Mais en même temps, se cache dans notre Haftara et dans les chapitres qui suivront une ironie amère. Des termes sortis tout droit de l’univers concentrationnaire égyptien apparaissent soudain pour décrire le prix que le peuple fut forcé à payer afin de bâtir l’Empire de Salomon en général et le Temple de Jérusalem en particulier. L’expression « nosssé sabal » (5,29) utilisée pour désigner les 70000 travailleurs de force que Salomon employa à la construction du Temple ne rappelle-t-elle pas le « vayar besivlotam » de Moise constatant pour la première fois la souffrance de ses frères opprimés (Chemot 2,11) ? Les 3300 gardiens nommés par le roi pour veiller au bon déroulement des travaux ne sont-ils pas appelés « harodim baam » (5,30), les ‘oppresseurs du peuple’, reprenant ainsi l’expression utilisée pour interdire de maltraiter les esclaves dans le chapitre 25 de Vayikra (versets 43, 46 et 53)? Plus tard n’apprendra-t-on pas que Salomon avait fait construire de gigantesques entrepôts, « aré miskenot » (Rois I, 9, 19), exactement comme Pharaon avant lui (Chemot 1,11) ? Ne possèdent-ils pas tous deux (Chemot 14, 9 et Rois I 9,19) une multitude de chars (« rekhev ») et de cavaliers (« parachim »)? Et surtout, en dressant le bilan du règne de Salomon, le peuple s’adressant à son fils Rehavam , n’utilise-t-il pas (12,4) l’expression « avoda kasha » (durs travaux), pourtant consacrée à l’esclavage des hébreux en Egypte (Chemot 1,14)? Elie kling