La manipulation des masses est apparue dès que l’homme dans son histoire fut capable de se composer en communautés hiérarchisés et d’utilités différentes.
Les responsables cherchant à accroître et à conserver leurs pouvoirs, manœuvraient les masses crédules et ce afin d’entretenir leurs intérêts et leurs ambitions.
Une des tournures usuelles de ce procédé manipulatoire est de corrompre le comportement d’un objectif désigné en changeant sa perception du réel.
Le résultat à atteindre étant toujours de maintenir une solide emprise sur l’objectif par une situation de dépendance psychologique et matérielle.
Ces « princes » d’Israël, ces « sommités » spirituelles se revendiquent comme porte-parole d’une tourbe humaine, nouvellement libre. Leur pouvoir de domination s’avance masqué, il prend l’aspect plus ou moins trompeur d’une des formes du pouvoir gouvernant. Ce dernier type de pouvoir est l’idéal régulateur indispensable de la vie politique, ils doivent apprendre à l’exploiter, ils doivent en permanence s’y référer dans leurs discours. L’intérêt supérieur de la nation, du peuple, de l’entreprise sont censés commander leurs décisions et leurs actions, même et surtout lorsqu’ils font usage de la force, de la menace ou de l’exclusion.
La stabilité des institutions est affaire de pouvoir de persuasion accompagné de fermeté; la persuasion joue sur les motivations des individus en les détournant, voire en les corrompant, dès lors qu’elle prétend les asservir à des fins de domination. Or seule la vérité est libératrice car elle seule rend possible une action visant à transformer le réel selon des fins lucidement évaluées. Le mensonge, le faux-semblant, les leurres mettent en scène des fantasmes, plus ou moins inconscients; en les présentant comme réalisables à la condition de se plier aux ordres de celui qui détient le pouvoir ou y prétend. Ce ne sont, à la longue, que des manipulations décevantes qui à coup d’illusions préparent la désillusion, la démotivation, ou pire, la haine de soi et des autres si ce n’est la violence.
Les limites du pouvoir rationnel découlent de son caractère autocratique: il s’arroge le monopole de l’ordre de la raison contre le désordre des passions. La raison, dans toute décision, est constamment entrelacée de désirs à la signification et à la valeur ambiguës chez les dirigeants, comme, sinon plus que, chez les dirigés.
Les gouvernants, en prétendant diriger au nom de la raison et non pas au nom des dirigés eux-mêmes, d’une part dépossèdent ceux-ci de leur propre faculté de délibération rationnelle. Ils réduisent les individus à n’être que des citoyens passifs, incapables de mettre en œuvre les signes suffisants de la reconnaissance de soi, ce qui rend leur consentement problématique quel que soit la validité objective des décisions prises. D’autre part, ils les rendent incapables de s’améliorer par eux-mêmes en leur refusant de prendre conscience sur la base de l’expérience de la décision et de l’action politique de leurs erreurs et des moyens de les corriger. Ainsi, nos princes peuvent-ils s’octroyer le droit de dénigrer et de contrecarrer le projet divin.