Restaurons-nous !

by Rony Blog

Quelle est donc la signification de ces sacrifices ? Remarquons tout d’abord que tous les sacrifices offerts au Temple sont constitués par de la nourriture. La nourriture est effectivement un problème central de l’existence humaine. Dieu aurait pu créer un être qui n’ait pas besoin de se nourrir, mais il a voulu cette nécessité et cette dépendance. Globalement, ce problème est à l’origine des grands conflits de l’histoire humaine, qu’ils soient d’ordre économique, social ou moral, engendrant de ce fait, nombre de guerres.
Mais avant tout, la nourriture assume une fonction essentielle: celle de continuer « par délégation » la création de l’homme. Dieu a créé l’homme de telle manière que pour survivre, il a besoin de se nourrir. La nourriture est un émissaire de Dieu d’un niveau infiniment plus bas que l’homme lui-même puisque celui-ci est doué d’intelligence et de conscience, mais sous d’autres aspects, il est d’un degré supérieur puisque la survie de l’homme dépend de cette nourriture. La nourriture en elle même est une donnée « évidente » de notre existence. Cette nécessité est cependant une interpellation constante de la condition humaine, en mangeant l’individu sauve sa vie et continue ainsi la création.
 Or, il n’est pas de plus grande mitsva que de sauver la vie, sauver celle des autres ou sauver la sienne.
Maïmonide utilise une image très forte: celui qui dans l’acte de manger n’est guidé que par le plaisir des sens, est « comme un chien et comme un âne » car il mange pour manger, toutes sortes de nourritures plaisantes à ses papilles gustatives, mais qui abîment systématiquement son organisme. L’homme n’est pas le prolongement de son tube digestif
Rabbi Moshé Haïm Luzzato affirme que la Sainteté, ne consiste pas à se priver des activités terrestres, ni même de s’astreindre à une « abstinence mesurée », mais bien de veiller à l’accomplissement de toutes ses fonctions physiques en donnant à son corps ce qui lui est nécessaire pour accomplir un service divin.
Ce regard essentiel sur les fonctions du corps s’est généralement perdu. L’acte de la nourriture s’est transformé en un culte gastronomique ­ce que Maïmonide appelle vivre « comme un chien ou comme un âne ». L’Avare de Molière disait qu’il fallait manger pour vivre et non vivre pour manger, vérité qui procède pourtant d’une intention bien différente de la sienne.
J’ai toujours été fasciné d’observer une famille se mettre à table. Très vite, je découvris que notre manière d’être avec la nourriture parlait de notre manière d’être dans la vie. La place que nous occupons à table ne parle-t-elle pas également de la place que nous prenons timidement ou franchement dans notre vie ? Il y a ensuite des personnes qui « gobent » tout, comme dans leur vie, d’autres n’ont plus de goût à rien … d’autres encore trient leur assiette en commençant par ce qu’elles n’aiment pas pour terminer par ce qu’elles préfèrent ; certaines font l’inverse … n’avez-vous jamais rencontré des personnes qui piquent régulièrement dans les assiettes des autres ? Que dire des personnes qui laissent toujours quelque chose dans leur assiette ?
Ces observations amusantes nous éclairent sur la manière dont la personne est en relation … avec elle-même, les autres, et sa vie …
Le mot « restauration » fait également référence à l’antiquaire qui enlève les couches superficielles d’un vieux meuble pour parvenir à l’essence, à l’identité, et en révèle finalement la beauté naturelle.
Car au bout du compte, c’est bien de cela qu’il s’agit : retrouver l’image divine dans la beauté immanente qui réside en chacun de nous.

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