La pensée de Vladimir Jankélévitch conserve une actualité brûlante à l’heure où, en Europe comme dans de nombreux cercles académiques à travers le monde, la haine d’Israël ressurgit, recyclée sous les habits présentables de l’antisionisme. Ce dernier, loin d’être une critique politique ordinaire, devient trop souvent le masque élégant d’un antisémitisme rajeuni, qui prétend défendre les droits tout en niant à un peuple le sien le plus élémentaire : celui d’exister.
Depuis sa jeunesse, Rony Akrich s’est impliqué dans le militantisme, rejoignant l’Union Nationale des Comités d’Action lycéens (UNCAL) au cœur des années 70, animé par l’esprit de mai 68. Tout d’abord attiré par les idéaux du Parti communiste français, il s’est ensuite tourné vers l’extrême gauche trotskiste à la recherche d’une révolution profonde, globale et émancipatrice. À cette époque, la gauche était composée de militants anticolonialistes qui s’opposaient à l’impérialisme, se considéraient comme humanistes, matérialistes et croyaient fermement que les peuples avaient la capacité de reprendre leur destin en main grâce à une action consciente. Mais la gauche, qu’il a tant aimée, s’est égarée en chemin. Elle a abandonné l’universalité pour se conformer aux humeurs des identités fragmentées. Elle a échangé la lutte des classes contre la victimisation, le matérialisme critique contre l’idéologie émotionnelle, et la pensée dialectique contre le moralisme creux des nouvelles formes de censure. Elle qui portait jadis une exigence de justice s’est muée en porte-parole d’un progressisme conformiste, souvent aveugle à ses propres contradictions. Elle continue de se présenter comme une championne des causes opprimées, mais trahit souvent les peuples qu’elle prétend défendre. Elle minimise les menaces posées par l’islamisme, nie l’existence même du terrorisme, contribue à la diabolisation d’Israël dans les médias et attaque un anticolonialisme perverti. Rony Akrich a tiré des enseignements de son passé à gauche, sans pour autant le renier. Il ne renie pas la gauche qu’il fut, il la pleure. En effet, cette gauche-là, la sienne, était exigeante, cultivée, universaliste, et non pas soumise aux modes. Ayant quitté l’Algérie enfant, puis ayant immigré seul vers Paris avec sa grand-mère, avant de subir un grave accident qui lui a laissé un handicap, il personnifie la détermination face à l’abandon et la loyauté envers une voix intérieure. Aujourd’hui installé en Israël, il poursuit le combat sur de nouvelles lignes de front : contre la décadence des connaissances, contre l’hypocrisie des élites et contre la perte de sens. Il a fondé l’Université Populaire gratuite à Jérusalem et Ashdod, offrant un espace de transmission et de débat où la pensée hébraïque, la philosophie politique et les enjeux majeurs de notre époque se rencontrent. Il y enseigne la philosophie biblique, l’histoire critique des idées et l’éthique de la responsabilité.