MANIFESTE CONTRE LA CHASSE A L’ISRAEL, SIONISTE, RELIGIEUX ET  SÉFARADE par Rony Akrich

by Rony Akrich
MANIFESTE CONTRE LA CHASSE A L’ISRAEL, SIONISTE, RELIGIEUX ET  SÉFARADE par Rony Akrich

On convoque aujourd’hui le Rav Yossef Zini, plus de quatre-vingts ans, pour des propos tenus il y a cinq ans. Un rabbin âgé, père du général David Zini, récemment nommé à la tête du Shin Bet, devient la cible d’un appareil qui n’a pas trouvé meilleure cause que d’humilier les anciens et de traquer la mémoire. Ce n’est pas une enquête : c’est une mise en scène. Ce n’est pas la justice : c’est une chasse. Une chasse au juif séfarade, religieux et sioniste, celui qui incarne la fidélité à Israël sans demander la permission.

Ce mépris ne date pas d’hier. Depuis les années 1950, les juifs venus du Maroc, du Yémen, d’Irak ou de Tunisie ont connu les humiliations des ma’abarot, ces camps de transit qui furent des épreuves collectives d’exil et d’assimilation forcée. On a voulu gommer leurs accents, faire taire leurs pratiques, effacer leurs rabbins. L’affaire des enfants yéménites disparus reste une cicatrice ouverte dans notre mémoire nationale: des familles privées de leurs enfants, des douleurs tenues dans l’ombre au nom d’une « modernité » importée.

Aujourd’hui, les procédés changent, mais l’intention demeure. On exhume d’anciennes phrases pour infliger la honte, on politise la morale, on instrumentalise la presse et la procédure pour délégitimer. La nomination du général David Zini au sommet du Shin Bet, fierté pour ceux qui croient en la souveraineté et la continuité nationale, devient pour d’autres un prétexte d’acharnement. On salit le père pour atteindre le fils ; on cherche à effacer tout ce qui rappelle que la moitié orientale du peuple d’Israël a sa place au cœur de l’État.

Ce qu’ils abhorrent, souvent sans l’avouer, c’est le sionisme religieux — ce souffle, parfois messianique, parfois simple fidélité à l’histoire biblique, qui a nourri la volonté de retour et de construction. Ce sionisme, partagé à des degrés divers par des laïcs et des croyants de la première heure, porte l’idée qu’Israël ne se réduit pas à une administration : c’est une mémoire vivante. Et face à ceux qui voudraient réduire l’État à une bureaucratie désincarnée ou à une morale d’importation, la voix séfarade apparaît comme une résistance culturelle et spirituelle insupportable à neutraliser.

Il faut nommer aussi les complicités. Il existe aujourd’hui une coalition objective : un appareil médiatico-judiciaire qui se croit le gardien de la Révolution morale, et des réseaux idéologiques— parfois qualifiés d’islamo-gauchistes, qui trouvent intérêt à instrumentaliser chaque scandale pour délégitimer Israël et ses défenseurs. Ensemble, ils font de la morale un outil d’exclusion. Ce n’est pas de la justice, c’est du dressage social.

Nous refusons ce retour des méthodes anciennes. Non à l’acharnement sur nos anciens. Non à la criminalisation de nos rabbins. Non à l’effacement d’une mémoire qui a nourri la résilience du peuple juif. Israël n’a pas été fondé pour reproduire, sur sa propre terre, les humiliations de l’Europe : il a été fondé pour rassembler, protéger et élever tous ses fils et filles — ceux d’Orient comme ceux d’Occident.

Et qu’il soit entendu, enfin, ceci : la victime n’est pas condamnée à demeurer victime. Elle peut se relever. Elle peut refuser l’humiliation, retracer son histoire, reprendre les rênes de son destin collectif et occuper les lieux de pouvoir avec dignité. Mais qu’on soit clair, reprendre le pouvoir n’est pas prendre la place de l’ancien bourreau. Ce redressement doit être un acte de restauration, non de vengeance: restaurer la dignité, réparer la mémoire, bâtir des institutions qui respectent la pluralité sans reproduire les torts subis. Être maître de son histoire ne signifie pas devenir auteur des mêmes sévices ; cela signifie faire de sa présence et de sa voix une pierre maîtresse de la nation, une garantie que ces humiliations ne se reproduiront plus.

Le Rav Yossef Zini n’est pas un simple justiciable : il est le visage d’une mémoire séfarade qui refuse de mourir. Son fils à la tête du Shin Bet est le signe que cette mémoire trouve désormais sa place au cœur de la souveraineté nationale. Aucune campagne médiatique, aucune manœuvre idéologique, aucune hypocrisie institutionnelle ne pourra effacer cette réalité.

Israël se tiendra debout.

Les séfarades ne se tairont pas.

Et quiconque s’acharne contre eux doit savoir qu’il touche à l’âme même du peuple d’Israël.

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