Nombre d’enseignants tentent inlassablement de trouver des moyens pour alléger le joug des études. Ils sont souvent persuadés qu’en permettant aux étudiants d’acquérir une certaine quantité de connaissances et ce, de manière simplifiée, c’est à dire sans efforts «outranciers», ils seraient bénis de D.ieu.
Cependant, le bénéfice d’une telle approche reste douteux, car la connaissance doit être fondée et évaluée sur la qualité du savoir, la compréhension profonde et l’application frénétique de la connaissance dans différents domaines. Ceci est aussi vrai lorsque l’on traite des écrits Toraniques, ces derniers devant laisser une empreinte indélébile sur l’élève en matière d’éthique, de comportement, de fidélité et de confiance envers l’Éternel Créateur.
Pour aboutir à de tels objectifs, il est nécessaire d’acquérir des connaissances grâce, non point à des «techniques» favorisant une ingestion de la matière, mais bien sûr l’exigence d’un dur labeur intellectuel. Cet effort de réflexion, d’analyse nourrit et révèle les excellentes aptitudes de l’être humain à aimer l’intelligence, la sainteté des choses et à un dévouement total au savoir et à la raison.
En revanche, ce qui est obtenu sans peine restera extérieur à l’âme de la personne, figé et n’ayant que peu d’impact sur l’acte et la morale.
Lorsque dans une salle, la tension de l’esprit est prompte à la découverte et l’ambiance s’émeut de la passion d’apprendre, les visages s’embrasent d’une lumière incandescente.
Voici un exercice sortant de l’ordinaire qu’il ne faut guère négliger : savoir préserver cette sollicitude de l’intelligent. Si l’esprit est interpellé par l’équivoque, il conserve malgré tout un lien étroit avec l’émulation de la connaissance au travers du visuel. Un être réfléchi est pourvu d’une énorme capacité d’entendement, inséparable d’une nécessaire attention, cette rencontre-là génère en lui un incroyable à propos d’interrogations.
Ainsi devient-il foncièrement libre de toute emprise et de tout pouvoir, une conscience intelligente devenue sa propre lumière.
Il possède une sensibilité capable d’identifier la vérité et de mettre à l’écart le mensonge, il sait apprécier les nuances du clair et de l’obscur là où la lumière intérieure se manifeste avec certitude.
Jamais, on ne dira de lui: sa rencontre avec l’expression fut le fruit d’un allant naturel où la difficulté n’apparut que très rarement.
Bien au contraire, cela sollicita de sa part une patience, un souffle retenu pour une si longue marche vers l’exploration du savoir. Le substantiel demeurant sa lucidité quant à la juste question, son appétence, son désir de se nourrir, sa faculté à manifester un ébahissement infantile face à un paraître naturel pour le commun des mortels.
Dès l’instant où ces valeurs se raniment, dès l’instant où l’on interpelle l’esprit, l’instruction se poursuit normalement, sans entrave.
Il faut enseigner l’ensemble de ces points à nos chers enseignants, c’est essentiel sinon primordial. Ils doivent s’assurer de ne jamais freiner l’épanouissement pure et franc de l’intelligence.
L’échange ne doit pas être détourné de sa finalité, déraper vers une maîtrise de la pensée conçue comme dominante, une domination érigée sur l’érudition, le prestige ou le seul ascendant. Sous les arcanes de l’inconnu et des méandres de l’existence, face aux torsades de la vie, nous vivons dans l’indigence de nos manques et de nos absences. Aucune herméneutique absolue, d’aucun ne pouvant affirmer, ici et maintenant, la totale vérité. Il existe là un argument sans appel, il faut donc encourager le corps enseignant à soutenir l’idée d’un univers de silence où il sera permis de s’épancher dans le dialogue et profiter de la question.
Nous voilà tous devenus maitres émérites, experts en la matière et c’est assurément sur la vitalité, mais surtout sur la passion de l’étude que se conçoit le véritable échange.
Apprécions l’écriture, le verbe un tant soit peu sérieux et entendons la page ou le feuillet, il s’y trouve une somme de travail énorme, une quête incessante de savoir et de connaissance. L’artisan de cet ouvrage s’est vu conduit par-delà les chemins sinueux du travail, vers les étendues fleuries et enluminées de la vision savante qu’il se risque à vouloir nous faire contempler.
Le terme «études» est d’une modestie sans nom, il n’a guère d’exigence absolue, guère d’ambition pour un cloisonnement conformiste, une unique vérité mise sur le présentoir du savoir global.
Ah le bel ouvrage ! C’est une œuvre pour son auteur, une œuvre qui nous projette au sein de nouveaux sons et de nouvelles lumières, elle déplace les notes vers un unisson plus harmonieux, les lueurs vers d’autres clartés.
Soudain cette vision s’éclaire et permet d’apprécier l’étendue de l’insoupçonné. Une juste leçon offre des paysages et n’exempte nul être de s’y promener. Le dessein de notre Histoire nous sera à jamais accordé lorsque nous nous engagerons à le vouloir sincèrement à devenir nos propres maitres et auteurs car nul autre que nous n’est attendu par Monsieur le Monde.
La raison comme le cœur sont nôtres, inévitablement nôtres.
Rony Akrich