Comme Moshé en son temps, la prophétesse Déborah cherche à rallier le peuple, elle convoque Barak auprès d’elle, à cet effet.
La première étape n’est pas de mobiliser la population, mais de créer un leadership. Son espoir est de déclencher un mouvement inspirant le peuple et l’amenant à prendre une initiative qui brisera sa passivité face à la pression et à l’oppression.
La prochaine étape est son appel au peuple à se mobiliser.
Deborah passe ainsi du leadership au public et examine la volonté d’Israël de participer à la campagne, lorsque l’autorité l’appelle.
Dans le récit de l’intrigue du chapitre 4, le verset parle uniquement du sacrifice des fils de Nephtali et de Zabulon, leur dévouement au salut du peuple. Comme le montre clairement “le poème de Deborah”, il n’y a pas que des héros ici, les gens sont divisés en deux groupes. Les volontaires de la nation, que Dieu les bénisse, et les fugitifs, les indécis qui ne sont pas venus. Comme il est écrit dans le poème, une grande colère gronde contre ceux qui ne sont pas venus. Déborah va de tribu en tribu et juge chacune d’elles, faisant une distinction antinomique et une comparaison entre chaque groupe et la situation parmi les Nations.
Le phénomène des tribus qui ne se sont pas mobilisées indique un double problème.
Le premier vient de la réticence à se battre. Ils préfèrent et désirent une vie facile et confortable aux dépens de la responsabilité nationale et de l’effort historique.
Le deuxième vient de l’indifférence à l’égard du sort de leurs frères, cela indique un tribalisme (individualisme) dur qui ne parvient pas à se fondre dans le sentiment d’un seul peuple.
« Moshé répondit aux enfants de Gad et à ceux de Ruben : “Quoi! Vos frères iraient au combat, et vous demeureriez ici ! Pourquoi voulez-vous décourager les enfants d’Israël de marcher vers le pays que leur a donné l’Éternel ?” (Bamidbar 32, 6-7) »
Si nous regardons de plus près, nous remarquerons que la plupart des tribus mentionnées comme absentes à l’appel n’appartiennent pas à la périphérie géographique. Elles vivent au-delà du Jourdain, ou sur la zone côtière, ne se sentent donc pas comme un seul et même peuple…Partie intégrante du destin de la nation tout entière.
Cependant, Déborah semble mettre davantage l’accent sur les considérations économiques et le confort du consommateur par rapport à la tribu de Ruben – et confirme ainsi les inquiétudes de Moshe, à l’époque, concernant les enfants de Gad et Ruben.
Deborah souligne le sentiment des habitants du bord de mer de ne pas appartenir au reste de la population. Il est important de souligner que la colère ne concerne pas seulement un réel manque de solidarité au vu du fardeau qui pèse sur leurs frères, mais leur absence met, aussi, en danger, le succès de la guerre et nécessite une forme d’affrontement différent de la part de Dieu. Dix mille personnes, c’est un nombre important, mais ce n’est pas assez. En Hébreu plus simple, la mobilisation du peuple n’est pas du tout impressionnante.
Lorsque Sisera convoque neuf cents chars de fer avec tout le peuple qui l’accompagne, Barak n’a aucune chance naturelle de l’emporter contre lui.
L’intrigue continue de se développer et présente un troisième modèle d’opposition, entre indifférence historique et activisme bienveillant.
Ce sont les actions de l’individu !
L’histoire de Yael met en lumière l’importance de l’individu en tant que véritable personnalité solidaire. Yael est membre de la famille de “Hever le kini”, un descendant de Jethro.
Cette famille représente l’indifférence à l’égard de l’Histoire dans toute sa force. Toute la région est en guerre pour l’existence.
Israël subit la pression des Cananéens qui se sentent menacés par ce peuple apparu soudainement et menaçant de le chasser du pays.
La situation politico-sécuritaire préoccupe tout le pays, atteignant un point d’ébullition dans la guerre, alors que les Kénites n’appartiennent à aucun camp.
La capacité de s’entendre avec les deux côtés, quand chacun a le sentiment que l’autre lui fait une terrible injustice historique, indique une fuite et un retrait du monde entier de l’action.
Si nous pensons à la Suisse, neutre alors que toute l’Europe est en flammes, ce que cette neutralité signifie en termes d’acceptation d’un régime oppressif, nous pouvons mieux comprendre le contexte dans lequel Yael a grandi.
L’histoire de Yael…
C’est l’histoire d’un individu. Elle se mobilise. Elle entend la voix intérieure qui l’appelle à briser l’indifférence environnementale et le manque d’initiative inhérent à l’homme par sa nature même, et à passer à l’action.
Sisera, le commandant des Cananéens, arrive dans sa tente avec la conviction claire que l’endroit est censé être un refuge sûr. Même dans cela, nous devrions apprendre jusqu’où Yael ira au-delà des limites attendues en matière de courage personnel. Elle tuera Sisera de ses propres mains!
C’est une personnalité exemplaire, elle est le sens et le but d’une réelle solidarité, du volontariat et du sacrifice. Elle devient l’héroïne de l’intrigue.
Au contraire, Barak, chef des Armées d’Israël, hésitait et refusait d’agir seul,
Yael va agir contre son environnement naturel, avec une détermination impressionnante ! C’est donc à elle que l’on doit la mort de l’oppresseur et la victoire finale !
De nombreuses personnes et organisations manifestent actuellement leur solidarité avec l’Ukraine. Elles suivent, ainsi, inconsciemment, les traces d’un des premiers moments de solidarité internationale, il y a 200 ans, de nombreuses personnes à travers l’Europe s’étaient solidarisées avec la Grèce, une petite nation qui luttait pour son droit à l’autodétermination.
