« CUCK » (cocu) est le quolibet Internet le plus révélateur de la pensée et du caractère de l’employeur et l’un des plus populaires ces dernières années aux USA.
Cuck a ses racines dans cocu, un terme remis au goût du jour américain pour désigner un homme dont la femme (blanche) aurait des relations sexuelles avec un autre homme (noir en général).
L’érotisme et les tensions raciales jouent sur les insécurités de l’homme blanc concernant ses « biens et propriétés » qui lui font de plus en plus défaut.
Vous comprenez pourquoi le terme de ‘cocu’ est l’insulte préférée de l’extrême droite raciste et instruite sur Internet!
Elle part du principe que les Blancs constituent une « race supérieure». Selon ces militants extrémistes, ils seraient condamnés à l’extinction face à l’augmentation de la population de couleur dans la société américaine. Outre le maintien de leurs privilèges aux Etats-Unis au détriment des autres, leur but assumé est la création d’un prétendu « Etat blanc ». Le slogan dit ‘des « 14 mots »’, inventé par David Lane, membre de l’organisation terroriste suprémaciste « The Order », illustre cette vision : « Nous devons sécuriser l’existence de notre peuple et un futur pour les enfants blancs. »
Ce dogme s’inspire largement du « racisme scientifique », pseudoscience qui pense déterminer des critères objectifs de supériorité de la « race blanche ».
Le Brexit, et la montée de Donald Trump, furent les joyaux d’une couronne d’incompréhensions délibérées, de politiques d’aboiements de chiens, d’opinions toxiques se faisant passer pour de « véritables préoccupations », de tactiques alarmistes, d’un sentiment que ceux qui contrôlaient autrefois les forces « néfastes ou injustes », et détenaient les rênes des pouvoirs, fourvoyaient le devenir blanc.
La vague d’égalité ou d’équité au cours des dernières décennies n’a pas tout à fait été le tsunami dont la droite se plaint, mais ce petit filet leur a suffi. Ils veulent dorénavant endiguer son flux. Après ce qui, dans le grand schéma des choses, n’a été que quelques secondes, sans être la voix la plus forte de la pièce, ils veulent soudainement faire entendre leur voix, et pour ce faire, ils doivent vous faire taire coûte que coûte.
Vous n’êtes pas d’accord pour dire que les choses sont « allées trop loin »?
Vous ne voulez pas suivre la résurrection de la race blanche?
Ils vous frapperont là où cela vous fera le plus mal, là où le ressenti sera douloureux à supporter.
Ils ne se soucient guère d’être traités de sexistes – comment pourraient-ils l’être?
Ils ont une femme! Ils ne se soucient guère des allégations selon lesquelles ils seraient racistes – comment pourraient-ils l’être?
Ils ont beaucoup d’amis noirs!
Les traiteriez-vous d’homophobes, de sexistes, d’antisémites…? Non-sens!
Ils se moquent de vous et de vos commérages car ils ont les moyens de vous faire ravaler votre salive!
Mais si jamais vous veniez remettre en question l’influence de leur masculinité, si vous suggériez, peut-être, que le monde ne leur appartient pas, qu’il est temps pour le gamin gâté de partager ses douceurs avec le reste de la classe, alors, ils réagiront.
Comme le tyran dans la cour de récréation, il retournera ses propres insécurités contre vous. Pour eux, être un ‘cocu’ est la pire chose au monde pour un blanc impétueux. Cela signifie être témoin de la transformation de ceux qu’ils aiment le plus par ceux qu’ils craignent le plus, l’homme noir aux commandes, ou du moins c’est ainsi que cela fonctionne dans leur tête.
Quand les gens de ‘l’alt-right’ traitent les conservateurs de « cuckservatives », ils formulent l’idée que « leur » pays, « leur » futur est confisqué par des politiques, et qu’ils se complaisent dans cette situation. ‘L’alt-right’ est, en majorité, composée d’hommes blancs, jeunes, inquiets pour leur masculinité, à qui on avait toujours dit qu’ils auraient tout ce qu’ils souhaitaient mais se rendent compte du contraire.
Ils en imputent la faute aux Noirs, aux musulmans, aux femmes…
Mais, comme tous les intimidateurs, ils veulent vraiment vous accuser de miner leur propre pouvoir et de défier leur suprématie. Ils vous prétendent faible et facile à conduire, une blague ou un lâche mais ils craignent vraiment que votre pensée libérale ne mette en lumière leurs propres faiblesses.
La marque marginale de conservatisme de Stephen K. Bannon fut soudainement au premier plan, après avoir été nommé stratège en chef à la Maison Blanche par Donald Trump. En tant que président de « Breitbart News », Bannon a transformé le site Web en, selon ses propres mots, la «plate-forme incontournable de « l’alt-right » une idéologie d’extrême droite qui promeut ce que beaucoup considèrent comme le nationalisme blanc, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, la transphobie et la misogynie.
Aujourd’hui, nous examinons la vision générale du monde de ‘l’alt-right’.
Mais comment pouvons-nous identifier ceux qui adhèrent à ces idéologies?
