L’apparition de femmes israéliennes, seins nus, lors de ces dernières manifestations de protestation, ressemble certes à une provocation bon marché! La vue des seins attire, sans aucun doute, les caméras et les photographes à tous les festivals internationaux mais, sûrement pas, pour délivrer un message politique élaboré, crédible et compréhensible. Malheureusement pour elles, les manifestantes sont beaucoup plus regardées et beaucoup moins entendues, vous l’auriez deviné seul. Elles stimulent la légèreté masculine pour qui, en général, la « femelle » porte le titre d’objet sexuel. Ce faisant, elles trahissent et nuisent à la lutte féministe. La nudité, comme vitrine des luttes politiques, ne traverse pas l’écran. Il s’agit là plus d’un mouvement incitant et effronté attirant surtout le voyeurisme, que d’un examen de conscience. Soutenir ce type d’activisme signifie, à mon avis, agir contre le féminisme et contre les intelligences collectives. Quelques seins et quelques tweets ne suffiront pas à changer le statut social, économique et religieux des femmes en Israël. Leurs actions perturbent l’entreprise de justice sociale! Elles transforment le féminisme en une caricature de lui-même, consolidant ainsi les tensions sociales et radicalisant les positions publiques. Elles sont vraiment de « généreuses et charmantes partisanes » de l’image suave des paraître. Je suis désolé de constater derrière ces seins énormément de slogans et très peu de suggestions afin de mieux promouvoir les sujets de revendication. Faire valoir sa poitrine nue pour atteindre l’égalité des sexes est un non-sens et une antinomie ! Il s’agit d’une régression des luttes féministes menées depuis les années 1970. Ce spectacle affligeant laissera dans les mémoires, entre la dépoitraillée et la manifestante, des seins nus procéduriers. L’adoration de la femme objet s’en trouve renforcée, une sexualité exposée, offerte aux bonnes grâces de ces mâles avides de fantasmes. La souveraineté sur le corps et l’autonomie sexuelle ont été acquises par nombres de luttes féministes compliquées. Comment permettre la violation des acquis et transformer l’idéal en une exposition sexuelle aux prétendues vertus politiques ? La meilleure façon de soutenir les luttes féminines, c’est avant tout de les éloigner de l’idéologie politique, seulement rebelle et négativiste. La lutte de classe, de genre et d’identité dans laquelle on a voulu l’assimiler, doit cesser, il faut dorénavant, présenter un manifeste public des droits de la femme et de la citoyenne. Ainsi, sous le dais nuptial remariés, au vu et su de tous et de toutes, au même sein, un patriarcat mis à nu auprès d’un matriarcat revêtu.