A TOUS ET TOUTES MOADIM LE SIMH’A
Sept. 2020 / Tichri 5781
Notre histoire expose l’homme, nu, face à la tragédie existentielle, nous traitons le mystère et l’injustice de la souffrance, trop souvent affublés d’illusions, nous laissant guider par la rumeur, payant un lourd tribut pour notre négligence. C’est à la fois l’histoire de la cécité collective et un plaidoyer pour la redécouverte du bien commun. On peut tirer une grande leçon démocratique de l’épidémie. La disproportion signifie la panique, la colère, l’égoïsme, l’expression juste, en revanche, signifie rester maître de ses instincts, prendre des risques pour les autres, se donner corps et âme pour eux. La moralité admet cependant que la lucidité la plus performante se produit au moment où une personne reconnaît le « Corona » comme une réalité si évidente que toute objection lui deviendrait impossible. Face au mal, les combattants de l’épidémie ne cherchent pas à se soustraire à leur responsabilité envers les autres; ils essaient par tous les moyens de soulager la personne, et sinon de la sauver, du moins lui faire le moins de mal possible et parfois même lui causer du bien. La responsabilité devant l’autre est infinie tant que l’individu ne la choisit pas mais s’y engage pleinement. Celle-ci donne un sens à soi, une finalité au sujet. De même, la vocation de l’homme découle de son refus, de près ou de loin, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, de tuer ou de justifier le meurtre. Les êtres humains comprennent-ils que se refuser à leur propre responsabilité signifie y perdre leur humanité. Si nous acceptons, sans doute aucun, que toute l’humanité soit porteuse du virus, en conséquence, la lutte contre le mal ne se terminera jamais. À la lumière de notre perception du devoir humain, nous devrions, ainsi, nous rebeller contre la terreur de la maladie, résistés, comme les héros, les combattants de la liberté, nous devrions nous battre, désespérément, même sans armes, contre tous les maux et toutes les tyrannies. Comme le prétendent nos épidémiologistes, le virus ne mourra jamais et devra être constamment combattu.
En ce sens, les êtres humains portent en leur sein les signes naturels de l’empathie pour autrui. Le visage de l’autre nous rappelle notre responsabilité, car nous sommes frères, la rencontre avec l’autre nous oblige au devoir de ne jamais le laisser seul dans sa souffrance. De même, notre existence face au « Corona » ou l’étoile jaune est un puissant appel à ne pas abandonner les autres à leur sort. Même si l’engagement social est affaibli par la peur, l’infection et le confinement, il doit nous permettre de surmonter nos craintes et de nous mobiliser dans la lutte contre le mal, car la réalité ne peut nous absoudre de notre responsabilité. Les exigences éthiques des combattants de la pandémie ne proviennent pas d’eux-mêmes, mais de cet autre, de son corps taché, marqué, brisé, vaincu par la maladie. Ainsi, voulons nous insuffler dans le paysage humain le concept de devoir, fondé sur la notion de responsabilité éternelle, selon laquelle l’homme ne sera jamais libre tant qu’il restera un autre combat à gagner.
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