Comme tout mouvement, ‘l’alt-right’ a ses propres mots de code et argot. Voici quelques termes qu’ils utilisent et d’autres caractéristiques à surveiller:
Bêta: Les membres de ‘l’alt-right’ sont obsédés par la masculinité, la virilité, les rôles de genre et le concept d’hommes « alpha » et « bêta ». Les mâles alpha sont des leaders, comme Trump ; les mâles bêta sont décrits comme faibles et émasculés.
Crybaby, pleurnichard : toute personne qui n’est pas d’accord avec eux ou leur candidat préféré, en particulier les manifestants et les personnes qui se plaignent que ‘l’alt-right’ adopte le racisme et l’antisémitisme.
Cuckservative, cuck: Le terme « cuckservative » est originaire de ‘l’alt-right’. C’est un assemblage de « conservateur » et de « cocu » utilisé pour décrire certains républicains perçus comme émasculés ou « vendus ». Fréquemment abrégé en « cuck », le terme a fait l’objet d’un examen minutieux pour ses implications racistes.
Human biodiversity (Biodiversité humaine): Malgré le fait que beaucoup disent que le racisme est au cœur de sa plateforme, l’alt-right est très sensible au fait d’être traité de raciste. Ils utilisent le terme « biodiversité humaine » comme une manière plus scientifique de se référer aux questions de race.
Libtard (libéraux retard): L’alt-right se délecte du rejet du « politiquement correct », donc adopter un terme obsolète pour une personne ayant une déficience intellectuelle sert à insulter les libéraux.
Masculinist: un mot destiné à incarner le contraire de féministe, célébrant la « virilité » et la nature « héroïque » traditionnelle des hommes. Pour l’alt-right, les principes «masculinistes» sont ceux qui servent et défendent les hommes. Les critiques disent qu’ils renforcent principalement les rôles de genre archaïques.
Mèmes: Si ce mot désigne dans le langage « courant », l’ensemble des éléments qui constituent une identité culturelle, il a été adapté au monde du « world wide web ». Il s’agit sur la toile d’une expression, d’une image, d’un concept persistant dans une communauté virtuelle fixe, et qui a tendance, dans certains cas à se propager partout sur le net. L’alt-right moderne est né dans des lieux qui sont des plaques tournantes pour la création de ‘mêmes ‘. Leur création est toujours une pièce maîtresse du mouvement, L’alt-right est responsable de la classification du ‘même’ « Pepe the Frog » (Pepe la grenouille) comme symbole de haine.
Multiculturalisme (en tant que terme péjoratif): une composante majeure de la plate-forme alt-right est la suprématie blanche et le nationalisme. Le « multiculturalisme » est utilisé comme un terme négatif pour le mélange de plusieurs cultures, par opposition à la célébration de la supériorité supposée de la culture d’Europe occidentale. . Souvent utilisé comme raccourci pour les politiques qui profitent aux immigrants et aux personnes de couleur.
Néoréactionnaires : également connus sous le nom de « NRx » et de « Dark Enlightenment » (L’obscurité des Lumières). Un groupe de personnes qui appellent à éliminer tout autre chose que la pensée prétendument rationnelle, par opposition à une mentalité de « sentiments d’abord ». Ils prônent le libertarisme, les rôles de genre traditionnels et le néofascisme.
Political correctness (Politiquement correct): tout ce qui remet en question le droit d’une personne de droite à dire ce qu’elle veut, quand elle veut, de quelque manière que ce soit. Selon l’alt-right, le politiquement correct est responsable de la plupart des maux de la société, y compris le féminisme, le terrorisme islamique et les campus universitaires trop libéraux.
Snowflake (Flocon de neige): un terme péjoratif pour un ayant droit. La plupart des personnes qui protestent contre Trump sont des « flocons de neige », selon l’alt-right, tout comme les célébrités anti-Trump et la plupart des libéraux.
SJW (social justice warrior): Abréviation de « guerrier de la justice sociale », cette insulte est principalement réservée aux jeunes femmes qui essaient de défendre des idées libérales ou féministes.
White genocide (Génocide blanc): ce que de nombreux membres de la droite alternative considèrent comme la conclusion naturelle du libéralisme et des politiques pro-immigrés. L’alt-right considère à peu près tout ce qui profite aux non-blancs, en particulier ceux qui ne sont pas citoyens américains, comme un risque pour la blancheur et une étape sur la voie de l’éradication de la race blanche.
Il s’agit d’une idéologie au sens propre du terme, ayant créé sa contre-culture, ses propres références et grilles de compréhension du monde. Cette mouvance radicale est ancienne et a ses théoriciens, souvent des universitaires, d’ailleurs. Sa relative confidentialité est compensée par son usage d’Internet qui lui a permis de diffuser ses thèses au-delà des milieux restreints d’origines, avec un usage intensif des forums et la création de sites. En outre, elle est traduite, publiée et commentée par l’extrême droite européenne, et notamment française et de fait, nous sommes face à une extrême droite euro-américaine. L’émergence d’une contre-culture radicale occidentale dresse des ponts entre ces militants radicaux tant européens qu’américains, et pourrait bien contribuer à ce que les expériences idéologiques se radicalisent avec constance.
Rony Akrich