La mosaique des Hebreux

by Rony Blog


« Tous ceux-là sont les douze tribus d’Israël, et c’est là ce que leur père leur dit et il les bénit, chacun d’après sa bénédiction propre, il les bénit » (Genèse, XLIX, 28).
A l’époque des Juges, chaque tribu mènera une vie autonome et même totalement indépendante, chacune protégé par sa « police privée ». A cette époque, on remarquera que lorsque la patrie était en danger, certaines tribus acceptaient de partir en guerre contre l’ennemi, tandis que d’autres ne se sentaient pas concernées par la menace pesant aux frontières. Pour Jacob, il est tout à fait inutile de vouloir masquer la réalité : les êtres humains sont fondamentalement différents les uns des autres, tant au plan physique, moral que spirituel. « Leurs visages sont différents ainsi que leurs tempéraments, leurs pensées et leurs idéaux. »
L’unité ne consiste pas à créer des êtres tous calqués les uns sur les autres, semblables dans leurs opinions et leurs aspirations, comme le prétendait Huxley dans son Meilleur des Mondes. Ce que cet auteur décrit justement, ce n’est pas « le meilleur des mondes » mais un véritable enfer où, pour éviter la moindre friction, les êtres humains sont absolument identiques.
Bien que D…ait créé l’humanité à partir d’un seul homme, l’Eternel parvient à donner à chaque être humain sa spécificité. Jacob compris qu’il en était de même pour les douze tribus qui devront représenter les différents courants de la nation Juive.
le rav Abraham Itshak Hacohen Kook explique que précisément, la paix entre les êtres n’implique pas leur similitude. Selon lui, la paix, c’est avant tout le respect de la spécificité de chacun: c’est accepter que notre prochain puisse être « proche » sans toutefois être « le même ». la paix devenant alors la résultante d’une multiplication des nuances, tout comme l’harmonie des couleurs permet l’apparition d’une lumière blanche et limpide (voir Olat Reiya).
 Reuven n’est pas Shimon, et Yehouda n’est pas Joseph. Ce point de départ de l’histoire hébraïque est absolument incontournable, et si ces spécificités ne vont pas manquer d’entraîner plus tard des conflits, ce sera la preuve même de la vitalité du peuple d’Israël.
Aujourd’hui aucun d’entre nous ne serait capable d’affirmer s’il descend de la tribu de Reuven ou de celle de Naftali, à l’exception bien sur des Lévites et de la sous-tribu des Cohanim. Cette carence a été voulue par la Providence divine, les dissensions intérieures avaient déchiré le peuple. Il était nécessaire de gommer les spécificités de chacune des tribus, et d’œuvrer avant tout pour la restauration complète de l’unité de la nation. Ce n’est que lorsque nous serons guéris de ces déchirures que nous pourrons retrouver, avec toute leur profondeur, nos traits de caractère spécifiques.
De même que le peuple juif appartient naturellement à la terre d’Israël, chaque tribu, nantie de ses vertus propres, entretient des relations particulières avec une certaine région d’Eretz Israël.
Nous devons comprendre que le temps est à l’unité et à l’amour, et non aux divisions et à la haine: n’en va-t-il pas de notre propre survie? Nous devons reconnaître que ce qui nous réunit est infiniment plus grand et important que ce qui nous sépare.
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