Pour saisir dans son authenticité la souveraineté divine sur l’Histoire, il faut l’appréhender dans la perspective des générations. Pour garder sa confiance en Dieu, il nous faut donc considérer les évènements dans une perspective d’ensemble. Le peuple juif qui a tellement souffert, naît dans le « creuset de fer » de l’esclavage en Egypte: d’une famille, il devient une nation et le peuple d’Egypte est frappé plaie après plaie.
On assiste ici à une rencontre complexe entre un déterminisme historique à l’échelle d’un peuple et la liberté humaine à l’échelle individuelle. Dans ce monde ci, il y aura toujours des « volontaires » pour être émissaires du mal ; mais inversement, lorsque Dieu décide que le temps est venu de délivrer le peuple juif, il se trouvera toujours des personnes pour aider au projet divin.
Le choix est donné à l’individu d’œuvrer pour le peuple juif, s’il esquive cette responsabilité, ce sera là un manquement grave. Il n’y a donc pas de contradiction entre le libre-arbitre de l’individu et la direction de l’Histoire voulue par Dieu. L’Histoire – en bien ou en mal – se fera par les uns ou par les autres. Il revient à l’homme de choisir s’il veut être un esclave du mal ou un messager de Dieu.
Les enfants d’Israël ont réalisé progressivement qu’ils n’étaient pas seulement une famille hébreu en Egypte, qu’ils n’étaient pas « des égyptiens de confession mosaïque », mais une nation particulière à part entière. Une telle révolution intérieure ne peut pas se faire en un jour.
Ce n’est pas en raison des mérites individuels, mais par suite de la nature intrinsèque et de la vocation historique des Hébreux que Dieu décidera de se créer un peuple particulier transcendant les péripéties de l’Histoire.
Toutes les nations de la terre montent sur la scène de l’Histoire, connaissent leur heure de gloire puis disparaissent, l’ange de la mort n’épargnant aucune d’entre elles. Seule, « l’éternité d’Israël ne mentira pas ni ne régressera » car le peuple est un peuple éternel, des forces métahistoriques, des forces divines, assurent cette survie « surnaturelle ».
Les plaies qui se sont abattues sur l’Egypte sont la conséquence de la création de la nation, cet avènement percute le monde et quiconque tente de gêner le projet divin en souffre. Rabbi Yoch’anan dit: « Malheur à la nation qui se trouvera lorsque Dieu est en train de sauver son peuple. Malheur à celui qui oserait interposer son vêtement entre le lion et la lionne lorsqu’ils s’accouplent » (Traité Sanhédrin p.6/a).
Ceux qui essayent d’empêcher la renaissance du peuple juif sur sa terre, de gêner le cours du projet divin, payeront cher cette entrave à l’espérance des peuples, il s’agit là d’un élan irrésistible que nul ne saurait briser. Ceci s’applique aujourd’hui comme jadis aux nations qui nous entourent, et s’adresse également à chaque juif qui, s’il le veut, peut choisir d’être le témoin passif, le spectateur de son Histoire ou bien participer activement, être l’acteur et devenir ainsi l’associé de Dieu » dans l’œuvre de la délivrance. Devenir le sujet de l’Eternel et refuser d’être l’objet des hommes !
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