n’y est ni extraordinaire ni abondant, mais le seul fait de voir toutes les nombreuses personnes qui travaillent dur, jeunes et vieux, fournit cet oxygène indispensable. La rareté de l’air ne les arrête vraiment pas, et personne ici n’a honte ou n’est gêné. Au contraire, ils sont tous déterminés et prêts à accomplir la tâche et constituent le corps de volontaires le plus impressionnant qui ait jamais existé ici.

Il y a plusieurs milliers de bénévoles dans l’enceinte de ces deux organisations, mais on remarque un groupe, en particulier, calomnié, qualifié d’antisioniste, de traître – ils ont été, sans aucun doute, les premiers à se mobiliser, mettant à profit leurs compétences, leurs relations et leur expérience dans la gestion d’un système logistique, établissant, ainsi, un centre de commandement exemplaire !

Celui-ci fonctionne bien, avec des équipes organisées et partageant les responsabilités:

Certains répondent au téléphone et organisent la liste des disparus.

D’autres parcourent des listes Excel sur les ordinateurs portables pour vérifier où transporter le matériel. Un groupe encore se charge d’organiser les colis pour les militaires et les habitants du sud.

Avec une coordination et une organisation magistrales, avec patience, ils déballent les cartons de dons, plient, emballent, parcourent des listes et organisent – vêtements pour enfants et adultes, jouets et livres, chargeurs, équipement militaire, sacs de couchage, sous-vêtements, chaussures, collations, aliments asséchés, nourriture, produits hygiéniques et tout ce à quoi vous n’avez pas pensé. Une fois les cartons fermés, ils sont placés et concentrés sur le côté et attendent les bénévoles responsables du transport, qui s’accompagne d’un système logistique élaboré et ordonné avec de nombreux bénévoles. Certains transportent même le matériel dans leurs propres véhicules !

Les centres de commandement comptent également des volontaires de tout le spectre de la société civile et des initiatives sociales, telles que les « Anges d’Eran » – une initiative sociale créée pendant le virus Corona pour nourrir les familles en difficulté. Aujourd’hui, ils se sont mobilisés pour faire face à la crise nationale enregistrant les endroits qui ont besoin de dons, en préparant des paniers de nourriture et d’équipement et en les envoyant à l’endroit requis.

Un bénévole qui s’est joint à eux pendant les journées Corona nous dit

« la mobilisation humaine est incroyable, et il y a vraiment une réaction folle de la part du peuple. Cela ne m’a pas surpris parce que c’est Israël, et pourtant – c’est juste excitant ».

Un autre aspect nous a émus dans le paysage, ce sont les volontaires érythréens – des dizaines d’hommes et de femmes en chemise bleue qui se portent volontaires. Les chemises bleues symbolisent l’opposition au régime dictatorial en Érythrée. L’un des volontaires, Teddy, a déclaré qu’ils faisaient du bénévolat depuis samedi grâce à l’appel de l’association érythréenne « nouvel espoir», qui les incitait à ne pas rester les bras croisés.

« Nous faisons partie de l’État et bien sûr nous allons aider! »

Cela fait chaud au cœur de voir tous nos compatriotes qui doivent composer avec la perte du quotidien, la perte temporaire de leur travail et la recherche d’un cadre pour les enfants – être toujours là présent en masse. C’est peut-être un cliché, mais en réalité, nous avons de la chance qu’il s’agisse de notre peuple.

En fait, nous devons rester à l’écart de l’individualisme et nous tourner vers un monde de bonté où tout autre demeure bien vivant du seul fait qu’il est l’image même de l’altérité.

Parlons donc ici de l’éthique du moralisme, d’une morale touchant au concept bergsonien: le ‘moi social’. En clair, nous appartenons à la société autant qu’à nous-mêmes.

Au-delà du ‘moi social’, nous possédons une âme plus authentique, plus infinie avec autrui et par ailleurs indicible. Néanmoins il ne peut être question de la seule âme dans la moralité, mais du moi et, plus exactement, du ‘moi social’. À travers notre immanence charnelle, nous sommes au plus près de tout un chacun, alliés à tous par une loi qui crée entre eux et moi une sorte d’appartenance mutuelle.

Il est indispensable pour la société d’enseigner le sens des devoirs envers elle, et ainsi, cultiver ce « moi social » devient l’essentiel de notre responsabilité vis-à-vis de la société.

Il me paraît peu probable que le ‘moi’ puisse être préservé indemne sans une réelle fréquentation de la société, même Robinson Crusoé, dans son île, était resté en contact avec les autres hommes. Quand bien même nos doléances seraient trop souvent égotiques, elles semblent être un effort pour se dégager d’un conformisme social dans lequel nous sommes entretenus.

De là, suit que ce que l’on nomme « conscience morale » c’est en général le verdict de la conscience que rendrait le moi, social.

Soulignons bien l’expression « en général ».

De la même manière, « en général », « l’angoisse morale est une perturbation des rapports entre ce moi social et le moi individuel».

En général, nous nous adaptons à nos principes plutôt que nous ne pensons à eux.

La morale est, par nature, conformiste, ce que Kant n’a pas vu et qu’il a trop rationalisé. L’habitude comble et, le plus souvent, nous nous laissons aller pour donner à la société ce qu’elle attend de nous.

Il n’y a rien de très rationnel dans la moralité commune et la raison n’est pas son fondement. Pas plus que l’effort.

Soyons clair et les pieds dans le réel.

On ne peut vivre en famille, exercer sa profession, vaquer aux mille soins de la vie journalière, faire ses emplettes, se promener dans la rue ou même rester chez soi, sans obéir à des prescriptions et se plier à des obligations. Un choix s’impose à tout instant: nous optons naturellement pour ce qui est conforme à la règle.

À peine si nous en avons conscience… Nous ne faisons aucun effort.

Une route a été tracée par la société et nous la suivons. Il faudrait plus d’initiative pour prendre à travers champ.

Nous sommes les intendants de notre Terre et si nous sommes incapables d’assumer et de promouvoir la vie, nous hypothéquons dangereusement notre futur.

Related Videos