VOUS POURRIEZ DIRE MERCI TOUT DE MEME !

by Rony Blog

« Notre père qui est aux Cieux, Rocher d’Israël et son Libérateur, bénis l’Etat d’Israël, début de notre Délivrance, protège-le. Etends sur lui Ta divine protection, et envoie Ta lumière à ses chefs, ses ministres, et ses conseillers. » (Extrait de la prière pour l’Etat d’Israël). Depuis la création de l’Etat d’Israël, cette prière inspirée par le grand écrivain Chmouel Agnon est récitée dans la plupart des synagogues tous les shabatot, et à plus forte raison, lors des solennités du Yom Ha’atsmaout : la journée célébrant l’Indépendance de l’Etat hébreu. Pourtant de très sérieuses réserves sont proférées dans certains milieux religieux quant à la nécessité de déclamer cette prière. En effet, pour ces milieux, il apparaîtrait totalement contradictoire, voire hypocrite, de prier en faveur d’un état qui, toujours selon eux, mènerait une politique allant à l’encontre des enseignements de la Torah, et portant préjudice à la terre d’Israël.
Ceux qui jugent que l’état est dans l’erreur devraient au contraire implorer avec plus de force et de ferveur, afin que l’Eternel accorde à ses gouvernants la sagesse nécessaire pour conduire à bien les affaires de l’Etat dans des conjonctures aussi délicates que complexes. Il nous faut apprendre la gratitude, de cette capacité d’aimer la vie au-delà des inévitables frustrations.

C’est l’art de savoir faire du positif, du plus, avec de l’inattendu. Voilà ce que j’attendais, voici ce qui est arrivé, je m’en réjouis. L’existence est faite de ces écarts entre nos attentes et les événements. Inutile d’espérer une franche symétrie entre les rêves et la réalité. Il en va de même dans les rapports humains, d’ailleurs: entre ce que je donne et ce que je reçois, entre mon intention et la perception qu’en a l’autre, il y a presque toujours un fossé. A nous de réussir à faire de notre réalité un rêve !
Mais dans ce mouvement de retour du peuple juif sur sa terre ancestrale, apparaît un thème qui nous est particulièrement précieux : celui de notre liberté. Notre hymne nationale le clame haut et fort : nous sommes désormais « un peuple libre sur notre terre ». Le rassemblement des « éparpillés » nous permet d’être affranchis sur notre Terre et de posséder un Etat ainsi qu’un pouvoir indépendant. L’homme a besoin d’avoir conscience du pire pour considérer le meilleur, ainsi, pour associer la liberté au bonheur, il faut avoir conscience du malheur également, qui, lui-même, peut être considéré comme une entrave au bonheur. Il en est de même pour accéder au monde intelligible : il faut avoir conscience de l’existence du monde sensible pour accéder aux idées pures. Ainsi, la conscience, par le fait que l’homme est son unique détenteur, peut aussi bien le rendre heureux, que malheureux.
Nous sommes donc maîtres de notre destin et, aujourd’hui, chaque juif possède le droit et même le devoir de venir vivre en Israël. Nous sommes les seuls décisionnaires pour le meilleur, mais aussi parfois pour le pire. Dans le dernier chapitre de la partie de son magistral ouvrage intitulée « Lois consacré au Messie », Maïmonide nous enseigne que : « La seule différence entre ce monde-ci et l’ère messianique sera la fin de notre asservissement aux nations ». Le début de l’ère messianique est donc marqué par l’abandon de l’asservissement d’Israël aux autres nations de la planète: c’est la liberté, même si parfois nous n’utilisons pas cette liberté à bon escient. Mais il reste une évidence : nous sommes libres, et c’est le grand privilège du peuple juif à l’époque messianique. Nous sommes heureux de posséder un Etat, même fait d’ombres et de lumières mêlées, c’est pourquoi dans cette prière officielle l’Etat d’Israël est apprécié comme le « début de notre délivrance ».
La gratitude suppose une responsabilisation face à sa propre existence: quelle est ma part dans ce qui arrive ? Nous sommes entrés dans l’ère des victimes, qui estiment que le bonheur leur est dû et qui exigent réparation si ce n’est pas le cas ! La croyance que nous méritons d’être par principe plus heureux nous empêche de remercier la vie pour ce qu’elle nous donne. Je perçois une sorte de rancœur, de ressentiment général. L’ingratitude ce n’est pas d’omettre de dire merci. C’est le refus de reconnaître le bien qui arrive dans notre vie. Reconnaître ce qui est bon fait partie d’une attitude réaliste qui permet aussi de reconnaître les blessures et les échecs : cela est nécessaire pour avancer.
Aussi devons-nous apprendre à nous réjouir de ce que nous avons déjà, au lieu de nous lamenter et de nous attrister de ce que nous n’avons pas encore. Nous possédons aujourd’hui un pays fort militairement, serein sur le plan économique et respecté dans la communauté des nations. De surcroît, jamais l’étude de la Torah n’a connu un tel essor depuis deux millénaires qu’en terre d’Israël, à présent. C’est pourquoi nous devons continuer à réciter la prière pour notre Etat avec beaucoup d’allégresse, reconnaissant par là-même que la reconstruction de la terre d’Israël est guidée par la Main divine.

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