La solidarité entre les classes ouvrières a été, temporairement, affaiblie par la Première Guerre mondiale et la fragmentation du mouvement ouvrier en socialistes, communistes et anarchistes. Mais, suite au coup d’État du général Franco en 1936, la guerre civile espagnole a galvanisé ce mouvement comme jamais auparavant !
Des comités de solidarité fondés principalement par des communistes, dans différents pays, ont été chargés de faire du travail de plaidoyer, mais aussi de collecter de l’argent, des armes et, plus tard, de l’aide humanitaire, en particulier pour les enfants réfugiés espagnols. Les partis communistes du monde entier ont également recruté des combattants volontaires, fondant les Brigades internationales pour lutter contre les partisans de Franco en Espagne.
La solidarité nécessite une combinaison d’enseignement, d’apprentissage et d’encouragement.
Je n’ai jamais rien vu de tel que la camaraderie entourant la mémoire historique des Brigades internationales en Espagne. Leur dévouement à leurs croyances en la justice sociale et à leur histoire personnelle est extraordinaire.
Une fois votre conscience sociale développée, généralement vous ne l’abandonnez pas.
À la fin des années 30, la cause de l’Espagne était au premier plan de leurs préoccupations.
Ils étaient ouverts à la donne et agissaient en conséquence. Cela a solidifié leur conscience sociale, sur les champs de bataille d’Espagne, d’une manière que nous avons du mal à comprendre aujourd’hui. Cet esprit est devenu contagieux ! Ainsi, ils ont transmis leur sens de la moralité à tous ceux d’entre nous qui ont été exposés à leur véritable solidarité, aujourd’hui la “ALYAH”!!
Ce sont des héros, de circonstance peut-être, mais cela fait penser que vous pourriez l’être aussi.
Au début des années 1930, un adolescent californien, Delmer Berg, a quitté son domicile pour travailler comme ouvrier agricole, pour le gîte et le couvert plus sept dollars par mois. Il s’est ensuite enrôlé dans l’armée américaine, empruntant de l’argent pour acheter le cirage de chaussures requis. Après sa démobilisation, Berg s’est installé à Los Angeles, où il a travaillé comme plongeur dans un hôtel et a rejoint la Ligue des jeunes communistes.
Fin 1937, il se porta volontaire pour ce qui allait être appelé la Brigade Abraham Lincoln, le contingent américain des Brigades internationales.
Entre 1936 et 1938, près de deux cents hommes et femmes, juifs, quittèrent la Palestine mandataire afin de rejoindre les Brigades internationales et défendre la République espagnole.
Comme communistes, la plupart des volontaires qui laisseront la Palestine pour aller combattre en Espagne tendaient à mettre l’accent sur la solidarité internationale de la classe ouvrière et sur des motivations universalistes similaires.
L’idée d’affirmer leur identité juive leur était étrangère.
Cependant, à la lecture de leurs lettres et de leurs témoignages, il apparaît clairement que leur identité ethnique, en tant que Juifs, a été certainement un facteur clé dans leur décision de risquer leur vie dans le fratricide espagnol.
Aujourd’hui, 200 ans après le mouvement d’indépendance grec, 90 ans après la guerre civile en Espagne, ce droit à la souveraineté d’Israël, comme pour l’Ukraine, est à nouveau menacé par l’invasion russe de l’Ukraine et le terrorisme islamiste mondial.
Aujourd’hui, pensez-vous possible une mobilisation de jeunes Occidentaux en faveur de l’État d’Israël, étranglé par un islamisme aux multiples tentacules ?
Comment être un homme en pleine possession de ses moyens et ne pas vouloir s’engager, corps et âme, dans la lutte et le combat pour sauver la liberté des mains de tous les radicalismes religieux, fanatiques et hégémoniques ?
Comment est-ce possible, pour cette jeunesse juive, européenne et américaine, ces hommes et femmes Juifs, de rester si médiocres, si minables, si éloignés de l’enjeu historique pour leur Peuple et leur Terre, si indifférents face à leurs frères et sœurs sous les drapeaux ?
Ceux-là se battent !
Ceux-là combattent, fiers, courageux, intrépides, volontaires, fourbus d’abnégation, porte-drapeaux du devenir d’Israël, fer de lance de l’être Hébreu ressuscité !!
Ils tombent au champ d’honneur des Hébreux retrouvés, de cet Israël prêt à tout pour mieux recouvrer sa Souveraineté et son Indépendance, physique et spirituelle. Parmi eux, ce sont tous ces immigrants, venus des quatre coins du monde, emplis d’idéal, de Foi et de résolution allant jusqu’au sacrifice suprême !
L’Hébraïsme retrouve ses lettres de noblesse, reprend ses titres ancestraux et laisse dans les catacombes de l’Histoire, ces Juifs à la “solidarite low-cost”, au libre arbitre pleutre, hypocrite et insignifiant au vu et su de l’Histoire qui s’écrit à chaque instant et dont ils sont les grands absents, les grands disparus !
L’assimilation a rogné leurs crocs et assourdi les battements de leur cœur ! Ils finiront, peut-être, on l’espère, par ouvrir les yeux et reconnaître, enfin, où se trouvent le nécessaire et l’essentiel. Redorez votre blason, juifs, et devenez enfin des Hébreux dignes de ce nom, poursuivons ensemble l’écriture de l’histoire d’Israël!