Le Rav Kook cite un certain nombre de midrashim où nos sages nous présentent la mort de façon métaphorique; l’homme se retrouve devant le tribunal céleste et n’est jugé qu’à propos d’une question essentielle: as-tu pris rendez-vous avec toi-même, vous êtes-vous rencontré, reconnu, avez-vous construit ensemble? Il existe des cas extrêmes où l’homme est dispersé aux quatre vents, absorbé sans limites par la connaissance et l’information venues d’ailleurs. Il ne trie rien, ne fait pas la part des choses, l’infobésité l’entraîne vers l’oubli de soi. Il ne sait plus vraiment ce qu’il est ni ce qu’il a, tôt ou tard il arrive à se soustraire de sa propre réalité, de sa propre vérité. Dans une société de surconsommation, les dommages sont significatifs: perte des sens, perte de la sensibilité, fragilisation psychologique.
La solution proposée par le Rav Kook serait de devenir sourd ou plutôt de faire la sourde oreille à ce ״ trop plein ״qui génère en moi tant de vide. Tout cela m’empêche d’être à l’écoute du ״tout moi ״: de mes envies, de mes besoins, de mes sentiments, de mes pensées et de mes émotions.
L’accusé repousse avec véhémence le reproche qui lui est fait et riposte bien souvent par une contre-accusation accompagnée par une gestuelle dédaigneuse. L’homme est l’être qui est le plus proche de lui-même donc le plus éloigné de sa propre remise en question ! Il préfère affirmer que ces reproches ne le concernent pas personnellement et ne rien prendre au sérieux. En outre, il sait que dans de nombreux cas, il se permettrait lui-même d’émettre de nombreux reproches envers son prochain, dont le contenu et la source pourtant ne sont pas toujours des plus fiables. Un tel comportement est symptomatique de ceux qui ne souhaitent pas changer ni faire des progrès. Un tel homme est verrouillé sur lui-même, il annihile non seulement les aspects positifs de sa personnalité mais met en exergue également ses insuffisances et ses défauts. Il devient la propre victime d’une histoire sans lendemains!
L’homme doit rester ce qu’il est intérieurement, au-delà de tous les changements qui l’affectent extérieurement, les rôles momentanés et négatifs que la société le contraint de jouer ! En clair, il existe une authenticité de l’être mais que les compromissions à faire à la société nous contraignent à renoncer. Ce que la vie recherche, c’est naturellement sa propre élévation, sa propre expansion intimement lié au bonheur. L’expansion de ce bonheur est le but même de sa manifestation et c’est dans la participation à la pleine expression de soi que nous éprouvons le bonheur. La vie s’aime elle-même en moi et elle cherche sa plus vaste formulation. Faire un retour sur soi n’est pas un acte stupide qui permet d’amplifier sa propre perception. La prise de conscience de soi encourage l’éveil, elle ne doit pas être seulement accidentelle, elle doit être un mouvement incessant. Tout homme est capable de réaliser des choses exceptionnelles, mais nul ne pourrait le faire de la même manière. La responsabilité qui nous incombe donc est de développer notre esprit singulier et d’éviter de passer à côté de ce qui sommeille en nous et n’attend que sa réalisation
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