L’ORGANE DU VERBE TERRESTRE
J’affectionne chacune de nos mitsvot, non comme un joug mais bien comme quelque chose que j’aime et auquel je m’attache.
L’ordonnance divine de résider sur la terre sainte et promise, sur ma terre d’Israël, m’est tout particulièrement chérie.
Je comprends mieux aujourd’hui pourquoi il nous fut nécessaire, pendant deux mille ans d’exil, de préserver cet amour incandescent pour un pays devenu si lointain.
La date du 15 shvat est en réalité toute prosaïque, elle ne concerne que des commandements liés à la relation de l’homme et de la terre.
Depuis les hauteurs de Galilée au 16ème siècle, là où des hommes s’envolaient vers les profondeurs de la loi, le retour à la nature de ce sol, tant prisé, tant désiré, finira par instituer une tradition mémorable.
Ils aspiraient à ce que notre cœur s’emballe, se contracte d’émotions et s’assouvisse du fruit de sa terre, de ses plants et de ses paysages si extrêmes.
Après tant d’années passées sur des terres étranges et étrangères, il m’était enfin donné de me rouler dans sa poussière et de caresser sa roche.
Cela n’enlevait rien, ni même un temps soi peu, de l’exaltation que je ressentais alors, lorsqu’elle était si loin ; mon cœur et ma raison lui restaient acquis à tous jamais.
Pourtant je ne pouvais me suffire de tout cela, il me fallait mieux comprendre le choix divin, mieux concevoir la relation de mon être avec la sainteté inhérente à cet espace.
La réponse se trouvait au cœur de la promesse, une terre où couleraient le lait et le miel et cela malgré leurs origines impures ; celle du sang pour le lait et celle d’une abeille pour le miel.
Là, résidait tout le secret de cette ensemble si nécessaire ; cette promesse recelait en son for intérieur le pouvoir de transformer l’impur en pur, de rendre l’homme plus sage.
Elle n’était pas seulement le terroir de notre viabilité, le paysage qui envoûte notre regard mais bien plus, beaucoup plus, elle permettait au peuple d’Israël de s’unir à elle.
Leur union ne pouvait se satisfaire d’une rencontre superficielle, ils se devaient un amour touchant à l’essentiel, à l’intériorité la plus profonde.
La pleine expression et réalisation de la thora d’Israël ne peuvent se faire en dehors de la terre d’Israël ; ni royauté, ni souveraineté, ni justice, ni prêtrise, ni prophétie n’ont lieu d’être si ce n’est la où l’Éternel pose ses yeux du début de l’année jusqu’à sa fin.
Tou bishvat est un moment de grâce, précieux, celui ou la sève s’éveille afin de nourrir l’arbre, de le grandir, de le sortir des torpeurs de l’hiver et de l’élever vers le firmament du créateur.
Ce temps est aussi celui où le peuple se redresse et se prépare à sortir de l’éphémère et des illusions de la longue nuit de l’exil.
L’amandier en fleurs devient source de prières, d’espoirs incessants pour un retour au sol ancestral, pour une nouvelle implantation, de nouvelles constructions.
La renaissance pas à pas de l’être Hébreu se concrétise grâce à l’état béni et tant aimé ; il nous permet de conjuguer de nouveau, le corps et l’esprit, le fond et la forme de cet être tant attendu depuis la nuit des temps dans le projet divin.
Rony Akrich
http://www.ronyakrich.com
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